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Pourquoi dire la vérité quand on peut mentir en toute impunité ?

On peut s’interroger en ce moment, en écoutant les déclarations des hommes politiques et celles des dirigeants du patronat, pourquoi dire la vérité quand on peut mentir en toute impunité ?


Jean-Aymon Massié
Jean-Aymon Massié
En effet depuis le choc de la faillite de Lehmann Brothers, la menace systémique de septembre 2008, l’épreuve de vérité sur l’endettement des banques de financement et d’investissement, les pratiques des hors bilan et l’abus généralisé de paradis fiscaux …nous subissons un concert très cohérent et magistralement dirigé sans fausse note de vrais mensonges rassurants, de contrevérités apaisantes, d’affirmations irréalistes en toute impunité.
On nous assène de faux problèmes, de fausses pistes donnant la priorité de l’information à des aspects mineurs afin de masquer les vrais problèmes.
Prenons un exemple : la campagne contre les traders et leurs rémunérations indécentes, rendus responsables de tous les maux ; c’est une fausse piste, car le vrai problème est celui de la régulation de l’ingénierie financière et de la supervision des établissements financiers ; le vrai problème est d’imposer aux banques de cesser leur activité spéculative et courtermiste pour retrouver leur mission première, celle de financer l’économie réelle.

C’est pourquoi dans la Lettre trimestrielle n°21 de juin de l’Association Française de Gouvernement d’Entreprise (AFGE), nous avons choisi de donner la parole à Mme Andrée de SERRES et à M. Robert POULIOT, universitaires canadiens (UQAM, Montréal) pour parler de la responsabilité fiduciaire et présenter les indicateurs de mesure de la performance fiduciaire. Depuis, Robert POULIOT, coordinateur du programme FID Risk, avec la participation du groupe d’experts du Collège des investisseurs canadiens, a produit cet automne 2009 un remarquable ouvrage « Le coût de la confiance », présentant 25 principes de risque fiduciaire en gestion de portefeuille ; plusieurs dirigeants de caisses de retraite ont collaboré à ce « code des codes ».
La Lettre n°22 de septembre était consacrée à la régulation nécessaire pour corriger les dysfonctionnements reconnus de la régulation, de la supervision et de la gouvernance d’entreprise. La présidente de la SEC, le président du CESR, des représentants du FSA et de l’AMF se sont exprimés ; des économistes et des juristes ont présenté leur point de vue.
La Lettre n°23, de décembre, en préparation, permettra de confronter ces mesures avec les réactions des entreprises (c'est-à-dire les émetteurs de valeurs mobilières), les investisseurs institutionnels, les caisses de retraite et les autres actionnaires de long terme, acteurs des marchés financiers.

Revenant sur le contenu de la Lettre n°22, de l’AFGE de septembre, je voudrais défendre avec énergie, mais aussi avec conviction l’urgente nécessité pour les Etats et les institutions internationales de renforcer d’une part les mesures de régulation et de supervision des établissements financiers, de doter d’autre part les régulateurs publics, qui s’expriment dans cette Lettre 22, d’une autorité accrue et de moyens renforcés de contrôle, afin de faire respecter la régulation, de faire appliquer les sanctions et de rétablir la peur du gendarme.
Si ces mesures de régulation ne sont pas adoptées et l’hostilité des banquiers surmontée, la récession économique et les destructions d’emplois se poursuivront ; la confiance des citoyens dans leur banque et leur compagnie d’assurance sera perdue durablement.
La confiance des clients et des parties prenantes, ainsi qu’une bonne réputation sont un bien précieux pour les établissements de crédit ; mais la confiance ne se décrète pas, elle se mérite et elle s’entretient.

En réaction à tous ces mensonges, les investisseurs regroupés ont l’obligation de rechercher la vérité, de dialoguer avec les émetteurs et les sociétés de gestion, de proposer avec fermeté les réformes de la gouvernance , qui assureront la pérennité des entreprises et leur performance durablement. Les investisseurs regroupés ont un devoir de vigilance et d’alerte à l’égard des autres actionnaires désorientés et dépourvus des moyens, nécessaires pour assurer leur « légitime défense ».

Comme nous avons perdu confiance dans les régulateurs privés discrédités (les agences de notation ayant failli à leur rôle), nous recommandons aux investisseurs, actionnaires vigilants et actifs, de s’imposer comme régulateurs privés, de procéder sans tarder à un audit de la bonne gouvernance des entreprises et à un audit de la régulation.

Lorsque nous avons exposé, en septembre dernier, ce rôle à des organisations telles que le Groupe international de recherche en éthique financière et fiduciaire (GIREF), la Coalition pour la protection des investisseurs, la Canadian coalition for good governance, le FAIR et le MEDAC à Montréal et à Toronto, nous avons reçu un accueil très favorable à ces propositions. Car ces investisseurs, s’exprimant avec lucidité, sont conscients des enjeux et inquiets de l’avenir des caisses de retraite canadiennes. Les organisations françaises et européennes équivalentes, confrontées aux mêmes inquiétudes, devraient se joindre à ces pionniers Québécois et Canadiens, déterminés à défendre les intérêts des générations futures, à rétablir le sens des responsabilités plus efficace que la peur du gendarme, que le régulateur public ne parvient pas à imposer.

Engendrée par la crise financière, la crise économique et sociale en cours devrait inéluctablement déboucher sur une grave crise culturelle et institutionnelle, que la myopie des dirigeants et l’égoïsme des bénéficiaires de ce régime du « laisser faire » tentent d’occulter, en vain.

Jean-Aymon MASSIE
Président de l'AFGE
Association Française de Gouvernement d'Entreprise
8 rue Henri Regnault - La Défense 6
92400 COURBEVOIE
www.afge-asso.org

Mardi 3 Novembre 2009




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