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Bourse des PME et PEA ; la panacée ?

On sait combien est difficile actuellement le financement des PME. Cette préoccupation, qui entre dans l‘objetd’une mission parlementaire sur la réforme de l’épargne longue et dont les résultats sont attendus incessamment, a redonné corps à deux idées déjà anciennes : un PEA réservé aux PME et une bourse spécialisée pour les PME.


Alain Goetzmann
Alain Goetzmann
Certains pensent qu’un PEA dédié aux PME pourrait drainer 2,5 milliards d’€ par an ; d’autres qu’il faudrait permettre à ce PEA d’abriter plusieurs classes de titres : actions, obligations convertibles, obligations simples ; pourquoi pas ?

Mais qu’entend-on par PME ? Dans l’esprit de beaucoup, ce seraient, en fait, les ETI – on évoque 1 milliard de capitalisation – qu’il conviendrait d’irriguer de financements nouveaux afin d’assouvir ce vieux fantasme français de rivalité avec le « Mittelstand » allemand. Or, en France, les ETI n’ont nul besoin d’aide. Peu nombreuses, elles sont choyées par leurs banquiers et l’objet de toutes les attentions des pouvoirs publics. En bourse, leur capitalisation les positionne sur les marchés règlementés, leur accordant ainsi une forte visibilité auprès des centaines de gérants opérant à Paris.

Les entreprises qui ont vraiment besoin de soutien, ce sont nos PME, les vraies ; celles qui correspondent à la définition européenne : moins de 50 millions d’€ de chiffre d’affaires, moins de 43 millions d’€ de total de bilan et moins de 250 salariés. La capitalisation de ces PME est souvent inférieure à 10 millions d’€. Est-ce une raison pour les exclure des sources de financement possibles ? Ce serait une grave erreur car beaucoup d’entre elles sont nos ETI de demain et nos grandes entreprises d’après-demain. Elles sont aussi, dans le contexte de Bales III et de son impact sur le financement des entreprises, les laissées pour compte des banques. C’est donc vers elles qu’il convient de drainer la nouvelle épargne dont le PEA-PME pourrait être le véhicule. C’est pour elles qu’il faut créer un marché spécifique dont les bases existent d’ailleurs déjà ce qui devrait en faciliter l’éclosion.

NYSE-Euronext gère deux marchés non règlementés : le Marché Libre et Alternext. Plutôt que d’envisager de fusionner Eurolist B et C avec Euronext – des marchés règlementés avec un marché non règlementé – ne serait-il pas plus efficace de fusionner le Marché Libre et Alternext pour en faire la vraie bourse des PME ? Celles-ci disposeraient ainsi d’un marché commode et facile d’accès. Imaginons, on peut rêver, que sur ce compartiment, d’environ 11 milliards d’€ de capitalisation, se déversent chaque année 2,5 milliards de plus. C’est tout l’écosystème des PME cotées qui serait bouleversé car s’y ajouteraient naturellement les investissements des épargnants les plus fortunés qui peuvent cumuler les avantages du PEA et de la défiscalisation ISF, pour peu que la durée de détention soit respectée et, cerise sur le gâteau, les investissements des gérants parisiens, attirés par une liquidité retrouvée. Voilà probablement une formule gagnante.

Certains pensent toutefois que les coûts et les obligations de la cote constituent des charges difficiles à supporter par les PME. Cette analyse est sommaire. Les coûts, en particulier les frais de présentation et d’intermédiation, seraient probablement réduits sous l’effet de la concurrence et de la croissance du marché. Quant aux exigences des investisseurs, elles sont potentiellement vertueuses. En effet, si aux objectifs traditionnels de l’entrepreneur s’ajoute le maintien et la croissance de la valorisation de son entreprise, voilà de quoi mobiliser actionnaires et membres du personnel autour d’un projet ambitieux commun. Elle lui imposera une discipline accrue dans sa gestion et dans l’analyse permanente, ce qu’il devrait toujours faire, de la pertinence de sa stratégie.

L’establishment autour de NYSE-Euronext reste trop nostalgique d’un passé brillant alors que la bourse de Paris n’a plus l’attractivité internationale qui fut la sienne. Alors pourquoi ne pas rompre et imaginer un futur différent, novateur et faisant appel à de nouveaux entrants, plus nombreux ? La France n’a pas beaucoup d’ETI ; elle a beaucoup de PME. N’y-a-t-il pas là matière à réflexion ? N’est-il pas temps d’agir ?


Mardi 5 Février 2013




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