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Davos, la Mondialisation, et la France,

Davos est décidemment un rendez-vous incontournable. Non pas forcément qu’il s’y passe des événements importants, que les décideurs de ce monde prennent des mesures adéquates, soient toujours à la hauteur de la situation, ou encore que les débats soient tous de qualité, mais parce que la célèbre station de ski suisse constitue le baromètre annuel des courants de pensée, et des états d’âme, relatifs à la mondialisation.


Constant Calvo
Constant Calvo
Les promondialistes, les antimondialistes et les altermondialistes on été particulièrement à la fête cette année, d’autant que la crise économique et financière vient bousculer tous les dogmes et toutes les idées. Aménager la mondialisation, corriger la mondialisation, procéder à des ajustements, réguler la mondialisation, réorganiser la mondialisation, c’est tout un lexique auquel nous avons droit, lequel ne cesse de s’enrichir de nuances et de subtilités sémantiques et intellectuelles. Et, d’abord, qu’est-ce que la mondialisation ? Sur ce terme-là même, sur ce concept, sur ses fondements théoriques, il est difficile sinon impossible de trouver un consensus.
Quand a-t-elle commencé ? Serait-ce avec l’invention de l’imprimerie au XIV siècle par Gutenberg comme le prétendent certains ? Ou avec l’arrivée des nouvelles technologies de l’information comme l’affirment d’autres ? Ou encore avec la création des premières routes commerciales, c'est-à-dire les échanges commerciaux sur de longues distances aux environs du IIIe millénaire av. J.-C. ? On le voit, il en est de la mondialisation comme de la création de l’univers. Plus on avance dans l’histoire de l’humanité, et plus on recule la date supposée de sa naissance. Quel chercheur viendra nous révéler qu’elle a commencé avec le big bang … ?

A Davos, lors de ce 39ème forum économique mondial qui s’est clôturé le 1er février 2009, il y a une chose à propos de laquelle tout le monde, ou presque, semble être tombé d’accord, c’est que la mondialisation a du plomb dans l’aile. La crise aura réussi le miracle de réconcilier les points de vue les plus éloignés et les plus antagonistes. Difficile par les temps qui courent de rencontrer de l’enthousiasme, ou quelqu’un pour tenter de la défendre. Pessimisme et scepticisme sont de mise. Où sont les déclarations enflammées des débuts ?

Quant à nous français, la crise économique et financière qualifiée par beaucoup de crise du capitalisme est, paradoxalement, de nature à nous rassurer, à conforter notre méfiance légendaire, voire notre inflexible opposition au processus de mondialisation. Elle nous donne des arguments inespérés pour continuer de la refuser et pour la combattre. « On vous avez bien prévenus ! ». Le fier peuple gaulois n’est-il pas connu pour son caractère trempé, sa détermination, son courage et sa résistance à toute épreuve ?

Les résultats de la dernière enquête du Cabinet de Conseil PricewaterhouseCoopers, réalisée entre novembre et novembre 2008, auprès de 1075 CEO du monde entier, viennent confirmer cette réputation. L’enseignement majeur de cette enquête est d’enregistrer la chute de confiance des patrons du monde entier, puisqu’ils sont seulement 21% à se déclarer très confiants quant à la croissance, contre 50% l’année précédente ; et il s’avère que ce sont les patrons français – cocorico ! - qui remportent la palme, car ce sont eux qui affichent le pessimisme le plus important ; ils ne sont en effet que 5% à se déclarer très confiants sur les perspectives de croissance.

Une autre enquête, 100% française celle-là, réalisée par l’IFOP auprès des cadres français, nous apporte un éclairage sur l’aversion que notre pays éprouve à l’endroit de la mondialisation, où on apprend que 60% d’entre eux déclarent se sentir mal à l’aise lorsqu’ils sont confrontés à une situation dans laquelle ils doivent communiquer dans une langue étrangère. Ce chiffre seul suffit à illustrer non seulement l’inquiétude, mais aussi et surtout la vaine résistance culturelle française.

L’imaginaire français a inventé le personnage d’Astérix afin que les français se consolent de la perte de la domination de leur culture, de leurs valeurs, et de leur langue, au profit de l’hégémonie culturelle américaine et de la langue anglaise ; de la même manière, que l’imaginaire britannique a créé le personnage de James Bond, afin que les britanniques surmontent leur sentiment d’humiliation consécutif au déclin de leur empire.

Au-delà des difficultés linguistiques de nos cadres et le pessimisme de nos dirigeants, mais plus généralement de nos concitoyens, on constate dans notre pays un immense déficit de culture internationale, sans laquelle nous ne pourrions pas nous épanouir et trouver notre place. Qu’on le veuille ou non, nous vivons dans un environnement interculturel.

Il n’est pas inutile de se remettre en mémoire le mot fameux de Galilée, face à l’ignorance et au fanatisme de ses persécuteurs de l’Eglise romaine, défenseurs acharnés et aveugles du géocentrisme selon lequel la Terre est immobile et située au centre de l’univers, qui le sommaient d’abjurer la théorie de l’héliocentrisme élaborée par Copernic : « Et pourtant elle tourne ».

On aurait tort de se bercer d’illusions ; et il serait vain d’espérer que la mondialisation s’arrête ou même ralentisse, crise ou pas, même si elle nous donne parfois le vertige. La mondialisation est là pour durer, voire s’accélérer. L’ethnocentrisme quasi idéologique de la France n’a pas plus de chances de l’empêcher d’avancer, que le géocentrisme de l’Eglise romaine n’en a eu, en son temps, d’empêcher la Terre de tourner.

Constant Calvo, Directeur associé ADHERE RH
http://blog.adhere-rh.com

Mardi 3 Février 2009




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