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A propos de crédit et de croissance…

Née du fordisme et de la production de masse, la « société de consommation » a pris son véritable essor après que les affres de la deuxième guerre mondiale se soient estompées, avec l’apparition des grandes surfaces de distribution et - concernant la France - après les événements de 1968 qui devaient déboucher sur un important développement du crédit à la consommation.


A propos de crédit et de croissance…
En 1985 l’endettement des ménages atteignait déjà 30% du PIB pour croître ensuite de façon soutenue… Aujourd’hui, la consommation autant que l’investissement, est devenue tributaire du crédit! Et, en raison d’une part toujours plus grande de la population précaire et pauvre, la consommation à crédit concerne de plus en plus les biens et services ordinaires, indispensables à la vie quotidienne…

Ainsi, agissant sur les deux piliers de l’économie que sont la production et l’investissement d’un côté, la consommation de l’autre, le crédit est devenu doublement nécessaire à l’activité économique moderne. La restriction du crédit à l’investissement comme la restriction du crédit à la consommation suffit pour ralentir dangereusement le moteur économique. Quand la restriction touche les deux piliers simultanément il faut nécessairement agir sur l’un et sur l’autre pour espérer réactiver la machine!

Mais si le crédit est doublement indispensable au fonctionnement de l’économie…il ne répond pas toujours présent !

En effet, le prêteur ne se manifeste que si, le temps du prêt, son capital engagé lui rapporte…en même temps que –a minima- se maintient sa valeur initiale…ou mieux augmente! En un mot le contexte doit être favorable à la confiance, favorable à la croissance et ainsi répondre à l’espérance de gain du prêteur. En cas de trop grande incertitude, de méfiance, le transfert de « pouvoir » entre le créancier possesseur du capital et l’emprunteur ne s’opère plus!

La domination du possesseur du capital sur l’emprunteur s’est exacerbée tout au long des dernières décennies pour en arriver, avec l’apparition de mastodontes de la finance, fonds de pension et autres fonds souverains, à des possesseurs de capitaux affichant des exigences de gain déraisonnable -à deux chiffres- n’ayant plus rien à faire avec les capacités de l’économie réelle, favorisant le développement de valeurs virtuelles… génératrices de bulles financières.

Comme corollaire, la gestion des entreprises s’est vue contrainte de souscrire à des exigences de rentabilité toutes axées sur le court terme, s’est vue obligée à une réduction effrénée des charges salariales (à noter ici que le vocabulaire de « charges » est traditionnellement utilisé en comptabilité pour signifier la rémunération du travail, alors que cette dernière constitue la valeur ajoutée créée par l’entreprise tout autant que la rémunération du capital!)…

Le tout accéléré par le jeu des délocalisations et l’extraordinaire capacité du monde financier à inventer des produits sophistiqués, complexes, rendant toujours plus opaque le réel et catalysé par les nouvelles techniques de communication pour des transferts ininterrompus et toujours plus rapides de valeurs numériques et virtuelles d’un bout à l’autre de la planète, avec l’espoir de toujours plus de prise de valeur et de rentabilité du capital… et finalement pour en arriver à une crise économique et sociale majeure.

Donc le créancier n’est enclin à se manifester que dans un contexte de croissance. Traditionnellement de croissance forte, toujours plus forte! (cupidité oblige!). On peut cependant espérer, parmi les résultats de la crise en cours et à considérer comme « très positifs », que le créancier deviendra plus raisonnable dans ses attentes, plus soucieux d’apprécier le réel face au virtuel. Mais en attendant, de la même façon que chat échaudé craint l’eau froide, le créancier est aujourd’hui devenu méfiant et frileux…

Si le crédit est une condition nécessaire à la croissance ! Il n’est disponible que dans un contexte de confiance…

Mais l’exemple des subprimes et autres crédits inopportuns, celui de la crise immobilière (majeure comme la vit l’Espagne), sont l’occasion de se demander si le crédit est une condition suffisante à la croissance!

En effet, l’allocation inadaptée de crédit provoque rapidement le discrédit puis l’opprobre sur l’emprunteur dans l’incapacité de rémunérer et de rembourser son emprunt. Elle provoque la ruine du capital pour le prêteur.

Même pour l’Etat emprunteur, si d’aucuns admettent que la dette n’est pas un problème majeur, elle le devient le jour où les créanciers, perdant confiance, ne répondent plus! Concernant les situations micro-économiques et individuelles, la croissance de ressources nécessaire au paiement des intérêts et au remboursement de la dette n’étant pas au rendez-vous, entraîne faillites et autre dépôt de bilan lorsqu’il s’agit d’entités privées, marginalisations et autres mises au ban quand il s’agit de situations familiales ou individuelles. Alloués massivement, de tels crédits deviennent source de perte de confiance chez les créanciers voire de ruine généralisée.

