Chapeau Monsieur de Margerie

28/10/2014

Il y a quinze jours, à la « climate week » de New York, une initiative tout à fait originale et forte était présentée par le président d'Aramco – la 1° entreprise du monde – pour indiquer une position contributive de la communauté pétrolière aux efforts collectifs de maîtrise du changement climatique.

Ceux qui diabolisent les acteurs pétroliers a priori sont passés à côté de l’extraordinaire changement que représente cette proposition constructive, comme ceux qui sous-estiment la vision que contient cette démarche nouvelle. Ce qu’on ne sait pas est que ce tournant a été proposé et porté par le Président de Total qui a su avec habileté et volontarisme entraîner son secteur dans une démarche pro-active responsable sur l’intégration du changement climatique dans l’équation pétrolière. Comme on sait peu qu’il a porté personnellement l’investissement chez Sun Power pour faire de Total l’un des premiers acteurs mondiaux de la Solar Energy. Rendons lui hommage à ces titres et pour avoir relevé le défi de l’image du groupe, en s’impliquant dans l’arène publique et en portant ses convictions et une réelle considération pour les enjeux sociétaux ; d’autant plus que son tempérament libéral et son statut mondial ne le conduisaient pas à laisser passer les incohérences et les facilités sur « l’irréalisme énergétique » ambiant.

Total est l’entreprise la plus confrontée à l’enjeu du développement durable que tout un chacun voudrait voir agir comme il lui plaît, sous-estimant la dimension financière du groupe, grand investisseur par nécessité et « fond de pension » par nature, que Christophe de Margerie aura incarné le mieux pour qu’elle garde une jambe dans l’économie fossile qui nous fait vivre, tout en mettant l’autre dans l’économie renouvelable qu’on veut voir arriver le plus vite possible. Je retiens de son œuvre industrielle ce réalisme d’entrepreneur qui est le cœur de la responsabilité d’entreprise : permettre aux hommes de poursuivre leur activité quotidienne, tout en préparant sans tarder l’activité à venir autour d’un nouveau rapport aux ressources de la planète, aux nouveaux usages partagés et aux principes de bonne gouvernance.

Je peux témoigner d’échanges directs où Christophe de Margerie ne plaisantait pas avec les droits humains et ces principes de gouvernance responsable qui ne vont pas de soi dans son secteur. Au-delà du choc que provoque une disparation brutale, le rapport qu’il a crée avec son pays, avec la communauté environnante de Total, ne permet pas d’oublier la leçon : la mutation du monde ne se fera pas à travers des projections intellectuelles empathiques mais bien sur le terrain de la transition des modèles économiques, que portent les engagements humanitaires, environnementaux et politiques de personnalités courageuses, comme de chefs d’entreprises conscients de leur responsabilité intrinsèque au niveau qui est le leur et qui n’hésitent pas à bouger les caps, parce qu’ils sont au fond d’eux-mêmes convaincus qu’on ne travaille jamais que pour la société des hommes et l’espérance de son devenir.

Patrick d’Humières
www.institutrse.com

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