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Politique économique : diktat allemand

Berlin veut imposer un «pacte de compétitivité» à l’Union. Qui osera lui résister ?


Politique économique : diktat allemand
L’Allemagne prendra de façon très tangible les commandes de la zone euro aujourd’hui, en imposant à ses partenaires l’examen d’un «pacte de compétitivité» qui fait grincer des dents mais auquel personne, sans doute, n’osera s’opposer frontalement.

Les chefs d’Etat ou de gouvernement des Vingt-Sept se retrouveront à Bruxelles pour un sommet en trompe-l’oeil. Il était censé porter sur le développement de la politique européenne de l’énergie et de l’innovation; une fois de plus, ces thèmes seront occultés par d’autres, qui seront débattus à huis clos, lors du d’un déjeuner: le renforcement de la gouvernance économique dans l’Union et la situation en Egypte ainsi qu’en Tunisie.

Dans un projet de conclusions, dont nous avons pris connaissance, les Vingt-Sept réitèrent leur engagement de trouver lors d’un autre sommet, les 24 et 25 mars, des compromis sur plusieurs questions clés: la consolidation de la discipline budgétaire, l’identification de certaines réformes structurelles indispensables, l’extension de la capacité d’action du fonds d’aide provisoire aux Etats membres de la zone euro en difficulté qui a été instauré en 2010 ou encore la création, en 2013, d’un mécanisme de stabilisation permanent de l’eurozone.

Ils insisteront également sur la nécessité de réaliser au printemps des tests de résistance (stress tests) plus «ambitieux» – comprenez: plus sérieux – qu’en 2010 sur les banques.

Surtout, ils discuteront du «pacte de compétitivité» dont l’Allemagne – soutenue par la France – souhaite désormais imposer le respect à tous les pays de la zone euro, auxquels pourraient se joindre d’autres Etats qui n’ont pas encore adopté la monnaie unique.

Berlin, qui entend «atteindre une nouvelle qualité de la coordination des politiques économiques» en Europe, a levé mercredi un coin du voile sur ses intentions précises. Il veut entre autres que soit abolie l’indexation des salaires en fonction de l’inflation, plafonner légalement l’endettement des Etats, instaurer une règle liant l’âge de la retraite à l’évolution de la démographie, fixer un taux minimum d’impôt sur les sociétés ou encore accélérer la reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles en Europe.

Plusieurs de ces sujets sont «brûlants », témoigne un ambassadeur, en rappelant entre autres le refus répété de l’Irlande d’accroître l’imposition des sociétés établies sur son territoire. Par ailleurs, la méthode, purement intergouvernementale, prônée par l’Allemagne pour parvenir à ses fins ne laisse d’inquiéter les petits pays de l’UE, qui redoutent plus que jamais l’émergence d’un directoire des grands à Bruxelles. Malgré tout, aucun Etat ne s’opposera sans doute à ce que les idées allemandes soient creusées lors d’un sommet extraordinaire de l’eurogroupe, qui devrait être convoqué le 4 mars.

C’est que «tout le monde est coincé», poursuit l’ambassadeur. D’une part, il serait malvenu de ruer dans les brancards alors que la zone euro est actuellement dans l’oeil du cyclone, en raison de l’état des finances publiques de plusieurs de ses membres; d’autre part, Berlin fait du «chantage»: il a établi un lien plus ou moins direct entre son appui au renforcement de la solidarité financière entre les Dix-Sept et la création de son «pacte de compétitivité». Seule la Commission européenne a osé hausser le ton.

Son président José Manuel Durão Barroso, a critiqué mercredi devant les eurodéputés le fait que l’Allemagne veuille agir «en dehors du cadre de l’Union».

Les porte-parole de la Commission ont enfoncé le clou, hier, en soulignant «qu’il ne faut pas réinventer a roue», alors qu’il existe les «interactions» entre les propositions de Berlin et celles que Bruxelles a récemment faites (dans le cadre de son premier «examen annuel de la croissance» dans l’UE) et qu’à ce jour, personne n’a pu «démontrer» que l’intergouvernementalisme permettait d’obtenir de meilleurs résultats que la «méthode communautaire ».

José Barroso proférera-t-il aujourd’hui de nouvelles incantations face à la chancelière allemande, Angela Merkel, dont il sait le gouvernement fragile et confronté à la perspective d’une dizaine d’élections régionales délicates, en 2011? Le doute est permis.

L’Agefi, quotidien de l’Agence économique et financière à Genève
www.agefi.com

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Vendredi 11 Février 2011




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