A noter aussi que dans un contexte où l’emploi est une problématique récurrente, la course à la rentabilité du capital qui aura marqué les dernières décennies a eu pour corollaire des investisseurs particulièrement soucieux d’engagements uniquement dans des projets sélectionnés pour leur très faible temps de retour d’investissements…Des stratégies néfastes pour une rémunération du travail équitable, pour l’emploi (avec les conséquences que nous savons sur la capacité à consommer des salariés notamment), pour les visées à long terme…

A l’instar de la problématique de l’œuf et de la poule, de l’offre et la demande, on peut maintenant s’interroger sur la primauté entre crédit et croissance. Par quoi faut-il commencer ? Si la croissance est plutôt favorable à l’offre de crédits, faut-il attendre la croissance pour développer cette offre? Est-il préférable que l’offre de crédit prenne le pas sur la croissance… quand on sait que le crédit ne génère pas systématiquement la croissance (d’autant moins que dans une analyse circonscrite comme peut l’être la croissance du PIB national on sait que le crédit à la consommation induit une part très significative d’importation de produits low-cost!).

Pour ceux qui ne font pas confiance à une quelconque main invisible qui aurait la capacité de rééquilibrer tous les excès, il est sage de penser que la meilleure des stratégies est d’éviter -a priori- les trop grands déséquilibres entre allocation de crédit et croissance (sans oublier la part de crédit à la consommation qui est nécessaire à la dynamique économique moderne).

Il est donc indispensable qu’un bon équilibre puisse s’établir et se maintienne entre la croissance et le crédit, d’une part à la consommation, d’autre part à l’investissement…

Mais, quid en cas de croissance négative, … de récession : ce que nous vivons actuellement !

Alors il est impératif de « relancer » la machine qui est en passe de se bloquer : il faut agir! Et l’intervention du politique (qui a repris une ascendance « normale » sur l’économique à l’occasion de la crise actuelle) est indispensable. Mais il doit plus que jamais se rappeler que l’essor économique connu après 1968… a été consécutif au développement du crédit à la consommation !

De la même façon qu’un moteur consomme du carburant pour son accélération propre avant d’atteindre un régime qu’on veut plus élevé, l’économie a besoin de davantage de crédits pour sa relance, c’est son carburant !

S’appuyant sur sa crédibilité pour trouver les fonds nécessaires (la crédibilité reste la condition présupposée!), l’Etat est dans son rôle quand il s’investit dans la « relance »…Mais aujourd’hui, nous l’avons rappelé, relancer la machine économique suppose que, simultanément, l’investissement (préférentiellement dans des secteurs « porteurs »!) et la consommation soient soutenus… Pour cette dernière, l’Etat joue un rôle utile à la relance quand il intervient agissant comme re-distributeur de richesses auprès des plus démunis en leur accordant une allocation directe et circonstanciée de ressources. De même, l’Etat joue un rôle utile quand il intervient comme modérateur afin que soient évitées les situations inopportunes consécutives à des excès dans l’allocation du crédit à la consommation, aussi bien du côté prêteur (taux du prêt, renouvellement..) que du côté emprunteur (surendettement…).


Toutefois, selon notre point de vue, de nombreuses crises seraient être évitées si une plus grande équité était respectée lors de la redistribution de la valeur ajoutée créée par l’activité économique, entre tous les acteurs socio-économiques, entre la rémunération du capital et la rémunération du travail (les salariés sont d’abord des consommateurs avant d’être des épargnants !).

Alors nous pensons que l’entreprise a un rôle essentiel à jouer dans la mesure où elle est, par nature, voire par excellence, le lieu de production et de redistribution de valeur ajoutée, donc de croissance…

Notre conviction est telle que nous avons mené une réflexion approfondie* (travaux universitaires entre 1999 et 2001) sur le partage de la valeur ajoutée créée par l’entreprise pour finalement proposer de nouvelles modalités de rémunération du capital et du travail visant une meilleure équité de rémunération entre les acteurs internes et externes à l’entreprise, entre les dirigeants et les salariés…modalités qui, généralisées, peuvent déboucher sur de nouvelles perspectives de développement …harmonieux.

Dans l’entreprise en crise, en difficulté comptable, le passage au modèle que nous préconisons permet dans de nombreux cas de recouvrer une situation assainie en même temps que la flexibilité induite par les nouvelles modalités de rémunération assure un partage plus équitable et durable de la valeur ajoutée existante… permettant par ailleurs de maintenir l’emploi plus longtemps partout où la solidarité entre tous est présente.

Au bout du compte, il est à nos yeux essentiel qu’à la sortie de la crise actuelle le phénomène du culbuto soit évité et qu’on en revienne pas à la situation antérieure du point de vue du partage de la croissance, quelle que soit sa valeur, qu’elle soit faible ou forte ou, plus probablement, modérée pour le plus grand nombre des pays, compte tenu d’une quasi certaine envolée des coûts d’une énergie toujours aussi indispensable à la croissance mais de moins en moins fossile, de plus en plus manufacturée et rare…une envolée d’autant plus forte que la croissance sera elle-même forte!

*Voir par exemple l’ouvrage «Pour plus de solidarité entre le capital et le travail…ou de nouvelles chances pour l’emploi» et les articles associés sur le site des ed. l’Harmattan ou l’article «Pour une nouvelle gouvernance d’entreprise fondée sur le resserrement des liens entre actionnaires et salariés… » sur le site CFO-news.


Mardi 5 Mai 2009




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