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Assurance-crédit : Quand l’adoption d’un code de déontologie s’impose

La crise financière a bouleversé le monde de l’assurance-crédit en 2008 et en 2009. Mus par une volonté de conservation mais aussi, il faut bien le dire, en partie par la panique, les assureurs-crédit ont massivement supprimé des limites de crédit, banni certains secteurs et pays, résolument diminué les risques,… sans, généralement, faire l’effort de beaucoup communiquer avec le client. Avec pour conséquence un réel mécontentement des assurés et des fédérations. Les assureurs-crédit ont par ailleurs formulé plusieurs critiques à l’encontre des assurés, dont certains ne signalent pas les limites inutilisées, si bien que la compagnie ignore l’ampleur des risques réels, ne collaborent pas aux analyses relatives aux acheteurs,…


Assurance-crédit : Quand l’adoption d’un code de déontologie s’impose
Comment aborder l’avenir ? En laissant les choses comme elles sont, pour constater que la prochaine crise sera une réplique exacte de celle-ci ? Est-il possible d’appréhender la question autrement ? Un mode de fonctionnement plus transparent peut-il être privilégié d’un côté comme de l’autre ?

Un nombre sans cesse croissant d’entreprises comprennent qu’en plus de relever d’une obligation morale, la transparence et la responsabilité sont pour elles sources d’avantages. La transparence génère la confiance ; à l’inverse, le déficit d’informations correctes et ce sentiment qu’il provoque que les entreprises tentent de dissimuler des données, sont synonymes de conflits. La firme qui privilégie une politique de transparence et se montre disposée à rendre des comptes oeuvre à l’excellence de sa réputation, au profit de la fidélisation de son portefeuille de clientèle.

Naguère, nombre d’entreprises du secteur financier étaient adeptes de l’adage « pour vivre heureux, vivons cachés ». Depuis la crise financière de 2008, cette position n’est plus tenable. A leur détriment et dans un parfum de scandale, les banques ont constaté que leurs activités, leurs produits, leurs projets, etc. se devaient d’être aussi transparents que possible. Encore la plupart d’entre elles font-elles partie de l’environnement B-2-C, un monde plutôt bien connu du grand public…

La sphère B-2-B est pour beaucoup un cadre énigmatique, dont les activités se déroulent en coulisses. C’est la raison pour laquelle les notions de transparence et de justification sont plus importantes encore pour les assureurs-crédit que pour les autres entreprises financières. L’assureur-crédit fonctionne en effet au sein de l’« invisible monde B-2-B » comme un « exécuteur de la haute justice », qui accorde du crédit à certaines entreprises et pas à d’autres. Les limites de crédit sont approuvées, abaissées ou supprimées, sans que les acheteurs en aient conscience.

Il paraît difficilement imaginable, aujourd’hui, de vouloir entrer en contact avec tous les acheteurs – des milliers de décisions relatives aux limites de crédit sont en effet arrêtées. Reste que ces derniers doivent avoir la possibilité de consulter leur dossier. Chaque entreprise doit pouvoir savoir ce qu’entraînent les décisions afférentes aux assurances-crédit : elle ne peut défendre ses intérêts qu’à condition d’être dûment informée.

L’acheteur n’est toutefois que l’« objet » de l’assurance. Plus importantes sont les parties signataires de l’engagement, c’est-à-dire les entreprises assurées. Au cours de la dernière crise financière, de nombreux assurés se sont plaints du manque de communication de la part de l’assureur et de l’absence de réponse à leurs questions. Pourquoi cette limite a-t-elle été supprimée ? Quand pourrai-je reprendre mes livraisons ? Pourquoi ces secteurs et/ou pays particuliers sont-ils visés ? Quelles informations mon acheteur doit-il fournir pour permettre le rétablissement de la limite diminuée ou supprimée ? Quelle politique l’assureur-crédit va-t-il mener ? Dispose-t-il des informations correctes et les plus récentes ? Puis-je organiser une rencontre entre le décideur de l’assureur-crédit et l’acheteur, de manière à obtenir plus d’informations contextuelles ?

La réponse à la plupart de ces questions s’est révélée insuffisante, quand elle ne brillait pas par son absence. Il va pourtant de soi que le manque de confiance, généralement mutuel, est source de frustrations. Comment briser le cercle vicieux ?

