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Les experts-comptables voient dans la RSE un véritable moteur de croissance

Entretien avec François JEGARD, Expert-comptable – Commissaire aux comptes du Cabinet LEO JEGARD ET ASSOCIES


François Jegard
François Jegard
Pourquoi pensez-vous que la RSE est un sujet essentiel pour les experts comptables ?

Comme les chefs d’entreprise que nous conseillons au quotidien, nous devons savoir prendre du recul et être attentifs aux grandes tendances qui bouleversent les modèles économiques de nos clients et aussi de nos propres cabinets. Les économies mondiales et nationales vont connaître au cours du 21eme siècle une succession intense de bouleversements économiques, sociaux et environnementaux. Dans cet univers instable, piloter avec pertinence une entreprise, une cité, un pays ne peut plus se faire uniquement à la lumière d’indicateurs financiers. Il faut reconsidérer la notion de richesse, d’actifs et de performance dans l’entreprise. Cette approche très globale doit, pour être efficace, rester aussi très pragmatique. C’est ce à quoi nous essayons de nous employer.

Il faut reconsidérer la notion de richesse, d’actifs et de performance dans l’entreprise
Nous devons donner aux entreprises les moyens de créer et de piloter de nouveaux indicateurs de performance pour tracer leur voie dans cette nouvelle économie à la fois très locale et mondiale. L’approche « RSE » est aujourd’hui la plus adaptée pour répondre aux nouveaux paradigmes économiques et sociétaux qui voient le jour.

En quoi les indicateurs actuels de valeur de l’entreprise et la définition comptable des actifs sont-ils inadaptés pour le pilotage de l’entreprise ?

Ils sont plus insuffisants qu’inadaptés ! Les deux tiers de la valeur d’une entreprise sont globalement constitués par des actifs immatériels.

Les deux tiers de la valeur d’une entreprise sont constitués par des actifs immatériels
Dans un environnement de forte mutation, la valeur d’une entreprise réside plus dans sa capacité d’adaptation et dans son agilité pour affronter des marchés à venir, que dans l’évaluation de sa capacité à reproduire à l’identique les cashflow de trésorerie qu’elle a su générer dans le passé. La valeur d’un fonds de commerce va au-delà de ses performances financières passées. Elle repose sur la valeur de ses actifs immatériels actuels et la capacité de ses dirigeants à les combiner pour créer de la valeur. Bien évidemment, les grands équilibres financiers restent essentiels pour fiabiliser dans le temps le modèle de développement de l’entreprise.

La valeur d’une entreprise repose très largement sur la valeur de ses actifs immatériels et sur la capacité de ses dirigeants à les combiner pour créer de la valeur
Pour répondre aux impératifs de la RSE, nous devons apprendre à manier dans nos travaux les caractéristiques des actifs immatériels. Celles-ci reposent pour beaucoup sur des données non financières. Or nous constatons, qu’avec la même rigueur que pour les données financières, nous pouvons collecter, organiser, synthétiser et sécuriser l’essentiel des données non financières utiles dans une stratégie RSE de pilotage de l’entreprise. La technicité de notre approche professionnelle, nos règles déontologiques d’indépendance vis-à-vis de l’entreprise et notre bonne compréhension historique de leur fonctionnement sont aujourd’hui des atouts majeurs pour mesurer et restituer les données non financières et aider les entreprises à piloter leurs actifs immatériels. C’est aussi essentiel pour l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise que ces notions, encore peu standardisées, puissent être abordées par nos soins avec rigueur et indépendance.

L’IFEC, membre de l’Observatoire de l’Immatériel, a mis en place un cycle de formation dédié à la comparaison de l’évaluation des entreprises par les actifs immatériels et par les méthodes financières classiques. Cette approche très pédagogique rencontre un succès impressionnant auprès de nos confrères et a été étendue cette année dans les principales métropoles régionales françaises.
Dans la RSE, la notion d’indicateurs « Sociaux » et « Environnementaux » est essentielle.

Les experts comptables sont-ils les mieux armés pour aborder ces sujets ?

