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Les aventures de Tartuffe et Ponce Pilate en Sovietie

Il est des questions qui me dérangent.


Rémy Mahoudeaux
Rémy Mahoudeaux
Il m'est arrivé dans ma vie passée de licencier des salariés et donc de conduire pour l'entreprise des entretiens disciplinaires. Je pense l'avoir fait avec loyauté tant envers mon entreprise qu'envers le salarié incriminé et les autres salariés. Je m'explique :

- loyauté envers l'entreprise : dès lors qu'un (ou plusieurs) acte rend difficile voire impossible le maintien du salarié, il convient de passer outre ses réticences naturelles et de trancher « dans les règles de l'art », nonobstant l'amertume que peut laisser ce genre de décision ;
- loyauté envers le salarié menacé par la sanction : cette loyauté consiste à lui donner une vraie occasion de s'expliquer sur les faits qui lui sont reprochés : la perception d'une direction est nécessairement subjective, l'ouverture d'esprit et l'écoute sont essentiels ;
- loyauté envers le délégué qui accompagne ce salarié : son rôle de défense du salarié, de facilitateur du dialogue et de témoin de ce dialogue n'est pas simple et il mérite le respect ;
- loyauté envers les salariés qui restent : ils seront là après le départ éventuel de leur collègue, il est essentiel qu'il ne soit pas ressenti comme une injustice flagrante et qu'ils comprennent que l'intérêt social a présidé à la décision de séparation.

Dans une affaire très médiatisée, celle du célèbre « mur des cons », le syndicat majoritaire au sein de l'entreprise qui emploie l'auteur de la vidéo par qui le scandale est arrivé soutient le syndicat de Magistrats à l'origine du scandale. Solidarité malsaine d'un corporatisme délétère rendue possible par un paritarisme décadent ?

Ce même syndicat dénonce les faits commis par le journaliste :

« On ne vole pas des images et on ne les donne pas à un autre média que le sien»

C'est faux, les journalistes obtiennent par moult moyens avouables ou non des infos sous toutes formes, continuellement.
C'est vrai dans le principe et fort heureusement dans l'immense majorité des cas dans les faits : je donne le fruit de mon travail à celui qui le paie. Mais si je comprend bien le premier devoir de la déontologie des journalistes (1) (et j'imagine que sa primauté séquentielle n'est pas sans signification), face à une omerta / auto-censure qui ne s'assume pas, invoquer « le droit du public à connaître la vérité » comme un devoir supérieur à la simple loyauté envers le média qui l'emploie ne me semble pas idiot.

« Le travail de journaliste est bien d'aller chercher l'information là où l'on ne veut pas forcément la lui donner, mais je maintiens qu'il y a eu faute éthique »

Le syndicat se contredit sur le « vol d'image ». Mais la faute éthique envers l'employeur (ne pas lui donner les images) aurait-elle été pire que la faute de déontologie (ne pas porter ces faits à la connaissance du public) ?

Pardon d'avoir pris tant de temps pour camper le décor. Maintenant voici les questions qui me dérangent :

Pourquoi un conseil de discipline où semblent se réunir membres des syndicats et d'une direction ? Dans une entreprise, n'est-ce pas la direction qui détient et exerce seule le pouvoir de sanctionner les salariés ? Dès lors, à quoi sert un tel soviet ?
Pourquoi un syndicat demanderait-il la tenue d'un tel conseil de discipline ? Le rôle d'un syndicat n'est-il pas la défense individuelle et collective des salariés ?
Pourquoi de ne pas participer au vote, ou pourquoi s'abstenir, ou encore voter contre des sanctions et botter en touche, refiler la patate chaude à la direction ? N'est-ce pas là le comble de l'hypocrisie, que de convoquer un tribunal où l'on siège comme juge et procureur, et de s'interdire de statuer ?

Je ne suis ni un juriste spécialisé en droit du travail fût-il dans un média, ni capable de décrypter les organisations complexes de sociétés publiques, ni encore un journaliste au fait de toutes les spécificités d'un métier que je ne connais pas. Mais poser ces simples questions n'évacue pas l'odeur nauséabonde qui encombre mes narines.

(1) Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité (Charte de München)


Vendredi 14 Juin 2013




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