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Angela et François sont sur un bateau : pédalo ou Titanic ?

Le risque grec éclipse le résultat des élections françaises.


Angela et François sont sur un bateau : pédalo ou Titanic ?
Pour l’instant, le résultat des élections françaises n’a pas eu l’effet attendu, une augmentation des taux à long terme et une baisse des marchés boursiers (encore que la journée d'aujurd'hui est difficile, mais elle est influencée essentiellement par la Grèce!). Nous sommes toujours dans une consolidation latérale, assez proche des supports techniques. Probablement, les investisseurs ont compris qu’était bien fini le temps où on craignait que les chars soviétiques ne débarquent Place de la Concorde, et surtout plus sérieusement que la marge de manœuvre du prochain président n’était finalement pas très élevée. Les vrais sujets reviennent toutefois au devant de l’actualité et c’est le risque grec qui se réapprécie et plonge les marchés dans une forte incertitude. Nous souhaitons donc ici refaire un point sur cette question et repréciser aussi nos orientations en matière de gestion d’actifs. Ayant repris le chemin de quelques conférences auprès des conseillers de gestion de patrimoine, votre attente est forte sur la compréhension des enjeux européens et sur l’analyse du risque.

Les grecs ont-ils le choix ?

vers un gouvernement d'union nationale. Comme précisé rapidement dans la conclusion de notre précédente lettre, c’est bien le risque grec qui domine aujourd’hui les interrogations. Sans revenir sur ce qui vient de se passer, rappelons les enjeux. En cette fin de semaine, le marché s’est focalisé sur les chances d’E. Vénizélos (Pasok) de parvenir à former un gouvernement de coalition après l’échec de la N.D. et de Syriza. Il souhaite renégocier l’ajustement budgétaire du pays, ce que l’Europe aura du mal à accepter, d’où la rétention de 20% de ce qui aurait dû être octroyé. Le Pasok aura du mal à convaincre les autres partis de s’associer à lui sans radicalisation de son discours, ce qui le décrédibiliserait quelque peu. Le marché a toutefois repris espoir dans l’après-midi de jeudi, considérant qu’il était probable qu’un gouvernement de coalition émerge. Ce sera peut-être au Président grec de convaincre tous les partis à s’unir derrière un gouvernement d’unité nationale. Pari risqué mais jouable !

Et si une stratégie de contournement de l'Allemagne pouvait fonctionner ?

Sur le plan européen, pour reprendre une expression assez banale, « les lignes bougent ». Ce qui est certain est que Merkel et Hollande ont compris l’importance de l’enjeu puisqu’un dîner aura lieu à Berlin dès le 15 mai, le jour de l’investiture et après une défaite assez lourde de Merkel ce dimance. Le Président français a déjà rencontré mercredi le Président de l'Union Européenne Herman Van Rompuy puis, jeudi, celui de l'Eurogroupe, le Premier ministre luxembourgeois Juncker. Le fait de les avoir rencontré n'est pas anodin. Pour François Hollande, "la relation franco-allemande est une relation première" mais il souhaite "voir les institutions européennes jouer tout leur rôle", excluant ainsi l'idée d'un "directoire" formé entre Paris et Berlin. Cette stratégie est risquée, mais peut s’apparenter à une stratégie de contournement. L’objectif est de trouver des alliés (M. Juncker pourrait en être un) face à la chancelière allemande, hostile à toute réouverture des négociations sur le pacte budgétaire. Les débats ne portent pas sur la forme juridique que doit prendre l'initiative de croissance, mais sur son contenu. S'il n'y a pas de croissance, cela vaut pour la Grèce, cela vaut pour toute l'Europe, les déficits ne pourront pas être réduits.

Une seule issue : réindustrialiser pour créer de la croissance et de l'emploi

Quelles solutions sont possibles ? On connait la feuille de route de François Hollande : des euro-obligations pour mutualiser les dettes des Etats européens ainsi qu'un refinancement direct des pays auprès de la Banque centrale européenne ou via la BEI. Peut-on dans une même équation parvenir à pratiquer des plans de relance, donc sauver les emplois sans accroître les déficits ? Quelques pistes existent si l’effort indutriel contribue à diminuer les déficits. On sait que l’énergie est un enjeu. Chaque année, les européens déboursent 400 Md€ pour payer leur pétrole et le gaz. Si on investit massivement dans les énergies renouvelables, ce qu’à d’ailleurs fait historiquement l’Allemagne, cette facture peut être réduite.

