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Arnaud Lacheret, Docteur en Science Politique

3 questions à... Arnaud Lacheret, Docteur en Science Politique, Enseignant-chercheur à l’Idrac Business School


Arnaud Lacheret
Arnaud Lacheret
Que peut-on retenir des chiffres du Chômage de janvier 2014 ?

Ces chiffres sont dans la continuité de ce à quoi nous sommes habitués. Il est à noter que des deux catégories les plus touchées (jeunes et seniors) le chômage des jeunes tend à stagner voire à reculer ce qui est un des rares motifs de satisfaction tandis que celui des seniors augmente encore.

Les plus de 50 ans, à eux seuls, entrainent le taux de chômage à la hausse, sans eux, la courbe du chômage serait effectivement inversée ou au moins stabilisée.

Le problème des politiques de traitement social du chômage, c’est qu’elles ciblent majoritairement les jeunes avec les emplois d’avenir notamment, mais également toute sorte de contrats aidés. Les mécanismes d’alternance concernent également majoritairement la jeunesse. Il semble que cela fonctionne de mieux en mieux et il y a donc lieu de s’en féliciter. Cependant, on ne règlera pas le problème de l’emploi en France en ne faisant que tu traitement social.

Que peut faire le gouvernement pour inverser la tendance ?

D’abord, en comprenant que les entreprises ont besoin de confiance et de stabilité pour investir. Il est tout simplement impensable de se plaindre du manque d’investissements des acteurs économiques quand on change en permanence la fiscalité et l’environnement juridique dans lequel évoluent les entreprises. Les investissements d’aujourd’hui étant, pour reprendre l’ancien chancelier Allemand Helmut Schmidt, les profits de demain et les emplois d’après-demain, l’Etat doit rassurer les potentiels investisseurs et cesser ce ton parfois menaçant et complètement idéologique envers les patrons. Cela pourra éventuellement permettre une reprise réelle de la croissance qui se substituerait à cette hausse molle du PIB qui ne permet pas à notre pays de redécoller réellement.

Ensuite, favoriser la prise de risque et l’investissement en capital humain nécessite la prise en compte d’une réalité : il est quasiment impossible de recruter des salariés sans être sûr de pouvoir les garder. Un investissement « risqué » d’une entreprise nécessitant un recrutement important est souvent peu motivant pour l’employeur car ce dernier sait très bien qu’en cas d’échec du projet, il ne pourra se séparer aisément des salariés affectés à cet investissement.

Cet obstacle a fait l’objet de plusieurs tentatives de réformes, à commencer par le CPE et le CNE qui, par leurs périodes d’essai allongée permettait de couvrir ce risque et d’encourager la possibilité de recruter pour des missions dont un employeur n’était pas certain du résultat. Hélas, le fait que ce type de contrats n’existe pas vraiment et ait été rejeté ne permet pas vraiment un investissement en capital humain massif : un échec conduirait à mettre en péril toute la structure et donc l’employeur préfèrera ne pas investir et ne pas prendre de risque.

Le gouvernement doit donc assouplir les conditions de rupture des contrats ou proposer un type de contrat « de mission » dont le caractère définitif pourrait être conditionné à l’atteinte d’un objectif.

Les 50 ans et plus sont-ils les oubliés du système et que peut-on faire pour eux ?

Clairement les 50 ans et plus sont complètement délaissés. D’abord parce que le gouvernement infantilise les entreprises en leur donnant des leçons sur le sujet. Il est inutile d’expliquer aux patrons que les salariés âgés ont un rôle de transmission et une expérience irremplaçable : ils le savent déjà très bien !

Ce problème pourrait se régler autrement. De plus en plus de « seniors » se lancent dans des missions temporaires de conseils et d’accompagnements parfois fortement rémunérées auprès d’entreprises qui ont un réel besoin de leurs savoir-faire mais ne souhaitent pas les embaucher. Le statut d’auto entrepreneur a d’ailleurs beaucoup aidé les techniciens et cadres de plus de 50 ans à devenir de véritables prestataires de services auprès de multiples entreprises.
Cette démarche nécessite évidemment un certain courage, de vraies aptitudes commerciales et un esprit d’entreprenariat, mais force est de constater que ces situations se multiplient : les seniors partent frapper à la porte des entreprises en leur proposant non pas un contrat de travail administrativement très lourd mais un contrat de prestation de services. Peut-être le gouvernement, plutôt que de brider les auto entrepreneurs, devrait observer quelques exemples de ces seniors qui n’ont pas attendu des incitations pour accomplir de véritables missions de développement, d’audit, de formation au sein de PME ou d’entreprises de taille intermédiaire. Combien de seniors seraient prêts à se lancer si on leur en donnait les moyens et si le statut d’entrepreneur individuel était plus avantageux passé un certain âge ? Plutôt que de contraindre, on ferait peut-être mieux de libérer les énergies, nombreuses, qui émanent des seniors…

Arnaud Lacheret, je vous remercie et vous donne rendez-vous très prochainement dans un nouveau numéro de Finyear.

© Copyright Finyear. Propos recueillis par la rédaction de Finyear.

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Mercredi 5 Mars 2014




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