Prenons l’exemple de la Suisse
Ses entreprises emploient certes 4 millions de collaborateurs à l’étranger, mais elles continuent parallèlement de compter un grand nombre de salariés à des postes industriels en Suisse même. Or ceux-ci sont payés jusqu’à 50% de plus qu’en France pour certains métiers peu qualifiés. Pire, en dépit de l’intervention de la Banque nationale Suisse au mois de septembre, les groupes exportateurs ont dû compenser une perte de compétitivité de 25% en seulement 18 mois ! Pour cette raison, le pays vit dans la recherche structurelle et permanente de gains de productivité, mais aussi dans la gestion de ces mêmes gains. Car la productivité n’est pas perçue comme une fin en soi, mais comme un moyen pour préserver les marges dans le temps. Et c’est bien la force des entreprises exportatrices suisses, dont une large part a institué un rapport de force favorable vis-à-vis de leurs clients, afin de redéployer les gains de productivité sous la forme d’investissement productif et/ou de redistribution aux actionnaires. C’est une donnée culturelle, et non une révolution des mentalités, qui découle notamment du statut de devise refuge du Franc suisse.
Revenons en France
Dans certains secteurs industriels, comme l’automobile, mais aussi le transport aérien, les télécommunications ou la grande distribution, de nombreuses entreprises annoncent aujourd’hui des plans ambitieux de réduction des coûts. Ils mènent une chasse acharnée aux gains de productivité dans le domaine de l’organisation logistique et de l’optimisation de l’organisation industrielle, mettent en place des plans de départs volontaires et maintiennent les investissements dans certains logiciels très performants, qui leur font gagner du temps dans la conception des produits et diminuent les rebus. La vigueur des résultats de Dassault Systèmes pour le troisième trimestre, au dessus du consensus des analystes, et l’embellie de ses perspectives attestent de cette tendance. Quel rapport avec leurs homologues suisses ? Pas grand chose. Annoncés en réaction à la brutalité du ralentissement économique sur le Vieux continent, ces efforts répondent à une logique de gestion de crise, voire de survie, et en aucun cas de pérennisation de la capacité bénéficiaire. Ils sous-tendent en effet une redistribution des gains de productivité aux seuls clients sous la forme de baisse de prix, renforçant la spirale déflationniste de ces secteurs.
A la différence de beaucoup de sociétés suisses, qui ont acquis au fil des décennies cette capacité à gérer leurs gains de productivité dans le temps, ces plans n’apportent donc rien aux actionnaires, sinon une fuite en avant pour conserver les parts de marché coûte que coûte. Pour ceux-ci, il importe donc de distinguer les sociétés qui ont la capacité de conserver en interne les gains de productivité grâce à l’entretien d’un pricing power efficace et les sociétés annonçant des gains de productivité de pure survie. Leur potentiel boursier est aux antipodes.
Texte signé par Gérard Moulin, gérant du fonds Delubac Exceptions Pricing Power
Ses entreprises emploient certes 4 millions de collaborateurs à l’étranger, mais elles continuent parallèlement de compter un grand nombre de salariés à des postes industriels en Suisse même. Or ceux-ci sont payés jusqu’à 50% de plus qu’en France pour certains métiers peu qualifiés. Pire, en dépit de l’intervention de la Banque nationale Suisse au mois de septembre, les groupes exportateurs ont dû compenser une perte de compétitivité de 25% en seulement 18 mois ! Pour cette raison, le pays vit dans la recherche structurelle et permanente de gains de productivité, mais aussi dans la gestion de ces mêmes gains. Car la productivité n’est pas perçue comme une fin en soi, mais comme un moyen pour préserver les marges dans le temps. Et c’est bien la force des entreprises exportatrices suisses, dont une large part a institué un rapport de force favorable vis-à-vis de leurs clients, afin de redéployer les gains de productivité sous la forme d’investissement productif et/ou de redistribution aux actionnaires. C’est une donnée culturelle, et non une révolution des mentalités, qui découle notamment du statut de devise refuge du Franc suisse.
Revenons en France
Dans certains secteurs industriels, comme l’automobile, mais aussi le transport aérien, les télécommunications ou la grande distribution, de nombreuses entreprises annoncent aujourd’hui des plans ambitieux de réduction des coûts. Ils mènent une chasse acharnée aux gains de productivité dans le domaine de l’organisation logistique et de l’optimisation de l’organisation industrielle, mettent en place des plans de départs volontaires et maintiennent les investissements dans certains logiciels très performants, qui leur font gagner du temps dans la conception des produits et diminuent les rebus. La vigueur des résultats de Dassault Systèmes pour le troisième trimestre, au dessus du consensus des analystes, et l’embellie de ses perspectives attestent de cette tendance. Quel rapport avec leurs homologues suisses ? Pas grand chose. Annoncés en réaction à la brutalité du ralentissement économique sur le Vieux continent, ces efforts répondent à une logique de gestion de crise, voire de survie, et en aucun cas de pérennisation de la capacité bénéficiaire. Ils sous-tendent en effet une redistribution des gains de productivité aux seuls clients sous la forme de baisse de prix, renforçant la spirale déflationniste de ces secteurs.
A la différence de beaucoup de sociétés suisses, qui ont acquis au fil des décennies cette capacité à gérer leurs gains de productivité dans le temps, ces plans n’apportent donc rien aux actionnaires, sinon une fuite en avant pour conserver les parts de marché coûte que coûte. Pour ceux-ci, il importe donc de distinguer les sociétés qui ont la capacité de conserver en interne les gains de productivité grâce à l’entretien d’un pricing power efficace et les sociétés annonçant des gains de productivité de pure survie. Leur potentiel boursier est aux antipodes.
Texte signé par Gérard Moulin, gérant du fonds Delubac Exceptions Pricing Power