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Le private equity est négligé

Les caisses de retraite suisses ont affiché une performance nulle en 2011. Situation préoccupante dans un environnement lui-même préoccupant.


Cyril Demaria
Cyril Demaria
Les estimations de Credit Suisse et de l’Association Suisse des institutions de prévoyance (ASIP/Towers Watson) convergent: les caisses de retraites suisses ont au mieux réalisé une performance de 0% (ASIP) en 2011 (L’Agefi du 28 février), voire ont affiché une perte de 0,56% (Credit Suisse Pensionskassen-Index). Les divergences sont liées à l’échantillon: 60 caisses communiquant volontairement pour l’ASIP (soit 187 milliards et 650 portefeuilles pris en compte); les clients de Credit Suisse pour lequel ce dernier agit comme dépositaire, pour ce dernier.

Selon Credit Suisse, le dernier trimestre a quasiment sauvé l’année pour les caisses de retraites suisses, avec un rendement de 2,6% généré grâce au rallye des actions en fin d’année. Ceci n’a pas été suffisant pour atteindre le taux d’intérêt minimum légal qui a été abaissé de 2 à 1,5% à partir de 2012 par les autorités. Depuis 2000, le Pensionskassen-Index affiche un rendement annualisé de 1,85%, tandis que le taux d’intérêt minimum légal sur la période était de 2,81%. A titre de comparaison, les performances de CalPERS et de CalSTRS, les plus grosses caisses de retraite américaines étaient respectivement de 5,4% et de 5,7% sur une période de vingt ans (au 31/10/2011). Leurs espérances de rendement sont de 7,75% (CalPERS) et 7,5% (CalSTRS) par an.

Cette différence récurrente est d’autant plus préoccupante que Credit Suisse indique que l’allocation d’actifs demeure inchangée au cours de l’année 2011. De là à conclure que les caisses de retraites pratiquent une gestion passive, il n’y a qu’un pas que l’ASIP élude. En revanche, l’Association indique que compte tenu des exigences légales, les considérations à court terme concernant les risques prennent de plus en plus d’importance. «Une tension se manifeste à cet égard entre […] une vision à court terme et une vision à long terme». De manière croissance une vision «limitée aux performances à court terme ne permet pas d’atteindre les buts fixes».

Le private equity est négligé

Or, les performances des caisses américaines indiquent qu’une gestion différente, plus risqué mais aussi offrant de meilleurs rendements est possible. En effet, ce ne sont pas les performances des obligations suisses (4,8%) et étrangères (2,7%), représentant 43% des actifs, qui vont combler le retard accumulé par les caisses de retraite. L’allocation à l’immobilier Suisse est déjà élevée et fait courir un spécifique aux institutions de prévoyance - notamment en cas de surchauffe puis de crise éventuelle.

Les opérations «techniques», telles que la révision des taux d’intérêt minimum légaux à la baisse, la révision des taux d’actualisation à la baisse et la révision attendue du taux de conversion par les autorités permettront d’afficher de meilleurs chiffres sans toute fois résoudre la question essentielle : celle de la génération de rendements aptes à servir les pensions futures. Il existe plusieurs pistes.

L’une d’entre elles est la faible allocation au private equity des caisses de retraites suisses, (1,5% des actifs en moyenne sur la période 2000-2009, d’après une étude de Complementa citée par la SECA). L’ignorance de ce placement à long terme, peu volatile et générant des rendements élevés, devient à difficile à justifier: les caisses de retraites ont des obligations de liquidité très prévisibles et à long terme, ce qui est compatible avec les investissements en private equity. Les caisses de retraites et les fondations universitaires américaines les plus performantes ont franchi le pas depuis longtemps, et le private equity est un contributeur majeur à leur performance annuelle. Il est temps que les institutions de prévoyance suisses leur emboîtent le pas.

Cyril Demaria
Passionné par la finance et l’innovation technologique, Cyril a développé une philosophie « hands on », comme analyste dans un fonds de capital-risque transatlantique à San Francisco et à Paris, puis grâce à ses expériences opérationnelles et en tant que fondateur de
Corporate Development Consulting , un cabinet de conseil en private equity. Il a contribué au développement de plusieurs jeunes pousses (Internet, télécommunications et logiciel). Cyril fut portfolio manager au sein du fonds de fonds d'un groupe d'assurance français, et est actuellement associate dans un fonds de fonds basé à Zürich.

Diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon, d’Etudes Approfondies (DEA) en Géopolitique, d’Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) en Droit Européen des Affaires, et d’HEC (spécialisation Entrepreneurs). Cyril est l'auteur de
Développement durable et finance (Maxima, 2004), le premier livre en français analysant le processus d'investissement selon des critères de développement durable. Il est aussi l'auteur de Introduction au private equity (Banque Editeur, 2006), et de "Profession business angel" (Banque Editeur, 2008).
 
Cyril Demaria
+41.79.813.86.49

Lundi 19 Mars 2012




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