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Paiements internationaux : prendre l’avantage sur la concurrence grâce à une meilleure gestion de liquidité

En octobre 2009, réagissant à la crise bancaire, l'autorité des services financiers du Royaume-Uni (Financial Services Authority) a enfin publié la version définitive de sa réglementation relative aux risques de liquidité, exigeant des banques qu'elles gèrent mieux leur liquidité.


L’assèchement des liquidités avait presque paralysé le système financier et ainsi contribué à l'effondrement économique. En conséquence, le niveau des réserves liquides est relevé pour garantir que la prochaine fois qu'une banque connaîtra une crise dont elle aura été à l’origine, ou que le système dans son ensemble sera sur le point de s'effondrer, les liquidités continueront à circuler plus longtemps. Avant la crise financière mondiale, de nombreuses banques considéraient que leur gestion de la liquidité était raisonnablement efficace. Mais elles se sont mises à réexaminer leurs processus de gestion de la liquidité, ce qui leur prendra probablement une bonne partie de l'année 2010.

L'importance de la gestion de liquidité

La liquidité est une condition essentielle de la viabilité de toute organisation bancaire, et sa gestion fait, et a toujours fait partie, des activités les plus importantes des banques.

Alors même que les banques réexaminent leurs processus de gestion des liquidités, les grands comptes demandent à leurs partenaires bancaires de nouveaux services pour mieux faire face aux effets du ralentissement économique. Ils ont besoin d'informations de meilleure qualité, mises à jour plus fréquemment, pour suivre leurs paiements et connaître leurs positions plusieurs fois par jour. Ces clients souhaitent aussi pouvoir choisir quels paiements de montants élevés doivent être effectués immédiatement et lesquels peuvent être reportés et comment investir la trésorerie excédentaire. Ces demandes de fonctionnalités supplémentaires et de meilleurs services s’ajoutent aux exigences réglementaires auxquelles les banques doivent s ‘adapter.

La gestion des liquidités entre dans une nouvelle ère, et il est évident que les gestionnaires des risques des banques doivent tirer les leçons des 18 derniers mois et adopter une approche différente de cette activité bancaire importante. Qu'est-ce qui a changé au juste ?

La gestion de liquidité : des paramètres en évolution

Du point de vue bancaire, la gestion de la liquidité est la capacité de financer l’augmentation des actifs et de faire face aux obligations lorsqu'elles arrivent à échéance. Il s’agit de disposer d'un éventail de dépôts aussi large que possible supposé protéger contre la pénurie de liquidités, comme cela a été le cas au cours des derniers mois. Pour les banques, en particulier les banques proposant les règlements bruts en temps réel (comme TARGET), les sources de liquidité sont essentiellement les soldes conservés sur leurs comptes à la banque centrale, les virements reçus d'autres banques membres du système, la prolongation des crédits par la banque centrale, les positions correspondantes et bilatérales, et les emprunts à d'autres banques par l'intermédiaire des marchés monétaires.

Toutefois, plus les activités financières deviennent complexes, plus il est complexe pour les institutions de répondre à leurs besoins de financement. En conséquence, il est important que les banques adaptent leur gestion des liquidités en fonction de cette évolution. En outre, la liquidité n’est plus seulement un enjeu pour une banque prise isolément : une pénurie de liquidités dans une banque peut avoir des répercussions sur l'ensemble d'un système ou d'un marché.

Même si les bouleversements récents du marché n’ont pas remis en cause les principes de base de la gestion des liquidités, le resserrement du crédit a mis en lumière deux domaines qui appellent des changements des pratiques de gestion des liquidités : les banques doivent pouvoir gérer les liquidités en continu au cours de la journée, et plus seulement quotidiennement, et elles doivent être capables de gérer de multiples positions de liquidité.

La gestion de positions de liquidité en continu et multiples

Les nouveaux systèmes de paiement lancés ces dernières années, comme le FPS au Royaume-Uni, CHIPS aux États-Unis et le SEPA, imposent des périodicités de règlement strictement définies. Les banques doivent donc effectuer un nombre de virements fixé, pour une valeur déterminée, dans les délais impartis. Respecter la date de valeur n’est plus suffisant. Il faut maintenant respecter des heures précises, ce qui constitue un changement par rapport aux pratiques antérieures de gestion des liquidités.

En conséquence, les banques doivent pouvoir mieux mesurer les flux de paiements et mettre en place des techniques de files d'attente pour les gérer. On pourrait dire que les opérations de paiement doivent s’inspirer des industries de process : suivi en temps réel, identification des déséquilibres et des blocages éventuels, établissement de plans de traitement des incidents plus sophistiqués. Chaque banque n’étant qu’un élément des systèmes de paiement mondiaux, tout blocage peut dépasser l’incident local pour devenir mondial.

