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Marc Conçu Vice-président Celerant France

«Les investisseurs ont montré qu’ils voulaient aider l’industriel»


Pouvez-vous brièvement nous présenter Celerant Consulting…

Marc Conçu
Marc Conçu
Celerant Consulting est un cabinet international de conseil en management spécialisé dans la mise en œuvre opérationnelle des stratégies d’entreprise. D’origine anglaise, il a été créé il y a plus de vingt ans.

Nous sommes aujourd’hui présents dans le monde entier, avec près de 200 personnes aux Etats-Unis et un peu plus de 400 en Europe. Nous accompagnons les entreprises dans leurs projets de transformation et les aidons à améliorer leurs performances financières, opérationnelles et humaines.

Vous avez étudiez dans votre dernier rapport l’état des relations entre industriels et investisseurs. Quel est-il et quelles grandes tendances se dessinent dans le contexte économique actuel marqué par la crise ?

Il nous est tout d’abord apparu intéressant de rapprocher le point de vue des industriels et des investisseurs. Nous avions lancé cette enquête avant que la crise ne se déclenche et, visiblement, nous avons eu «le nez creux» par rapport à cela.

Concernant les grandes tendances qui se dégagent, on constate parfois de l’incompréhension, de la méfiance, parfois même de la défiance, et une opposition quelque fois assez forte entre des visions industrielles de long terme, et des visions financières plutôt orientées court terme.

Il faut cependant se mettre d’accord sur ce qu’on appelle court et long terme puisqu’en moyenne, les investisseurs restent dans une entreprise entre 5 et 7 ans. Quant aux industriels, ils envisagent rarement des investissements n’ayant pas un retour sur investissement entre 5 et 7 ans. Il y a donc des choses qui se rejoignent en termes de vision de l’entreprise et surtout, de délai dans la pérennité des fonds.

Nous nous sommes par ailleurs aperçus que, malgré ce qui est dit à travers l’enquête concernant les interrogations et la méfiance, les choses convergent finalement assez bien : derrière chaque investisseur se trouve un entrepreneur, et derrière chaque entrepreneur, il y a besoin d’un investisseur.

Au total, les deux se rejoignent assez bien pour faire en sorte que les entreprises perdurent et soient surtout capables d’innover et mettre sur le marché de nouveaux produits.

Quelles sont vos recommandations pour améliorer cette situation ? Vous évoquez une nécessaire «transparence et confiance» entre industriels et investisseurs…

Notre positionnement aujourd’hui chez Celerant consiste à dire que nous servons de passerelles entre ces deux mondes : celui des investisseurs qui n’est pas forcément très orienté industrie ; les investisseurs, de façon générale, qui vont renforcer leurs équipes dans les prochaines années avec des collaborateurs qui ont plus une expérience industrielle que financière, afin justement de mieux comprendre et mieux se comprendre…

Nous nous situons autour de ces deux mondes dans la mesure où nous comprenons à la fois la dynamique et la volonté côté investisseurs et, de part notre expérience dans le domaine opérationnel, nous connaissons fort bien le monde industriel, nous sommes donc capables de faire dialoguer ces deux mondes pour faire en sorte que les deux convergent…

Vous préconisez donc que les investisseurs cherchent à mieux comprendre les industriels, quitte à se rapprocher de la gestion opérationnelle de l’entreprise…

C’est une des tendances nées de la crise actuelle où les investisseurs vont s’intéresser à l’aspect opérationnel. Est-ce par faute de nouveaux dossiers ou par culpabilité liée à la crise qu’ils souhaitent s’investir dans le management opérationnel ? Je ne le crois pas.

Je pense qu’il s’agit d’une tendance qui va être plus lourde dans les années qui viennent et nous pouvons effectivement les aider à mieux évaluer l’industriel, à le rendre plus performant, mais en se servant vraiment de l’outil industriel et non pas uniquement du levier financier.

Quelles sont, selon vous, les opportunités apparues grâce à la crise, pour les investisseurs d’une part et pour les industriels d’autre part ?

Les investisseurs que nous avons rencontrés, via cette voie d’investissement, ont montré qu’ils étaient réellement là pour aider l’industriel à trouver des solutions, à avoir une vision extérieure, peut-être plus opérationnelle, à jouer le rôle de conseil donc, mais de manière beaucoup plus large qu’ils ne le faisaient jusqu’à présent puisqu’ils se limitaient uniquement à la partie financière.

