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Conséquence de l’interruption du réseau SWIFT en Iran - Tony Wicks, NICE Actimize

Répondant aux injonctions européennes dans le cadre des sanctions internationales relatives à la conduite de la recherche d’armement nucléaire, la société SWIFT bloque depuis mi-mars les transactions en provenance ou en direction de la plupart des institutions financières iraniennes. Tony Wicks, expert en Blanchiment d’Argent chez NICE Actimize, répond à trois questions de Finyear pour donner à apprécier le cadre et expliquer pourquoi le blanchiment d’argent va se développer :


Tony Wicks
Tony Wicks
Pourquoi est-ce que l’action de SWIFT favorise le développement du blanchiment d’argent ?

L’action de SWIFT entraine depuis le samedi 16 mars l’impossibilité pour 25 institutions financières iraniennes d’envoyer et de recevoir des transactions, des titres et des échanges commerciaux au travers de son réseau SWIFT. Chaque année, ce sont près de dix milliards d’échanges qui transitent via SWIFT et une petite fraction d’entre eux, de l’ordre de 0,03%, provient ou est adressée à des banques en Iran. Cette fraction peut sembler minime, mais dans l’environnement actuel des sanctions, elle a une importance significative.

Le blocage du réseau SWIFT est possible parce que la société est basée en Belgique et par conséquent dans l’obligation de suivre le régime de sanctions déterminées par l’Europe. Cela a une incidence non seulement sur les sociétés européennes mais également sur les transactions avec les principaux acheteurs de pétrole brut en Inde, en Corée du Sud, en Afrique du Sud et en Chine. La position européenne a donc des effets extra-territoriaux évidents. Son impact est supérieur en termes d’effets que les récentes sanctions et restrictions européennes sur l’importation de pétrole. Si la Chine veut continuer à en acheter, elle sera confrontée à une grande difficulté pour payer !

Sans canal légal de transferts de fonds, les gestionnaires de fonds iraniens vont devoir se reporter vers un système bancaire alternatif, illégal, dit Shadow banking (dérivé du Hawala Banking) et emprunter de nouvelles méthodes commerciales.

Quels sont les meilleurs moyens pour blanchir de l’argent ?

Dans ce contexte, l’argent va circuler par le biais de méthodes commerciales informelles, via des chaînes complexes d’intermédiaires. Pour mémoire, à la suite des attaques terroristes de 2001, SWIFT a été invité à fournir des informations sur certaines transactions au gouvernement américain dans le cadre du Programme Terrorist Finance Tracking. Ironiquement, le blocage des transactions aujourd’hui va rendre plus difficile la connaissance approfondie de la prolifération des activités et le canal emprunté qui étaient auparavant observables. Les transactions qui vont passer en Shadow Banking disparaîtront purement et simplement des radars.

Si des mouvements d’argent s’évanouissent dans le Shadow Banking ; ils doivent tout de même réapparaître dans le système financier à un moment ou à un autre via des centres d’affaires ou des institutions. Il convient dans ce cas d’être très attentif aux changements de volumes d’activités, en particulier chez les états limitrophes de l’Iran.

Les banques et les régulateurs rechercheront les variations inhabituelles dans les nouvelles transactions sur les réseaux financiers. Il est assez vraisemblable en outre que les exportations de pétrole iranien se règlent avec des moyens de paiement physiques et via du blanchiment d’argent basé sur des échanges indirects. Cela sera beaucoup plus difficile à repérer.

Quel sera l’impact sur les banques européennes ?

De nombreuses institutions accueillent avec soulagement la clarté que ce changement implique et seront plus rassurées en sachant que les transactions sur le réseau SWIFT ne pourront plus provenir ou être reçues par des institutions iraniennes. La modification réduit également la probabilité de voir des transactions redirigées, masquées, ou de constater des champs du message de paiement effacés. Dans l’absolu, cela ne change pas l’obligation des institutions d’appliquer des contrôles et des sanctions – d’autant que les entités iraniennes sur les listes n’agissent pas seulement à l’intérieur de l’Iran. Certaines d’entre elles sont à présent contraintes de chercher de nouveaux canaux pour déplacer les fonds à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Iran, pour qu’il n’y ait aucun relâchement dans les contrôles et sanctions actuels. Il sera en réalité plus difficile d’identifier les entités sous le coup de sanctions quand elles effectueront des paiements à partir des pays limitrophes. Elles continueront de dissimuler leur véritable identité et emprunteront les voies du Shadow Banking (comme le Hawala banking) plutôt que les canaux financiers traditionnels.

Interview exclusive pour le quotidien Finyear.com

Mercredi 25 Avril 2012




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