La gestion des liquidités au cours de la journée est rapidement devenue un élément concurrentiel important des activités bancaires. Le besoin de liquidités au cours de la journée se révèle généralement facteur de coûts pour les banques, sous forme de coûts de financement et de coûts d'opportunité. En conséquence, les banques sont fortement incitées à réduire au mieux le besoin de liquidité au cours de la journée. Le niveau optimal de liquidité pour les banques sera en théorie à rechercher dans l’équilibre entre les coûts liés à l'obtention ou au maintien des liquidités, et les coûts liés au report des règlements. Il ne s'agit que de l'éternel dilemme risque/récompense, mais sur une échelle beaucoup plus grande.

Pour ces banques, nombreuses, qui sont présentes dans le monde entier, il est indispensable de gérer des positions de liquidité multiples dans les différentes devises et, dans le cas de l'euro, dans la même monnaie mais dans différents pays. L'euro ajoute en outre à la complexité de la gestion, car de nouveaux systèmes de compensation cohabitent avec les anciens, dont l’abandon ne progresse que lentement.

Les banques doivent donc faire face à plusieurs problèmes majeurs. Elles doivent gérer les liquidités au sein de chaque système de la manière la plus rentable ; elles doivent prendre en considération la façon de transférer les liquidités d'un système à un autre ; elles doivent enfin faire le choix du meilleur compromis entre les coûts de liquidité et les coûts de transaction parmi les différents systèmes de paiements.

Les banques sous pression

La récente évolution du marché a mis les banques sous pression. Maintenant que l’offre de « paiement juste à temps » a effectivement été introduite, les banques ont besoin de « stocks », (c’est-à-dire de liquidités) pour répondre aux demandes des clients. Il leur faut aussi faciliter l'intégration du commerce en ligne et la transmission des paiements en temps réel, avec une tarification compatible avec l’immédiateté du paiement.

Ces pressions entraînent un changement fondamental de la masse des informations à fournir et des vérifications en temps réel. Comme prévu, cela a entraîné l'obsolescence des systèmes de traitement par lots pour mettre à jour et surveiller les positions, et les clients exigent maintenant un accès à leurs propres positions à tout moment et en tout lieu. La capacité de suivre les garanties et de gérer les liquidités en temps réel devient vitale pour l’activité bancaire.

Une gestion précise et efficace de l’information est donc devenue essentielle pour la gestion de la liquidité. Si une banque n'a aucune visibilité en ce qui concerne ses liquidités et leur situation, leur gestion est impossible. En outre, dans cet environnement du temps réel, les banques doivent suivre les soldes courants et prévus. Elles ont besoin d'une vision globale des positions de liquidité dans toutes les devises qu'elles traitent et des principales opérations de compensation auxquelles elles participent, au niveau de la banque et de celui des clients.

Aller de l'avant

A l'heure actuelle, une bonne gestion des liquidités nécessite le suivi des paiements en temps réel. Les banques doivent être en mesure de suivre et de gérer les instruments de garantie pour créer des liquidités, de lier les garanties aux liquidités et d'affecter les garanties de façon appropriée. De plus, elles doivent maîtriser l’émission des règlements en fonction des soldes réels et prévus, en veillant à optimiser les positions afin de maîtriser les coûts.

La gestion des liquidités des banques devient cruciale aussi bien en interne qu'à l’extérieur. Les systèmes de paiements nationaux deviennent l’exception plutôt que la règle. L'avènement des systèmes paneuropéens dans le sillage de l'euro a développé des liens entre les systèmes au sein de la zone euro. De plus, l'interaction entre les mécanismes de compensation et de règlement est devenue plus courante à mesure que les différences entre les systèmes de règlements bruts en temps réel comme TARGET et les chambres de compensation automatisées se sont atténuées. Les préoccupations sur la liquidité qu’on associe habituellement aux systèmes de règlement brut portent maintenant également sur les chambres de compensation automatisées ainsi que sur les systèmes de compensation et de règlement de la banque « de détail ». Il est nécessaire aujourd’hui de gérer la liquidité à travers un nombre beaucoup plus important de processus de paiement.

À ce stade, les banques doivent être conscientes que la gestion de leur liquidité ne concerne plus seulement les banques elles-mêmes et leurs clients. Elle concerne aussi l'ensemble de la communauté mondiale dont elles font partie. Sous la pression grandissante des autorités de régulation, les banques prennent aussi conscience que la gestion de la liquidité, ainsi que la capacité de la gérer au fil de la journée, sont devenues des avantages concurrentiels importants, et même une condition de leur survie.

Marchés et économies mondialisés doivent pouvoir compter désormais sur des banques ayant mis en place les solutions leur permettant de gérer leurs multiples positions de liquidité tout au long de la journée et qui sont capables de faire de la gestion de la liquidité une source d’avantage concurrentiel pour elles-mêmes et pour leurs clients.

Jean-Michel Schneider, ACI Worldwide

Dimanche 13 Juin 2010




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