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Comportements de paiement des entreprises France et Europe - 2TRI 2012

Les paiements interentreprises s’assouplissent légèrement en France ; le fossé se creuse entre le nord et le sud de l’Europe.


Laurent Leloup
Laurent Leloup
Les entreprises françaises restent championnes d’Europe (36,2%) des factures réglées avec un retard de 1 à 15 jours.
En moyenne sur le deuxième trimestre 2012, les retards de paiement des entreprises françaises, analysés par Altares au travers des balances âgées des entreprises (1), tombent à 11,5 jours. Un seuil historiquement bas tout juste effleuré deux ans plus tôt avant que l’été 2010 n’inverse à nouveau la trajectoire.

En Europe, en revanche, les paiements interentreprises restent sous pression. Le retard moyen s’établit à 13,4 jours, seuil en dessous duquel les entreprises peinent à descendre. L’Allemagne truste toujours la première place (6,2 jours). Les pays du sud résistent difficilement. Les retards de paiement restent supérieurs à 20 jours en Espagne, approchent 30 jours au Portugal et sont au plus haut depuis 2010 en Italie à près de 16 jours. Au nord de l’Europe, les paiements se détendent notamment en Grande Bretagne (15,9 jours) où ils avaient dérapé en début d’année 2012.
41,8 % des entreprises européennes payent leurs fournisseurs sans retard ; elles sont juste une sur trois en France.

LES CONDITIONS DE PAIEMENT SE DETENDENT EN FRANCE.
33,2 % des entreprises françaises payent leurs factures sans retard sur le deuxième trimestre 2012. Ce taux est en amélioration sensible de 2,5 % par rapport au même trimestre 2011, mais demeure encore inférieur de 2 % à celui constaté en 2005-2006.
En dépit de cette bonne tendance, pour 36,2 % des entreprises, le règlement des fournisseurs est reporté de 1 à 15 jours au-delà de la date prévue sur la facture ; un record en Europe où le taux moyen se situe à 28,1 %.

9 ETI ou Grandes Entreprises sur 10 dérogent aux délais contractuels
Moins de 10 % des ETI et Grandes Entreprises payent leurs fournisseurs sans retard (9,9 %). Si ce taux progresse légèrement (+ 0,5 %), il demeure environ quatre fois inférieur à celui calculé sur la population des microentreprises (39 %), plus respectueuses des délais de paiement. Entre les deux, moins d’une PME sur quatre paye ses factures sans retard. Exprimé en jours, le retard moyen de paiement se situe à 11,1 jours pour les entreprises de moins de 10 salariés, 11,3 jours pour celles de 10 à 250 salariés et 12 jours pour celles de plus de 250 salariés.

8 % des entreprises de 3 à 5 ans retardent leurs paiements de plus de 30 jours
Les retards de paiement par taille révèlent un point de risque fort sur les entreprises âgées de 3 à 5 ans. Elles règlent en moyenne leurs fournisseurs avec un report de 13,3 jours, soit près de 2 jours au-dessus de la moyenne. De plus, 8 % payent leurs factures avec des retards supérieurs à 30 jours contre 5,3 % en moyenne tout âge confondu. Ces jeunes entreprises sont traditionnellement vulnérables et représentent le tiers des défaillances d’entreprises.

Les paiements se durcissent dans les services aux particuliers voire l’administration
Pour certaines activités, les règlements fournisseurs se durcissent. C’est essentiellement le cas des métiers de service orientés vers le particulier comme les coiffeurs et soins de beauté (42,7 % des factures sont réglées dans les délais, contre 44 % trois mois plus tôt), la restauration et les débits de boisson (10 % des entreprises reportent les règlements fournisseurs de plus de 30 jours) ou l’enseignement (68,5 % des règlements sont désormais retardés). L’administration est elle aussi sous pression. 21,5 % des règlements fournisseurs sont reportés de 15 à 30 jours, c’est un demi-point de plus qu’il y a trois mois.
Si les activités B2B semblent mieux résister, des efforts restent à faire dans les transports où seulement 18,6 % des entreprises payent sans retard, dans les métiers de l’information et de la communication où le retard moyen de paiement ne parvient pas à descendre sous les 16 jours, et dans les services aux entreprises dont les retards supérieurs à 30 jours représentent encore 7,5 % des règlements.
Les tendances sont, en revanche, bien orientées dans le bâtiment, le commerce ou l’industrie.

Les comportements de paiement font le grand écart entre le Limousin et l’Île de France
Neuf régions tirent la performance nationale avec plus de 37 % de paiements effectués sans retard ; en tête de celles-ci, le Limousin à 41,6 %. Suivent, dans des proportions comprises entre 38 % et 39 %, Poitou-Charentes, Basse Normandie, Auvergne, Bretagne et Midi-Pyrénées. Aquitaine, Bourgogne et Pays de la Loire se situent entre 37 % et 38 %.

