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Pas de sortie de crise sans progression des revenus

Trop de ménages moyens avaient acquis des maisons qu’ils ne pouvaient se payer. Trop de propriétaires avaient profité de la flambée du marché immobilier pour emprunter davantage. Trop de consommateurs avaient abusé de leurs cartes de crédit. Trop de sociétés cotées en bourse avaient décidé de racheter une partie de leurs titres. Trop de banques avaient consenti des prêts douteux. Trop de fonds spéculatifs (hedge funds) avaient misé l’argent de leurs clients sur des produits dérivés sophistiqués. Trop d’entreprises avaient décidé d’acheter d’autres sociétés en contractant des emprunts. Notre crise a incontestablement été induite par des endettements excessifs et donc par une proportion écrasante de débiteurs qui se révélèrent insolvables à mesure de l’implosion de la bulle. Interruption du crédit, recul de l’activité économique, stagnation de la consommation et remboursement – voire annulation partielle forcée- des dettes constituèrent le cocktail explosif ayant marqué la période 2007 – 2011 et connu en anglais sous l’appellation de « deleveraging ».


Michel Santi
Michel Santi
Près de cinq ans après l’effondrement des subprimes au printemps 2007, les ménages américains ont réussi le tour de force de réduire notablement le ratio de leurs dettes ramené à leurs revenus, le ramenant ainsi de 125 à 110%. Ce résultat est le meilleur de tous les pays industrialisés aux économies modernes et intégrées mais il est vrai que les ménages américains battaient aussi tous les records en termes d’endettements. Aujourd’hui, les signaux et les chiffres sont sans équivoque : le consommateur US recommence à dépenser mais il ne jouera définitivement plus ce rôle, qui fut le sien dans le passé, de locomotive de l’économie globale. Les établissements de crédit ont appris la leçon et sont effectivement devenus très stricts dans l’octroi de prêts hypothécaires, ce qui augure d’une reprise économique américaine – voire mondiale – assez moyenne. Souvenons-nous que ces financements adossés à l’immobilier offraient à eux seuls 3 points de croissance supplémentaires aux Etats-Unis pendant la période du boom immobilier ! Ainsi, en dépit des ventes immobilières attendues en progression de plus de 10% cette année et malgré les nouvelles constructions prévues en augmentation de 18% en 2012, le marché immobilier baissera encore de l’ordre de 3 à 4% sur cette même période, ce qui combiné à un taux de chômage supérieur à 8%, devrait condamner à davantage de deleveraging.

Pourtant, le remboursement des dettes est quasiment inefficient dès lors qu’il se réalise dans un contexte général de revenus stagnants. Nous ne le répèterons jamais assez : la croissance ne reviendra que grâce à des politiques publiques visant à promouvoir le plein emploi et l’amélioration des revenus. Une fois de retour, cette croissance ne sera maintenue durablement qu’à la faveur d’une redistribution judicieuse et équitable, vitale pour rétablir le lien entre une productivité qui croît tout en se répercutant sur des salaires qui augmentent. Sans progression des revenus, nulle croissance sur les moyen et long termes. A moins que nos politiques et dirigeants économiques n’aient fait le choix délibéré de transformer notre nation en une société de rentiers…

Economiste et Analyste Financier (indépendant)
www.gestionsuisse.com

Vendredi 23 Mars 2012




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