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Crise en août: répliques à prévoir

Le new normal a pris place dans les esprits trois ans après le début de la crise de 2007-2009. Pourtant rien n’a réellement changé.


Cyril Demaria
Cyril Demaria
Soupir de soulagement: telle fut la réaction aux stress tests des banques européennes et aux résultats du deuxième trimestre d’UBS. 2007-2009 est désormais catalogué au rang de souvenir désagréable d’une crise analysée, disséquée et terminée. Les esprits sont tout entiers aux résultats, au PNB américain et au débat sur un éventuel double dip. Le Dodd-Franck Act, Bâle III et la future Directive AIFM montrent que les principaux acteurs publics mondiaux, empêtrés dans leurs dettes, ont agi et que tout est rentré dans l’ordre. Surtout, «nous allons voir ce que vont être les bonus cette année» confie un banquier de Zurich. Une autre lecture, peut-être moins rassurante, mettrait en avant le fait que les stress tests européens sont intervenus plus de 18 mois après ceux des banques américaines. Que les résultats trimestriels ponctuels d’une banque sont rien moins que peu convaincants et qu’ils sont finalement sans grand intérêt, étant donné la volatilité de ceux-ci (et la facilité à organiser un trimestre profitable quand on le souhaite). Ou encore que la réglementation américaine a déjà été contournée en matière de proprietary trading par Goldman Sachs - qui a pleinement profité de la crise en trompant ses clients au prix d’une «tape sur le poignet» de la SEC sous la forme d’une amende.

Cette même lecture démontrerait que la Directive AIFM a été lancée pour trouver des boucs émissaires largement irresponsables de la crise. Les Accords de Bâle III ne traitent aucunement les problèmes essentiels: préparer les grands établissements à une fermeture organisée (la vraie sanction) en cas de problème grave, séparer juridiquement les activités génératrices de conflits d’intérêts au sein des banques et mettre fin au principe des banques universelles géantes.

Le sentiment de sécurité retrouvée a sonné le glas des espoirs de changement. Rien ne montre qu’un changement de culture a eu lieu. Pire, la réglementation va créer une homéostasie du risque: le sentiment de sécurité regagnée (alors que les vrais problèmes n’ont pas été traités) va de fait accroître les risques pris par les banquiers au cours du cycle qui débute.

La crise de 2007-2009 ne sera donc pas un cas rare de black swan (cygne noir) mais une crise parmi plusieurs autres à venir d’une violence et d’une fréquence difficile à prédire. Elle va donc connaître des répliques (ellemême étant d’une certaine manière une réplique d’autres crises de l’éthique des affaires de type Enron), comme les tremblements de terre.

Un courant académique, les éconophysiciens dont quelques-uns des chefs de file sont Eugene Stanley (de la Boston University) et Didier Sornette (de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich), s’est engagé dans cette voie d’analyse. Le principe est d’analyser les crises financières selon les principe de la tectonique des plaques et des tremblements de terre. Cette analyse est partagée par Raghuram Rajan, ex-Chief economist du FMI et Professeur à l’Université de Chicago dans son dernier ouvrage*.

Dès lors, cela change la nature des conclusions à en tirer. Lorsqu’une crise est identifiée comme exceptionnelle, l’équivalent d’un incendie accidentel, les réactions des acteurs est d’appeler les pompiers-Etats pour l’éteindre à coup de capitaux publics et espérer que cela ne se reproduise plus. Si les incendies-crises sont récurrents, par exemple du fait d’une culture inadéquate, un nouveau dispositif doit être mis en place - en partant d’une feuille blanche. Afin de se prémunir contre les dégâts à court terme, la première mesure de sécurité est d’appliquer une culture du doute systématique. Les transactions doivent questionnées, recoupées avec d’autres et validées par des méthodes différentes. Le risque de contrepartie et ceux associés aux produits complexes incompris devraient être mieux cernés.

A moyen terme, les attentes de rendement doivent être révisées à la baisse. Cela signifie que les investisseurs et leurs intermédiaires ne peuvent pas raisonnablement espérer reproduire (ou dépasser) les performances passées de manière régulière. Cette révision est nécessaire pour réduire les risques pris par les différents acteurs

A long terme, il devient fondamental d’aborder la question de la propriété privée des banques. Ces acteurs atypiques de l’économie, dotés de prérogatives spéciales et d’un rôle crucial, devraient peut-être être réexaminés. Certains de leurs rôles (notamment de dépositaire de l’épargne publique) pourraient être isolés dans des structures appartenant aux clients selon les principes du mutualisme, par exemple.


Cyril Demaria
Passionné par la finance et l’innovation technologique, Cyril a développé une philosophie « hands on », comme analyste dans un fonds de capital-risque transatlantique à San Francisco et à Paris, puis grâce à ses expériences opérationnelles et en tant que fondateur de
Corporate Development Consulting , un cabinet de conseil en private equity. Il a contribué au développement de plusieurs jeunes pousses (Internet, télécommunications et logiciel). Cyril fut portfolio manager au sein du fonds de fonds d'un groupe d'assurance français, et est actuellement associate dans un fonds de fonds basé à Zürich.

Diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon, d’Etudes Approfondies (DEA) en Géopolitique, d’Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) en Droit Européen des Affaires, et d’HEC (spécialisation Entrepreneurs). Cyril est l'auteur de
Développement durable et finance (Maxima, 2004), le premier livre en français analysant le processus d'investissement selon des critères de développement durable. Il est aussi l'auteur de Introduction au private equity (Banque Editeur, 2006), et de "Profession business angel" (Banque Editeur, 2008).
 
Cyril Demaria
+41.79.813.86.49

Mercredi 22 Septembre 2010




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