A l’inverse, dans sept régions métropolitaines et les DOM, la proportion de paiements effectués sans retard est inférieure à la moyenne nationale (33,3 %). Il s’agit de l’Île-de-France et du Nord-Pas-de-Calais sous les 30 %, mais aussi de la Corse, Alsace, Haute-Normandie, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Picardie. Les DOM ferment la marche avec 20,5 % des factures réglées sans retard.

EN MATIÈRE DE PAIMENTS, LE FOSSÉ SE CREUSE ENTRE LE NORD ET LE SUD DE L’EUROPE
Les comportements de paiement des entreprises européennes peinent à s’améliorer. Si globalement 41,8 % des règlements sont effectués à l’heure, soit près de 1 % de mieux qu’en début d’année, la proportion de longs retards supérieurs à 30 jours augmente de 8,1 % à 8,4 %. Ce durcissement se traduit par un retard moyen constaté de 13,4 jours ce deuxième trimestre, contre 13,2 jours trois mois plus tôt.

Cette tendance renforce la rupture marquée entre le nord et le sud de l’Europe
Les entreprises allemandes dominent tous leurs partenaires commerciaux européens ; 73,1 % respectent les délais de paiement, voire anticipent les dates de règlement (retard moyen 6,2 jours). Les entreprises néerlandaises sont également bonnes élèves ; 48 % payent leurs fournisseurs dans les délais contractuels prévus (retard moyen 8,5 jours). La Belgique confirme l’amélioration du comportement de paiement de ses entreprises, engagée il y a 18 mois. Désormais, 44,9 % des sociétés belges payent leurs factures sans retard et le retard moyen s’établit à 11,2 jours. Les entreprises belges font donc mieux que leurs voisines françaises.

La Grande Bretagne est encore assez loin de la moyenne européenne avec un retard moyen constaté de 15,9 jours mais confirme l’amélioration entamée depuis l’été 2010 en dépit d’un léger trou d’air en début d’année 2012. En dépit de cette détente, seulement 27,3 % des entreprises britanniques respectent les délais de règlement.

Au sud de l’Europe, en revanche, les tendances sont moins favorables. Ainsi, en Italie le retard moyen (15,9 jours) est au plus haut depuis fin 2010 ; retard qui s’ajoute à un délai contractuel de règlement déjà long pouvant atteindre voire dépasser 120 jours. Pire, le report additionnel dépasse 30 jours pour 11,9 % des entreprises italiennes.

En Espagne, le retard moyen de paiement bute sur le seuil des 20 jours depuis un an et 15,5 % des factures sont payées avec au moins 30 jours de retard. Au Portugal, le report moyen de paiement dépasse 28 jours et près de 22 % des règlements sont retardés de plus de 30 jours (19,6 % il y a trois mois).

« Alors que la contraction budgétaire focalise toutes les attentions, qu’elles soient politiques ou privées, l’économie réelle s’impatiente d’une reprise plus franche et de perspectives durables. Les trésoreries s’essoufflent privant les entreprises d’un ressort de croissance, sinon de survie, fondamental », note Thierry MILLON, responsable des analyses Altares.
« En effet, les entreprises doivent mobiliser des fonds pour financer leur cycle d’exploitation. Or, par contraction budgétaire ou pression réglementaire, elles peinent, voire hésitent à recourir aux financements externes. Dans ces conditions, l’alternative est la génération de cash, ou tout le moins le contrôle permanent du BFR. Pour avoir laissé glisser les retards de paiement clients, chaque année des milliers d’entreprises mettent la clé sous la porte.
La gestion du financement du cycle de production (stocks + créances clients) au regard du crédit fournisseur tient encore souvent davantage de l’acrobatie comptable que de la rigueur financière. Ce deuxième trimestre encore, les deux tiers des entreprises défaillantes réglaient leurs fournisseurs avec des retards d’au moins 15 jours. Si le fournisseur ne s’en alarme pas, il accepte de fait le transfert de risque sur sa propre entreprise. Une défaillance sur quatre est due à des retards de paiement. Au-delà de l’attention naturelle portée aux factures à encaisser et aux factures à payer, la mise en place d’un pilotage du Besoin en Fonds de Roulement dans la direction financière donne un signal gagnant de maîtrise de la performance économique et financière de l’entreprise auprès de ses partenaires commerciaux, bancaires ou investisseurs. Plus qu’un indicateur de tableau de bord, le BFR est désormais un indispensable KPI (Key Performance Indicator), gage de gouvernance, compétitivité et «prospectivité». »

(1) Depuis 45 ans aux Etats-Unis et 25 ans en Europe, le programme DunTrade du D&B Worldwide Network premier réseau mondial d’informations B to B Dun & Bradstreet, dont Altares fait partie, analyse les informations provenant directement de la comptabilité client de milliers de sociétés participantes. (Voir méthodologie).

Téléchargez l'étude complète (PDF 29 pages en français) :
altares.fr/index.php/component/docman/doc_download/124-defaillances-dentreprises-t2-2012

Laurent Leloup

Vendredi 7 Septembre 2012




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