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Désordres de grandeur

Vous avez bien lu. Ce n'est pas un pluriel raté par inadvertance ou inattention.


Rémy Mahoudeaux
Rémy Mahoudeaux
Le Monde a publié le 17 décembre sous la plume de Marie Charrel (1) les résultats d'une étude d'AlphaValue sur les dérivés en circulation dans le monde, qui ont « retrouvé » leur niveau de 2008. Soit 693 000 Mrd. de $ de notionnel. Ou encore 10 fois le PIB mondial.

Les montants de notionnels de dérivés inscrits aux bilans des 3 principales banques françaises sont, en Mrd. d'€uros de 48 300 (BNP Paribas) de 19 200 (Société Générale) et 16 800 (Crédit Agricole). Soit respectivement 24, 10 et 8 fois le PIB Français. Ce PIB qui représente la création de richesse de toute une nation pendant une année. Voila voilà.

Donc nous avons la France, dont le patrimoine des ménages, des entreprises et de l'état a été estimé à 12 500 Mrd. d'€uros (2) soit 6 fois le PIB et qui pour assumer toutes ses fonctions régaliennes (justice défense diplomatie éducation santé etc …) dispose d'une « base taxable annuelle » de 2 000 Mrd. d'€uros. De plus il assure (au sens du transfert de risques que l'état prend à sa charge en cas de sinistre) des banques qui certes participent au financement de l'économie, et ce à hauteur de 42 fois le PIB pour les seules 3 premières banques, ou encore 6,7 fois le patrimoine total du pays. Même si le sinistre maximum possible en cas de crash financier majeur n'est pas nécessairement aussi élevé que tout le notionnel de ces dérivés, ces ordres de grandeur me choquent, et je ne suis pas sûr que Solvency serait satisfait.

Petit flash-back : lors des discussions autour de l'adoption de la loi Moscovici de (non-)séparation des banques, il était évoqué un cantonnement de 1 % de l'activité des dites banques pour mettre les activités purement spéculatives hors du périmètre que l'état acceptait de garantir. Désolé, mais je ne fais pas le « passage » entre 42 fois le PIB en notionnel de dérivés et ce 1 % de l'activité : je ne suis sans doute pas un lecteur assez attentif ni assez instruit en matière de bilans bancaires. Si quelqu'un a une idée pour mettre en une perspective cohérente ces deux grandeurs, qu'il n'hésite pas à l'indiquer en commentaires.

Pardonnez l'outrecuidance du pauvre financier d'entreprise qui ne comprend sans doute rien à la finance de marché, mais je crois que Warren Buffet a raison (3), même si ce n'est pas exactement son sujet : les armes de destructions ne sont pas planquées dans les arsenaux d'un quelconque pays hors contrôle, elle sont dans les bilans des banques respectables de pays bien propres sur eux, elles sont dans le refus de leurs régaliens régulateurs de les neutraliser.

L'épée de Damoclès est au-dessus de nous, joyeux contribuables que nous sommes, et la tension qu'elle exerce sur le crin du cheval de Denys de Syracuse saura un jour provoquer sa rupture ! Que cela ne vous coupe pas l'appétit pour les folles agapes de saison qui nous attendent.

(1) www.lemonde.fr/economie/article/2013/12/17/les-produits-derives-depassent-leur-niveau-d-avant-crise_4335868_3234.html
(2) www.lefigaro.fr/patrimoine/2009/03/17/05001-20090317ARTFIG00252-la-valeur-de-la-france-est-estimee-a-12513milliards-d-euros-.php
(3) www.cnbc.com/id/101115408

Rémy Mahoudeaux
Managing Director, RemSyx
boss <at> remsyx <dot> com
twitter : @remseeks
 
 


Vendredi 20 Décembre 2013




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