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Appétence au risque : CFO vs. CEO

Lors de la conférence inaugurale de Fi+ Alumni, cette supposée opposition a été très brièvement évoquée pendant la session de questions de la salle, et elle mériterait sans doute toute une conférence à elle seule.


Rémy Mahoudeaux
Rémy Mahoudeaux
Un mot incident à propos de ce petit nouveau : Fi+ Alumni : Club des clubs financiers des associations d'anciens de grandes écoles, c'est un réseau de réseaux ayant vocation à établir une « fertilisation croisée » (1) entre les membres actifs des dites associations d'anciens de grandes écoles (2) travaillant dans le domaine financier. L'objectif est d'organiser une conférence annuelle, des groupes de travail, des tables rondes. La DFCG participe à ce méta-réseau, et y voit peut-être une solution pour dynamiser son recrutement. Quoiqu'il en soit, c'est une bonne initiative, même si les autodidactes et les financiers des petites écoles, d'universités locales, sortis du rang ou ayant reçu leur formation à l'étranger ne devraient pas être exclus.

Il y a bien sûr des clichés : le financier conservateur et réticent face à la prise de risque (3), le dirigeant / l'entrepreneur systématiquement optimiste qui n'anticipe que la réussite potentielle et pas les écueils. Le format d'une conférence ne permet pas d'échapper à cette simplification abusive. Dans ma vie de financier, il m'est arrivé d'être plus va-t-en guerre que mon dirigeant, de même que certains de mes arguments ont pu infléchir des décisions de l'entreprise dans le sens d'une moindre exposition au risque.

Les intervenants (4) ont indiqué que c'est dans le fonctionnement du binôme que se trouve la solution : ils ont employé le mot de connivence et c'est un bon terme, mais cette analyse ne doit pas être réduite à la relation CFO – CEO. De mon point de vue, tous les membres d'une direction d'entreprise doivent exprimer, librement et loyalement, leurs avis, objections et propositions, et tous sont fondés de baser leurs positions, leurs arguments et leurs idées sur la place où ils situent le curseur risque. L'attelage (une métaphore là encore appropriée) existe, le financier y tire sa part du fardeau, mais tous les membres de la direction opérationnelle sont sous un seul et même large joug. La prise des décisions qui sont perçues comme ayant un enjeu ne doit pas être le fait d'une officine CFO-CEO, mais effectuée dans un cercle plus ouvert, où au moins les chefs du couple ( produit ; marché ) peuvent s'exprimer avec cette même connivence de bonne aloi. L'objectif est d'aboutir à un consensus quand à la perception des bénéfices escomptés, à celle des risques induits et enfin de l'optimisation de ce couple : ce sera la « bonne » décision, nonobstant le hasard et la vraie vie.

Mais si l'entreprise est dotée d'un comité des risques, ou d'un comité d'audit ou autre faisant fonction de, alors le problème change radicalement : La délégation faite par le conseil d'administration à la direction borne la prise de décision. Il convient d'analyser sa conformité par rapport à un mandat, et parfois de s'arrêter là.

Élargissons encore le cercle et regardons objectivement qui supporte les effets des sinistres majeurs d'une entreprise :
- Les associés : ils peuvent perdre le montant de leurs capitaux investis ;
- Les employés : ils peuvent perdre leur travail, être victime d'accident du travail ;
- Les dirigeants, exécutifs ou non : ils sont entre les multiples marteaux et les trop nombreuses enclumes, et jouent même parfois ces rôles entre eux ;
- Tout l'écosystème : clients, fournisseurs, banques, partenaires, population, collectivités, voire nation ou au-delà, à des degrés divers.

Et pourtant, je ne crois pas que nous ayons vu un vote d'associés déterminant a priori pour l'entreprise son appétence au risque, ratifié ensuite par les salariés et l'écosystème en général. Bien sûr que c'est compliqué, mais ne convient-il pas de sortir d'une logique de consensus trop étriqué pour avoir une adhésion plus large à l'entreprise en tant qu'aventure collective ? La cogestion à l'Allemande semble être un pas dans ce sens.

S'il y a une ligne de conduite à promouvoir, c'est – il me semble – de ne pas considérer la gestion de l'exposition au risque comme une chasse gardée de quiconque. Mais je suis peut-être un doux rêveur idéaliste.

(1) mot à la mode …
(2) Dans l'ordre du site DFCG et avec les discaimer d'usage : ESSEC – HEC - Central Paris – Audencia – ISG - Reims School Management – Dauphine - ESCP Europe - IAE Paris Alumni – INSEAD – Panthéon-Sorbonne – EDHEC
(3) Par pur paresse et faiblesse devant les diktats du langage commun, j'ai laissé « risque » quand vous auriez du lire « menace », qui n'est qu'une partie de ce risque.
(4) Frédéric CACHERA, président directeur général, groupe Delsey - Louis-François GOMBERT, président directeur général d'Européenne d'Embouteillage, groupe Orangina-Schweppes - Jérôme GRIVET, directeur général de Crédit Agricole Assurances - Sandra LE GRAND, présidente directrice générale de Canal CE et vice-présidente de Croissance Plus

Rémy Mahoudeaux
Managing Director, RemSyx

boss@remsyx.com
www.remsyx.com

Vendredi 21 Octobre 2011




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