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2010 : un monde qui change

En cette fin d'année 2009, la dynamique de l'économie globale a une allure très particulière et plutôt originale. Plusieurs pays émergents ont déjà absorbé le choc violent qui a affecté l'ensemble du monde fin 2008. Leur niveau d'activité est supérieur ou égal à celui constaté avant cette crise. C'est le cas de la Chine, mais aussi de la Corée ou du Brésil.


Les pays développés sont encore loin d'une telle situation. Pour eux, un retournement a été constaté au printemps 2009. En dépit de cette reprise, le niveau d'activité restait, à la fin du 3e trimestre, de 3 à 8 % au-dessous du point haut observé durant la première partie de 2008. Pour les Etats-Unis et pour l'Europe, cet état des lieux se traduit par un recul marqué de l'emploi. Pour restaurer leurs marges, les entreprises ont ajusté celui-ci à la baisse pour qu'il soit cohérent avec le niveau de l'activité, alimentant par là-même un taux de chômage généralement très élevé.

La reprise de l'activité va changer la donne et engendrer de nouvelles créations d'emplois au premier semestre 2010. Toutefois, les ruptures de l'activité et de l'emploi ont été telles que la résorption du taux de chômage prendra du temps. Cette situation qui dure entretient une grande incertitude du côté des ménages. Associé à des prix d'actifs (immobiliers notamment) encore très bas, cet environnement a tendance à provoquer une hausse du taux d'épargne.

La problématique des pays développés
La forme que prend la situation macroéconomique des pays développés devient alors lisible. Les entreprises ajustent leur comportement au nouvel environnement, notamment via l'emploi. Elles retrouvent ainsi des marges de manoeuvre et degrés de liberté pour satisfaire la demande lorsque celle-ci se manifestera. Les ménages ont adopté un comportement prudent et contraint au regard de la dynamique médiocre du marché du travail. Le changement d'orientation de l'activité constaté depuis le printemps 2009 doit beaucoup au support massif des banques centrales et gouvernements. La dynamique vertueuse entre les entreprises et les ménages ne s'est pas encore remise en place. Le retrait des politiques économiques accommodantes est donc complexe à mettre en oeuvre car ce sont elles qui déterminent la demande adressée aux entreprises. Cette dynamique va se poursuivre en 2010 mais pourrait cependant être amendée si les pays industrialisés réussissaient à capter l'expansion durable de l'activité des pays émergents. L'Allemagne a déjà réussi cet exercice au regard de la dynamique des commandes à l'industrie.

Quelles relations entre pays développés et émergents ?
L'interaction entre pays développés et émergents va être l’une des clés de l'année 2010. Ces derniers ont pu retrouver un niveau d'activité élevé en dépit de la récession qui affecte encore les pays développés. Cette situation traduit une plus grande autonomie ainsi que la mise en place de liens commerciaux et financiers entre pays émergents.
Face à leurs difficultés internes issues de la crise, les pays industrialisés souhaiteraient donc pouvoir capter plus directement la robustesse des émergents. Cela sera d'autant plus nécessaire que l'on ne perçoit pas, à ce jour, de reprise homogène aux Etats-Unis ou en Europe. L’amélioration de la situation des PME est bien moins marquée que celle de la moyenne des entreprises ; une fragilité (et potentiellement une perte de substance) qui se reflète dans la fermeture de PME. Il y a, dans cette hétérogénéité, un facteur d'incertitude.

Vers une amélioration en 2010
L'activité s’améliorera en 2010 mais à un rythme modéré et très en deçà de celui qui aurait dû être observé en sortie de récession. La combinaison des trois crises, financière, bancaire et économique, a affecté très profondément les comportements. L'ensemble des chocs subis a de la persistance ne permettant pas spontanément un retour à la tendance antérieure. Aux Etats-Unis, la mise en place d'un nouveau plan de soutien qui pourrait être centré sur l'emploi dans les PME permettra de rassurer sur la robustesse et la pérennité de la reprise. En Europe, la situation est hétérogène sur le plan géographique. Plusieurs pays ont un modèle de croissance qui ne fonctionne plus de la même façon qu'avant crise. L'Espagne, l'Irlande, la Grèce et le Portugal doivent définir les sources nouvelles qui alimenteront la dynamique de leur économie, remplaçant l'ancien modèle devenu inefficace. Cela constitue un frein à l'amélioration rapide des perspectives de croissance pour l'ensemble de l'Europe. En outre, la volatilité des taux d'intérêt de ces pays (notamment en Grèce et en Irlande) sont des sources d'incertitudes qui pénalisent l'ensemble du Vieux Continent.
Cette situation de fragilité constatée sur l'économie des pays industrialisés se reflète dans une absence de tensions sur l'appareil productif et sur le marché du travail. En conséquence, l'accélération constatée au début d’année en raison d'une comparaison défavorable des prix de l'énergie n'aura pas de persistance. Le taux d'inflation va évoluer en cohérence avec le prix du pétrole. Si celui-ci se stabilise, même autour de 70 - 80 dollars le baril, le taux d'inflation restera très bas en moyenne sur l'ensemble de l'année.

Quelles politiques pour les banques centrales ?
Pour les banques centrales des pays industrialisés, la situation globale incite au maintien du taux d'intérêt de référence à un niveau très bas. Les autorités monétaires réitèrent régulièrement ce message afin de stabiliser les anticipations des investisseurs sur les marchés. Les banquiers centraux marquent leur volonté de prendre des engagements afin de ne pas contrarier la reprise de l'activité. Ce leitmotiv est perçu comme rationnel et crédible de la part des intervenants sur les marchés financiers puisque les anticipations d'inflation restent très modérées. En conséquence, les taux d'intérêt devraient être relativement stables tout au long de l'année 2010. Du côté des émergents, la situation sera plus complexe car le cycle économique est déjà avancé et générateur de contrainte comme cela a été expliqué par la Banque 'Australie (1) qui, à l'automne 2009, a remonté son taux de référence à trois reprises afin de s'inscrire correctement dans le cycle économique. On ne peut exclure d'autres mouvements en 2010 au Brésil, en Corée ou encore en Argentine. Le caractère particulier du cycle actuel apparaîtrait alors immédiatement puisque les pays émergents adopteraient des stratégies plus agressives, plus rapidement que les pays industrialisés. Ce nouveau rapport de force reflète aussi un monde qui change.

(1) Plus d’informations : www.rba.gov.au

Analyse Macro par Philippe Waechter, Directeur de la Recherche Economique Natixis Asset Management

2010 : un monde qui change

Janvier 2010
www.am.natixis.com

Mercredi 13 Janvier 2010




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