Les experts comptables sont depuis très longtemps investis dans le « social ». Conjointement à leur activité comptable d’origine, chaque cabinet dispose d’un service « social » qui réalise pour ses clients d’importantes missions d’externalisation de la paie et d’assistance sur les questions sociales. Nous enrichissons aujourd’hui nos savoir-faire pour maitriser des aspects plus sociétaux de la démarche RSE, directement liés à la gestion des richesses humaines au sens de la RSE (égalité hommes/femmes, diversité, formation, relations sociales etc…). Notre expertise développée en matière de respect de la réglementation du droit du travail nous permet d’aborder sereinement l’approche sociale de la RSE. L’IFEC prépare pour 2012 des formations à nos confrères qui leur permettent de compléter au mieux leur savoir-faire et de répondre aux attentes d’une démarche RSE telle que définie dans l’Iso 26000.

Les experts comptables sont depuis très longtemps investis dans le social
En matière environnemental, l’approche est assez vaste. Cela commence par une maitrise des concepts de Bilan Carbone® et d’émission de Gaz à Effets de Serre (GES). Nous proposons au sein de l’IFEC, en partenariat avec l’Institut de Formation Carbone, un cycle de formation dédié au bilan carbone®. Cela permet à certains de nos confrères de faire eux même certains bilans carbone© ou de pouvoir bien conseiller le chef d’entreprise dans sa relation avec les cabinets spécialisés pour leur activité plus industrielle et complexe en matière de GES. Par ailleurs, nous étudions de très près la notion de comptabilité carbone, qui permet notamment dans les PME de proposer des solutions de suivi et de pilotage des émissions de GES en lien ou proche de la notion de « comptabilité analytique ».

La comptabilité carbone est une comptabilité matière à proprement parler. Depuis longtemps, et notamment en matière agricole, nous pratiquons la comptabilité matière, par exemple pour suivre la consommation des produits phytosanitaires. Rappelons-nous, qu’il y a plus de 4 000 ans en Mésopotamie, c’est pour les besoins de la comptabilité agricole que sont nées les premières règles de comptabilité ! Même si l’on ne tient plus les comptes sur des tablettes d’argile à l’écriture cunéiforme, nous n’avons rien perdu de nos racines. La RSE nous permet même de renouer avec notre histoire tout en répondant aux attentes actuelles de nos clients ! Plus sérieusement bon nombre d’appels d’offres demande maintenant aux sous-traitants le poids carbone des produits ou services fournis. Cette information, pour être fiable et actuelle, doit être enregistrée et traitée avec une fluidité plus grande. La comptabilité carbone, même partielle, permet de répondre à ce type de demande.

Mais toutes ces nouvelles règles légales ou de marché en matière de RSE ne réduisent telle pas de fait la compétitivité des entreprises ?

Le RSE est bien au contraire un formidable effet de levier pour les entreprises et une source impressionnante de compétitivité. Ces deux arguments devraient être bien plus forts que les contraintes réglementaires qui patinent aujourd’hui.

La RSE est un moteur formidable d’innovation et de productivité pour les entreprises
Dans le contexte de crise financière que nous avons connu et connaissons encore, le moteur réglementaire en faveur de la RSE est totalement en panne ou presque. On ne peut que regretter le manque de dimensions industrielles et de prospective donnés par nos dirigeants politiques à la RSE ! Voir leur manque d’intérêt tout court à ce sujet! La notion de taxe carbone se heurte aux intérêts croisés des pays producteurs d’énergies fossiles, qui ne veulent pas voir s’effriter leur modèle économique du siècle dernier, mais aussi des nouveaux pays consommateurs qui ne veulent pas payer plus cher l’énergie fossile dont ils sont depuis peu glouton, eux aussi ! La notion de dette écologique est ignorée par les pays développés car elle est bien trop lourde pour être assumée d’un seul coup. Nos dirigeants et les lobbies pro-environnementaux qui les conseillent ne conçoivent l’incitation réglementaire que d’un point de vue répressif et privatif de liberté ! Cet aspect est souvent nécessaire pour faire cesser des pratiques destructives de notre bien commun (patrimoine naturel), mais ne sauraient se suffire à elles-mêmes.

