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Pas de panique, l'inflation revient !

« Au secours, l'inflation revient ! ». Après deux ans de déflation quasiment ininterrompue, la zone euro retrouve (enfin !) le chemin de l'augmentation annuelle des prix. Ainsi, alors qu'il était encore négatif en mai dernier, le glissement annuel des prix à la consommation eurolandais a atteint 1,1 % en décembre, un plus haut depuis septembre 2013.


Marc Touati
Marc Touati
Ce n'est pas trop tôt ! Après bientôt deux ans de « planche à billets » de la BCE, il était temps de sortir de la déflation. Pour autant, il n'en a pas fallu plus pour rallumer les lanternes des monétaristes invétérés qui n'ont pas tardé à annoncer le retour de l'hyperinflation. Soyons sérieux : les risques d'avènement de cette dernière sont extrêmement faibles, voire inexistants. Et ce pour au moins sept raisons.

Un. L'augmentation récente de l'inflation n'est qu'un effet de correction de la faiblesse passée et une conséquence logique de l'augmentation des cours des matières premières.

Deux. En dépit d'une inévitable augmentation liée à l'amélioration de la croissance mondiale, les prix des matières premières ne devraient pas flamber comme en 2007-2008. En effet, en 2007, après avoir déjà atteint 5,5 % l'année précédente, la croissance mondiale était de 5,7 %. En 2017, elle sera d'au mieux 3,3 %.

De plus, en 2008, la tension excessive des cours des matières premières était avant tout due à un mouvement spéculatif, lui-même lié à une forte baisse du dollar, qui était notamment alimentée par l'augmentation du taux refi de la BCE qui renchérissait mécaniquement l'euro. En 2017, le dollar restera fort, l'euro faible et les cours des matières premières en augmentation modérée (au plus 10 %).

Enfin, pour ne parler que du pétrole, l'offre mondiale d'or noir reste encore supérieure à la demande, réduisant par là même les risques de pénuries à venir. Autrement dit, si un baril à 65 dollars (voire 70) nous paraît envisageable, un baril à 100 dollars et au-delà semble exclu.

Trois. Compte tenu du caractère modéré de la croissance mondiale, l'inflation par la demande restera contenue. Et ce d'autant que les risques politiques et bancaires qui pèsent sur la sphère économico-financière internationale empêcheront toute euphorie.

Quatre. Cette croissance modérée ne permettra aucunement de tendre les taux d'utilisation des capacités de production sur des niveaux élevés. Et ce d'autant que ces derniers connaissent actuellement des planchers. Autrement dit, de nombreux mois s'écouleront encore avant que les capacités de production soient utilisées à plein, empêchant ainsi tout risque de flambée des coûts de production, donc, in fine, de l'inflation.

Cinq. Dans le prolongement de la faiblesse des tensions exercées sur l'appareil productif, le chômage demeure élevé dans de nombreuses parties du globe, en particulier en Europe (excepté en Allemagne et au Royaume-Uni). Autant dire que la flambée des salaires qui pourrait être un prélude à une forte hausse des prix n'est ni pour demain, ni pour après-demain. Et même aux Etats-Unis, où le plein-emploi règne, la progression des salaires est et demeurera limitée.

Six. N'oublions pas que même si la reprise est plus vigoureuse que prévu (espérons-le d'ailleurs), le fort degré de concurrence internationale empêchera les entreprises d'augmenter leurs prix de façon excessive. Et même si les coûts de production progressent et progresseront encore dans les pays émergents, les marges de gains de productivité et de réduction de coûts restent encore très élevées à travers la planète.

Sept. A supposer que l'inflation par la demande refasse tout de même surface, les banques centrales auront toute latitude pour remonter leurs taux directeurs et contrecarrer par là même tour dérapage inflationniste.

Au total, le risque d'hyperinflation et même d'une inflation supérieure à 3 % apparaît hautement contenu.
Il est donc urgent de calmer les ardeurs des monétaristes, en particulier à la Banque Centrale Européenne et à la Fed. Il s'agit d'ailleurs là d'un des principaux risques de l'année 2017. Car si, par excès d'orthodoxie, la BCE et la Fed « s'amusent » à resserrer trop rapidement et/ou trop fortement leur politique monétaire, le peu de reprise économique qui se dessine depuis quelques mois risque de partir en fumée. En particulier dans la zone euro, qui demeure toujours fragilisée par un taux de chômage trop élevé.

Plus fondamentalement, il ne faut pas oublier l'essentiel : un peu d'inflation n'a jamais tué personne. Bien au contraire, une inflation comprise entre 2 et 3 % est normale en phase de reprise et peut même dynamiser la consommation, donc la croissance, puis l'emploi.

En effet, elle permet aux entreprises de mieux répercuter l'augmentation des coûts sur les prix de vente, donc de maintenir un niveau appréciable de leurs marges et des salaires qu'elles distribuent. De plus, un peu d'inflation incite les ménages à ne pas différer leurs achats mais, au contraire, à dépenser au plus vite. Une dynamique de la demande s'installe alors, créant plus d'emplois, donc plus de revenus et plus de consommation.

Le retour d'une inflation entre 2% et 3 % n'est donc pas dangereux mais, au contraire, souhaitable car il confirmera que la crise et les risques de déflation sont bien derrière nous. Et ne l'oublions pas : mieux vaut une inflation à 2 %, avec une croissance à 2,5 %, qu'une inflation de 0 %, avec un PIB en baisse de 2 % !

Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).

www.acdefi.com


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Lundi 16 Janvier 2017




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