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Affaires et Psychiatrie, sans se prendre au sérieux (4/5) - Paranoïa appliquée : l'origine des menaces

Laissons nous d'abord guider par des méthodes d'investigation policière et posons nous la question : à qui profite le crime ?


Rémy Mahoudeaux
Rémy Mahoudeaux
L'ennemi naturel vient tout de suite à l'esprit. En France, nous avons la perfide Albion, les entreprises ont des concurrents. Les guerres auxquelles elles se livrent ne sont pas moins sanguinaires que celles qui opposent les tribus ou nations.

Les entreprises ont souvent des vocations impériales qui les poussent à croitre fût-ce au détriment d'autres entreprises : c'est la concurrence, une loi naturelle héritée du temps où, simple mammifère vivant en horde, l'homme aspirait à devenir le mâle dominant se réservant le monopole de la reproduction.

Cette lutte se déroule sur un champ de bataille multimorphe qui s'appelle le marché où les produits de l'une tentent de supplanter ceux de l'autre, où un protagoniste recrute et retiens les meilleurs profils d'employés et de dirigeants pour que le voisin d'en face n'en profite pas, où mieux subjuguer de « meilleurs » investisseurs est un atout, où qualifier des fournisseurs plus fiables et pérennes procure des avantages concurrentiels.

Bien sûr, cette guerre est une guerre policée : il y a des trêves, il y a des coalitions, même si c'est parfois illicite. Soulignons en outre que la fin d'une entreprise n'est pas forcément sa liquidation, bien au contraire. Une entreprise qui a réussi à faire saliver un pavlovien prédateur (incapable ou peu désireux de réaliser ce que sa cible a réussi à faire) se fera racheter à un prix satisfaisant pour ses investisseurs. La proie sera ensuite absorbée et se dissoudra.

La logique donne raison au proverbe : il est peu probable que nous soyons trahis par un ennemi ; les amis sont beaucoup plus qualifiés pour cela ! Bien sûr il arrive que des comportements déloyaux soient imputables à l'un des protagonistes de la relation employeur – employé ... (Sans préciser lequel : les deux classificateurs patrons voyous et salariés indélicats recrutent depuis l'âge de pierre). Mais en dehors de ces comportements extrêmes, il y a la simple insuffisance qualitative ou quantitative du facteur travail, quelle qu'en soit la cause, qui peut avoir des conséquences désastreuses. Pensons au trader qui, un jour de grande distraction, a confondu les champs « quantité » et « prix » lors du passage d'un ordre, au grand bonheur de quelques arbitragistes qui y ont vu une splendide occasion de doper leur bonus. C'est un bon exemple du rasoir d'Hanlon qui énonce de « ne jamais attribuer à la malignité ce que la stupidité suffit à expliquer. »

Un peu d'autocritique comme au temps des grands procès Staliniens : les actionnaires et les dirigeants d'une entreprise, dont le CFO fait partie, sont parfois à l'origine de décisions stratégiques désastreuses qui mènent à la ruine leurs entreprises. Une société peut péricliter après une acquisition du seul fait de l'incapacité du prédateur à l'intégrer avec les opportunités et les contraintes qu'elle présente.

Des actionnaires court-termistes, surfant sur l'aphorisme-postulat de Keynes (à long terme nous sommes tous morts), peuvent priver une entreprise de tout futur en asséchant ses ressources. Là encore, la malignité n'est pas nécessaire quand la bêtise est suffisante pour démolir une entreprise. L'insoutenable dans cette constatation, c'est qu'une entreprise ne devrait pas (à de rares exceptions près telle qu'être la cible d'une acquisition librement consentie et correctement anticipée) se suicider, même inconsciemment.

Il serait là encore fastidieux de tenter de lister avec précision les sources des menaces ... et prétentieux de jamais imaginer atteindre l'exhaustivité. Songeons simplement que des sociétés peuvent être condamnées du fait d'un marché qui se tarit ou qui mute : le passage de la photo argentique à la photo numérique est un exemple parfait de volumes qui s'effondrent suite à un saut technologique.

Gardons à l'esprit que des fonctionnaires présumés de droit divin peuvent, sans qu'une raison valable soit nécessaire, obérer la survivabilité de certaines entreprises par des abus de droit, que ce soit dans le domaine réglementaire, juridique ou fiscal. N'oublions pas que des établissements financiers, du fait du levier dont ils disposent parfois, peuvent acculer des entreprises à des décisions insanes, des actes contre-nature et dommageables. Comment ignorer que des conseils, des partenaires, des fournisseurs, des leaders d'opinion de toute nature et même des quidams que rien ne prédispose à cet effet peuvent considérablement menacer des entreprises. Bref tout l'écosystème dont l'entreprise se nourrit peut l'empoisonner à tout moment.

De qui l'entreprise doit-elle se méfier ? Pour reprendre la réplique célèbre de Peter Sellers dans the Pink Panther de Blake Edwards : « I suspect everybody » . Il avait raison !

Rémy Mahoudeaux
Managing Director, RemSyx

boss@remsyx.com
www.remsyx.com

Mercredi 20 Avril 2011




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