L’OCDE préconise avec justesse cinq pistes pour permettre aux gouvernements de rompre avec leur inaction en matière environnementale :
- Rendre la pollution plus coûteuse que les solutions plus vertes
- Veiller à ce que les prix reflètent mieux la véritable valeur du patrimoine naturel et des services écosystémiques
- Supprimer les subventions préjudiciables à l’environnement
- Concevoir des réglementations et des normes efficaces
- Encourager l’innovation verte

C’est donc bien par un soutien appuyé à l’innovation et à la compétitivité écologique que nous préparerons le mieux nos économies aux défis écologiques mondiaux. La RSE est un moteur formidable de productivité pour les entreprises et notamment pour les PME TPE. Mais au-delà des problématiques environnementales, il faut aussi travailler les aspects sociaux de la RSE. L’accélération des crises à répétitions use le corps social de nos sociétés. Il est indispensable de stabiliser le modèle démocratique de nos économies en remettant l’homme au cœur des dispositifs sociétaux. L’utilité économique et sociale de l’entreprise et la manière dont elle est ressentie doit aussi être retravaillée. C’est d’ailleurs le sens profond de la « Responsabilité Sociétale » des entreprises.

Et pour les PME, tout ceci n’est –il pas un peu loin de leurs préoccupations ?

Bien au contraire, bon nombre d’initiatives partent aujourd’hui des PME/TPE, car leur modèle économique est plus facile à adapter. C’est justement dans les phases de création ou de transmission d’entreprise que les experts comptables peuvent beaucoup aider les PME à intégrer les nouveaux modèles de développement. Les initiatives ne manquent pas. Depuis de nombreuses années, le Centre des jeunes dirigeants (www.cjd.com) réunit des dirigeants qui co-construisent la notion de « performance globale » de l’entreprise. D’autres se réunissent au parlement des Entrepreneurs d’Avenir (www.entrepreneursdavenir.com ) pour explorer de nouveaux modèles d’entreprises responsables. Certaines de ces jeunes PME sont hébergées dans des « couveuses » orientées RSE et/ou créées par de jeunes diplômés issus des chaires RSE d’universités ou de grandes écoles. Peu importe ! Les entrepreneurs RSE sont bien là et cela nous ravis. Il faut maintenant passer d’une logique de niche à celle d’un standard de marché. Nous pensons que les experts comptables ont un rôle majeur à jouer dans cette mutation profonde de la société. C’est pour cela qu’en tant qu’institut d’une part et en tant que syndicat professionnel par ailleurs, l’IFEC mobilise concrètement les experts comptables et commissaire aux comptes pour intégrer la RSE au cœur de leur propres stratégies de développement. (www.Ifec.fr / www.twitter.com/Ifec_DD). C’est la raison d’être de notre charte du cabinet responsable et des différents cycles de formation proposés par notre commission « RSE et Innovations. »
L’IFEC mobilise concrètement les experts comptables et commissaire aux comptes pour intégrer la RSE au cœur de leur propre stratégie de développement.


François JEGARD
Expert-comptable – Commissaire aux comptes
Cabinet LEO JEGARD ET ASSOCIES
Président de la Commission RSE et Innovations de l’IFEC
Institut Français des Experts comptables et Commissaires aux comptes
RSE* : Responsabilité Sociale et sociétale des Entreprises.

Votre quotidien Finyear vous propose :

- MERCREDI 4 AVRIL - Conférence Téléphonée Publique de 18h à 19H
ACTIFS IMMATERIELS ET EVALUATION D’ENTREPRISE :
LES BONNES PRATIQUES
Lancement du Tour de France des Actifs Immatériels et de l’évaluation d’entreprise : PARIS / LILLE / LYON / RENNES / MARSEILLE / BORDEAUX /TOULOUSE / MONTPELLIER !
En partenariat avec L’Observatoire de l’Immatériel.

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Expert-comptable Experts-Carbone : De la bonne utilisation du bilan carbone dans les PME.
En partenariat avec l’Institut de Formation Carbone.

Retrouvez ces conférences téléphonées sur www.finyear.com/agenda

Mercredi 4 Avril 2012




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