CRiON, numéro un en Belgique du courtage en matière d’assurance-crédit, a mis sur pied une cellule de réflexion appelée Credit Management Think Tank 2015, constituée de CFO et de Credit Managers, d’universitaires et de représentants de fédérations. La cellule a pour mission de détecter les besoins, d’optimiser le produit mais aussi, de remettre sur de bonnes voies la collaboration entre assurés et assureurs. En bref, de proposer un code de déontologie.

INTERVIEW

Jean-Louis Coppers, administrateur délégué de CRiON et initiateur du projet, Rudy Aernoudt, professeur d’économie européenne et président de la Cellule de réflexion, Paul Becue, auteur de l’ouvrage intitulé Handboek kredietverzekering – De Onzichtbare Bank et general manager d’EulerHermes Services, répondent à nos questions.

Pourquoi le marché de l’assurance-crédit doit-il se doter d’un code de déontologie ?

Jean-Louis Coppers : « Faire comme si rien ne s’était passé ces dernières années n’est pas une solution. Changer les lois et les réglementations non plus. C’est au monde de l’assurance-crédit qu’il incombe de s’autoréguler. Dès 2004, les banques se sont dotées d’un Code de déontologie. Aujourd’hui, la clientèle demande aux assureurs-crédit de s’engager à leur tour. Les clients se montrent en outre disposés à faire preuve de davantage de transparence : les entreprises sont tout à fait prêtes à fournir aux assureurs les compléments d’informations sur certains acheteurs dont ils peuvent avoir besoin. »

Paul Becue : « Les assureurs-crédit espèrent pouvoir réduire l’ensemble de leurs engagements, en provoquant un ‘‘appel d’air’’ au niveau des limites de crédit. L’étude des chiffres d’affaires assurés, du nombre de jours de crédit clients et des limites de crédit consenties, révèle qu’un tiers seulement de ces dernières en moyenne sont utilisées. Il est donc absolument nécessaire d’affiner les accords avec les clients. »

Rudy Aernoudt : « Le terme ‘‘crédit’’ vient de credere, c’est-à-dire croire, ou encore faire confiance. Un code de déontologie, par le biais duquel toutes les parties s’engageront, contribuera à rétablir cette confiance, ce qui permettra au secteur de tirer pleinement parti de son potentiel. Nous mettons en outre l’accent sur le service que le client est en droit d’attendre, plutôt que d’entretenir une guerre des prix qui débouchera immanquablement sur une perte de ce service. »

Quels principes fondamentaux le Code de déontologie met-il en avant ?

Rudy Aernoudt : « Il s’agit notamment de générer une situation dans laquelle toutes les parties seront gagnantes. Il est hors de question d’acculer l’un ou l’autre acteur : nous voulons au contraire assurer l’avenir du produit, de même que celui des utilisateurs du service et de ses prestataires. »

Paul Becue : « Je ne puis qu’abonder dans le sens de Rudy. Il faut étudier ce que seront les besoins des entreprises en 2015 et s’y préparer. A cette fin, un échange d’informations correctes, dans un contexte caractérisé par la confiance, le professionnalisme et le dialogue, est essentiel. Les solutions envisagées devront naturellement pouvoir faire un usage aussi abondant que possible d’applications automatisées ».

Jean-Louis Coppers : « Le Code de déontologie est un gentlemen’s agreement que nous souhaitons instaurer sur le marché belge, puis diffuser immédiatement après, par le biais de notre réseau Aon notamment, dans les pays européens principaux consommateurs d’assurance-crédit. »

La solvabilité des assureurs eux-mêmes a parfois été mise en cause pendant la crise. Comment la question est-elle abordée ?

Paul Becue : « Il est vrai que les agences de notation comme Standard & Poors ont émis quelques avertissements et dégradé certains assureurs-crédit pendant la crise. Depuis, plusieurs notations ont été relevées mais une communication plus ouverte à ce sujet n’en est pas moins indispensable. Une publication trimestrielle des chiffres et des notations, y compris lorsque la conjoncture est moins favorable, ne peut qu’être bénéfique à la confiance. EulerHermes étant cotée en bourse, elle a mené une politique d’information très détaillée et très ouverte. La transparence fait du reste partie des exigences de Solvabilité II : tous les assureurs s’attachent donc actuellement à l’améliorer. »

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Mercredi 9 Mars 2011




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