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Les Fonds de Private Equity survivront-ils à la crise ?

Le bilan de la crise que nous traversons depuis plusieurs mois s’alourdit de jour en jour et il n’est pas rare aujourd’hui d’entendre dire que la moitié des acteurs présents sur le marché du Private Equity auront disparu d’ici trois à cinq ans.


Faut-il céder à ce qui peut apparaître comme un "pessimisme ambiant" ou au contraire considérer que cette évolution ne constitue qu’un juste retour des choses au terme d’années excessives ayant finalement conduit au dévoiement d’un business model fondé sur la création de valeur?

L’effondrement de certaines institutions financières de premier ordre et la nécessité d’interventions étatiques pour en sauver d’autres ont amorcé une profonde refonte du système financier tel que nous l’avons connu ces dernières années. À ce stade de la crise, l’ébranlement de la confiance des investisseurs atteint un niveau tel, que seul un profond changement du système dans sa substance la plus profonde et dans ses moyens de régulation et de contrôle et un retour à l’utilisation d’instruments financiers moins complexes semblent en mesure de restaurer une confiance indispensable à un nouveau départ.

S’interroger sur les conséquences de la crise sur les fonds Private Equity revient à se demander – au-delà des conséquences immédiates et évidentes liées au manque de liquidités – quel en sera l’impact sur le modèle de fonctionnement du Private Equity à moyen terme? En particulier, alors que le business model de la banque d’investissement semble durablement et profondément remis en cause qu’en est-il du Private Equity?

L’abondance de liquidités disponibles dans les années récentes couplée à un nombre de deals de Private Equity non extensible ont incontestablement conduit à des excès dont les LBOs (leverage buy-outs) montés hâtivement, sans véritable due diligence et sans réelle stratégie d’acquisition, de création de valeur ni de revente ont pu constituer des exemples emblématiques, source d’une perception hautement négative du Private Equity et de son modèle. Mais était-ce là vraiment du Private Equity? Tout permet d’en douter, à commencer par la valeur créée, plus virtuelle que réelle et qui n’aura pas résisté longtemps aux soubresauts des marchés financiers.

Les tendances observées actuellement dans l’industrie permettent, en outre, de douter d’une véritable remise en cause du business model et de sa validité. Force n’est-il pas en effet de constater que plus que le modèle lui-même, ce sont actuellement les acteurs qui sont touchés, avec à leur niveau une distinction très nette entre ceux à même de créer véritablement de la valeur au niveau des compagnies en portefeuille – donc d’appliquer le business model du Private Equity – et qui survivront à la crise d’une part, et les autres, d’autre part, amenés à disparaître. Il semble donc que plus qu’à une remise en cause radicale on assiste actuellement et dans les années à venir à une "restructuration" du modèle.

Loin de générer une dénaturation profonde du modèle Private Equity, la crise inciterait les fonds Private Equity à un retour aux fondamentaux de ce qu’il convient de qualifier de "core Private Equity", à savoir l’acquisition d’une entreprise cible, son développement par une gestion pro-active qui fera intervenir le cas échéant des aspects liés au financement, à la gestion ou à l’apport de savoir-faire avant une revente à profit.

Ainsi, si l’on compare la société cible avant son acquisition par un fonds Private Equity et après sa cession, on constate bien souvent qu’outre un apport de financement indispensable à la croissance, le fonds aura largement contribué au développement et à l’expansion durable de la cible par un apport de compétence, créant ainsi une réelle valeur économique. La santé financière de la société cible mesurée par sa capacité à générer du cash flow, par exemple, à l’évolution de son chiffre d’affaires, de ses marges, de la structure de son bilan ou encore de ses effectifs en seront autant d’indicateurs.

Par opposition aux opérations purement spéculatives opérées par d’autres types de fonds pour le compte de leurs investisseurs, les fonds Private Equity contribuent donc activement au développement de l’activité économique. L’EVCA (European Private Equity & Venture Capital Association) ne dit d’ailleurs rien d’autre lorsqu’elle souligne face à la Commission Européenne ou au Parlement le rôle clé que l’industrie du Private Equity jouera en Europe et au niveau mondial pour contribuer à résoudre la crise actuelle et relancer la croissance. Sans nier que certains fonds aient pu privilégier l’intérêt de leurs investisseurs et une approche de court terme au détriment des sociétés cibles et de leur développement, il serait injuste et de surcroît inexact de feindre d’ignorer que dans un grand nombre de cas – et notamment pour les opérations mid-market – les financements par dette apportés par les fonds ont contribué au développement des sociétés cibles et ont également pleinement joué leur rôle de soutien au développement de l’économie en palliant au manque de financement bancaire. Trop souvent en effet – et les chiffres en attestent – une aversion importante à la prise de risques non garantis par des actifs a conduit les banques à limiter leur financement aux entreprises, et notamment aux jeunes entreprises innovantes.

Ainsi, même si les fonds Private Equity au même titre que le système financier dans son ensemble seront vraisemblablement soumis à une réglementation accrue dans un avenir proche, il ne semble pas que la crise actuelle remette en cause pour autant le business model du Private Equity. Qu’on le déplore ou que l’on s’en réjouisse, le temps des codes de bonne conduite et de l’auto-régulation est révolu. Il en va de même pour l’utilisation de niveaux de leviers agressifs, une tendance qui a disparu pour longtemps.

Pour autant, les fonds de Private Equity et le business model sur lequel ils s’appuient conservent toute leur pertinence. L’industrie du Private Equity et le business model dont elle ne saurait être séparée sont et resteront un catalyseur unique de croissance, tant au niveau micro économique que macro économique.

Olivier Coekelbergs, Senior Manager,
Ernst & Young Luxembourg,
Private Equity – Audit

Axelle Ferey, Senior Manager,
Ernst & Young Luxembourg,
Private Equity – Product & Account Development

Source : www.agefi.lu

Mardi 12 Mai 2009




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