En résumé, avoir à la fois la capacité à aider l’entreprise à investir et surtout à faire en sorte que cette entreprise investisse au bon endroit, et avec la bonne séquence en termes de timing…

Je pense donc que pour les industriels, cela pourrait être une bonne opportunité de bénéficier d’un support qu’ils n’avaient pas jusqu’à présent, et pour les investisseurs, d’être plus présents dans l’investissement qu’ils ont réalisé et d’être plus impliqués dans la réussite de l’entreprise.

Cela pourrait-il être un bon moyen d’éviter le courtermisme de certains investisseurs ?

Je le pense effectivement. De toute façon, c’est quelque chose qui va durer quelque temps, du moins le temps que la crise se résorbe, mais cela permettra peut-être aux investisseurs de mieux comprendre ce qu’est réellement l’industrie au jour le jour, et par la même, d’avoir un regard plus précis et rationnel les prochaines fois, et éviter d’avoir uniquement comme levier, le levier financier…

Nous avons vu par le passé, et encore il y a 2-3 ans, des investisseurs qui s’échangeaient des positions, laissant supposer qu’ils n’avaient jamais vu d’entreprises…

Or cela change la vision que les investisseurs avaient de cette logique, mais, et j’insiste là-dessus, tous n’ont pas cette logique-là, tous n’étaient pas des coutermistes acharnés, certains sont vraiment des gens qui accompagnent une entreprise, or il me semble que cela va devenir la règle plutôt que l’exception.

Le secteur du capital-investissement va-t-il se consolider à terme ?

Tout dépendra des 3-6 premiers mois de l’année 2009, de la manière dont se dénoueront certains investissements.

S’il y a urgence à dénouer les investissements, et si certains investisseurs se trouvent à court de cash, il est clair qu’ils vont aller en chercher là où il y en a. Ce sera peut-être justement l’occasion de rapprocher un certain nombre de sociétés dans ce domaine.

Si les dénouements ne font pas dans de mauvaises conditions au premier semestre 2009, je ne vois pas de consolidation se faire…

Quels sont actuellement les nouveaux secteurs les plus attractifs pour les investissements, à l’instar de la santé ?

Les nouveaux secteurs les plus attractifs sont les secteurs sur lesquels vont se concentrer plus d’investissements à long terme.

La santé a toujours été un secteur attractif, mais parmi d’autres. Aujourd’hui, je pense que c’est quelque chose qui va se concentrer là-dessus, parce que c’est du long terme, que ça demande énormément de gens et que les retours sur investissement sont très intéressants.

Reste ensuite les secteurs des technos et de la High Tech, les Télécoms et les secteurs du type business services, donc tout ce qui touche aux services (service à la personne etc.)…

Il suffit de lire la presse pour voir les destructions de postes dans le domaine industriel, or un certains nombre d’entre eux va se retrouver dans le domaine des services. De fait, qu’il s’agisse du service à la personne ou aux entreprises, nous sommes encore loin d’avoir épuisé le sujet.

Comment voyez-vous l’avenir ?

Il me semble important de noter que nous allons assister dans les prochaines années à un changement dans l’approche des petits investisseurs sur le monde industriel, et revenir un peu à tout ce qu’on appelle aujourd’hui «l’économie réelle», avec des fondamentaux d’entrepreneurs et des investisseurs qui sont là pour la durée afin d’apporter du résultat à l’entreprise, à ses employés et aux clients.

Parmi les entreprises qui ont besoin de financement, celles qui sont les plus attractives et qui auront davantage de bénéfices en termes d’investissement, seront celles qui auront mis au centre de leurs préoccupations le service rendu au client final.

Prenez l’automobile aujourd’hui, vous avez des voitures pleines de gadgets que personne n’utilise, qui coûtent très chers en développement, en production et en maintenance et que, au final, le client, qui souhaite seulement une voiture pour se déplacer à l’abri, n’est pas près d’acheter…

Propos recueillis par Nicolas Sandanassamy
Avec l'aimable autorisation de Easy Bourse

Mercredi 3 Décembre 2008




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