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Craintes injustifiées sur la Chine

MARCHÉS ÉMERGENTS. Les pays les plus sensibles aux fluctuations d’exportations ont très bien résisté à la faiblesse de la zone euro.


Craintes injustifiées sur la Chine
Les principaux pays émergents n’échappent pas au mouvement baissier qui a saisi les marchés actions depuis la mi-avril. Les doutes sur la croissance de l’économie et l’état du marché immobilier chinois figurent même parmi les facteurs les plus souvent cités pour expliquer cette évolution négative. Cette année, la performance des marchés actions chinois est la plus mauvaise de toute l’Asie! Néanmoins, les avis par rapport au potentiel de rebond divergent. L’économiste Stefan Hofer, responsable de la stratégie marchés émergents de la banque Julius Bär se range clairement parmi les optimistes. Pour lui, les investisseurs surinterprètent les changements politiques en Chine et négligent les signes de confiance.

Les craintes vis-à-vis d’un affaiblissement de la croissance chinoise vous paraissent-elles justifiées? Stefan Hofer: Je reste très confiant que les années 2010 à 2012 connaîtront une forte croissance. Le gouvernement gère les mesures de relance de manière extrêmement efficace. Les Chinois ne s’interrogent pas sur la présence d’une bulle au sein du marché immobilier. La version chinoise du rêve américain reste de s’établir en ville et travailler dans les usines avant d’être en mesure d’acquérir son propre appartement. Le gouvernement prend beaucoup de mesures pour que les prix restent accessibles. Cela a été interprété comme un changement majeur dans sa politique, ce qui n’est pas correct.

Mais dernièrement,la Chine a cédé aux pressions en laissant plus de marge de fluctuation au yuan. C’est au contraire un signe de confiance, puisqu’une appréciation de la monnaie donne plus de pouvoir d’achat aux consommateurs. Il y a des pressions politiques, c’est indéniable. Mais il paraît d’autant plus intéressant d’y voir un signe de confiance que l’augmentation des salaires des ouvriers en constitue un autre. L’essentiel, c’est que ces ajustements de la monnaie se fassent de manière progressive, de sorte que la population dispose de suffisamment de temps pour s’y adapter.

L’Europe ne risque-t-elle pas de peser sur la croissance?
La force des exportations taïwanaises ou coréennes, les plus exposées à un scénario de ralentissement, démontre que l’Europe n’est pas si importante pour l’Asie. Les échanges commerciaux de plus en plus soutenus entre les pays asiatiques permettent de compenser d’éventuelles baisses de la demande externe. Il paraît d’autant plus difficile de trouver des indices clairs d’une contagion. Et les résultats rapportés par les entreprises sont très impressionnants.

Qu’en est-il des autres régions émergentes?
L’Asie reste clairement la région qui nous réjouit le plus. En Inde, l’inflation impose une accélération du resserrement monétaire. Mais sa performance en termes de croissance reste brillante, se répartissant de manière relativement équilibrée sur le marché domestique et les exportations. L’Indonésie évolue également extrêmement bien. La Russie a connu une récession assez marquée et longue, particulièrement sensible au niveau des ventes au détail. Son économie fait maintenant apparaître les premiers signes de reprise, la hausse du prix du pétrole aidant.

Mais cela signifie que la Russie reste trop dépendante du secteur de l’énergie!
La diversification a certes lieu, mais elle prend plus de temps que du côté du Brésil, par exemple.

Le marché actions brésilien est pourtant également en forte baisse.
Son rythme de croissance au premier trimestre est digne de celui de la Chine, correspondant à environ 12% sur toute l’année. Il faut donc s’attendre à un ralentissement, et bon nombre d’indicateurs sont en train de se retourner. Il s’agit simplement d’un processus de normalisation, en aucun cas d’un double plongeon. La dette brésilienne semble très intéressante, mais il faut tenir compte du fait que des élections, lors desquelles le président Lula ne peut plus se représenter, auront lieu en octobre. En outre, malgré la situation financière enviable de beaucoup de pays émergents, il ne faut pas oublier une différence essentielle. Le gouvernement doit être capable de rembourser dans une monnaie différente de la sienne. Cela doit inciter à une certaine prudence.

Y a-t-il des alternatives en Amérique latine?
L’année dernière, le Mexique a connu une baisse du PIB très sévère en raison de sa forte sensibilité à l’évolution aux Etats-Unis. La croissance de cette année se base moins sur les exportations, mais sur une demande domestique toujours plus forte. Ce pays est particulièrement intéressant cet été, et légèrement plus défensif que le Brésil, notamment au vu des pressions inflationnistes nettement plus faibles. Quant à l’Argentine, elle exporte des produits manufacturiers au Brésil et des matières premières en Chine. Mais l’inflation reste relativement élevée, et le marché n’a pas encore atteint la taille critique.

L’Europe de l’Est ne semble guère jouer un rôle important en ce moment.
Son problème principal est sa dépendance de l’Europe de l’Ouest. Mais la Pologne n’a pas connu de récession, la demande à l’intérieur du pays est restée forte, et les finances publiques ne posent pas de problème.

INTERVIEW: CHRISTIAN AFFOLTER

Mercredi 1 Septembre 2010




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