Plus généralement, c’est un programme de grands travaux européens d’infrastructure qu’il faut lancer. La commission parle d'une enveloppe d’ici 2020 de 1500 milliards d’euros pour redéployer le système productif vers les industries de l’avenir : nanotechnologie, biotechnologie, espace, TIC, nouveaux matériaux, agriculture du futur avec des investissements massifs dans la matière grise : recherche et innovation, université, formation continue. Ne vaut-il pas mieux donner cette somme directement au système productif que de les mettre auprès des banques qui continuent à bloquer les crédits et renvoient l’argent en dépot à la BCE ? Les sources de financement devront être multiples, publiques et privées. Il faudra par des incitations fiscales draîner l’épargne longue vers ces projets, créateurs d’emploi. La Communauté pourra d’ailleurs réduire les risques des investisseurs privés en garantissant la rentabilité des capitaux investis à long terme. Il s’agit bien d’un nouveau pacte industriel ambitieux et il serait dommage qu’Angela merkel bloque cette approche sachant que sa démographie vieillissante nuit à la pérennité de la puissance allemande.

En conclusion, François Hollande et Angela Merkel n’ont pas de temps à perdre. Ils devront aller droit au but et sceller au plus vite l’indispensable compromis franco-allemand sur la nature des mesures de relance de la croissance en Europe car, rallumé en Grèce, le feu couve à nouveau dans l’Union. Il faudra des compromis : mesures de libéralisation contre des investissements financés par des emprunts européens et plus de pilotage économique européen.

Un peu passé inaperçu, L’agence S&P prévient que les entreprises non-financières en Europe, Etats-Unis, Chine et Japon auront des besoins de financement d’environ 45 000 Md$ dans les 5 prochaines années (30 000Md$ de refinancement de dettes et 15 de nouveaux besoins pour financer la croissance). Or, l’agence s’inquiète de la réduction de la taille du bilan des banques et de la prudence des investisseurs. S&P craint donc une situation très tendue sur les marchés mondiaux du crédit corp., dans un contexte de crise dans la zone euro, de croissance molle aux Etats-Unis et de ralentissement en Chine.

Les résultats du T1 sont plutôt très favorables

En conclusion, nous restons dans un scénario de résolution de la crise car nous avons la conviction que personne (ni même Angela !) ne peut jouer la politique de pire, celle-ci serait suicidaire sur le plan politique, économique et social, la montée des extrémismes un peu partout en Europe le prouve. Nous croyons encore à l’intelligence et à la recherche du bien commun par les politiques ! Si ce scénario est le bon, alors la réalité micro-économique reprendra le dessus, et les marchés redeviendront efficients !

Ainsi, Les résultats publiés par les entreprises cotées sont favorables sur le T1 2012. Aux Etats-Unis, soutenus par la solide croissance dans les secteurs technologique et industriel et par les programmes de rachats d’actions, les bénéfices par action sont annoncés en hausse de 9,5%. 70% des entreprises ont « battu » le consensus, tant au niveau du chiffre d’affaires que des résultats. En Europe, sur un peu plus d’un tiers des entreprises du DJ EuroStoxx qui ont communiqué, 68% annoncent un chiffre d’affaires au-dessus des attentes et 56% font mieux au niveau des bénéfices par actions. Les entreprises allemandes du DAX affichent une performance nettement supérieure à leurs homologues des autres pays de la zone euro par rapport aux attentes du consensus, puisque 88% battent le consensus au niveau du chiffre d’affaires. La valeur théorique du CAC reste à environ 3700 points.

Bref, nous préférons l’histoire du pédalo à celle du Titanic !

Jean-Noël Vieille
Directeur de la gestion


HiXANCE ASSET MANAGEMENT SAS
10 rue Royale 75008 Paris
www.hixance.com

Mardi 15 Mai 2012




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