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Le culte du veau d'or est révolu

Il semble impertinent d’annoncer la fin du culte du veau d’or, dont le point d’orgue est l’affaire Madoff en cours d’instruction. C’est pourtant évident. Durant la période de prospérité exceptionnelle de 1994 à 2007 et d’euphorie financière, l’innovation la plus extravagante et la plus hasardeuse était permise sans véritable régulation, sans sanction, sans moralité.


Jean-Aymon Massié
Jean-Aymon Massié
Le seul objectif était le rendement optimum des capitaux investis, en majorité empruntés avec des garanties hasardeuses ; c’était la course au super bonus de fin d’année ou aux commissions déconnectées des performances réelles, défiscalisés par des montages subtils ; les rémunérations des dirigeants des sociétés cotées au NYSE-Euronext rivalisaient avec celles des traders dans une compétition effrénée des deux côtés de l’Atlantique.

L’irresponsabilité fiduciaire, la prise de risque optimal pour afficher la profitabilité la plus élevée de la profession, la multiplication des relais à effet de levier court terme, enfin la titrisation des produits « toxiques » afin de mutualiser les risques et de diluer la responsabilité, accompagnées d’un endettement abyssal du secteur des banques-assurances, ont contribué à produire les effets pervers, qui ont généré cette exceptionnelle crise économique, sociale et aussi culturelle. Il est possible aujourd’hui de dire que la crise financière et bancaire est assez bien identifiée (les mécanismes, les conséquences attendues,
l’effet systémique contrecarré…), mais pas complètement maîtrisée à cause de l’incertitude des marchés OTC non régulés qui favorisent l’échange de 400 à 600 trillions de $ de produits dérivés. Par contre, il faut avouer notre impuissance face à cette crise économique, sociale et culturelle qui a surgi comme les prémices d’un tsunami ; car le pire est à venir. Les conséquences sur notre modèle de société sont difficiles à identifier et à évaluer.

C’est un désastre sans précédent dans l’histoire des faits économiques et sociaux de nos démocraties. Une révolution culturelle pourrait en résulter. Tout le monde a menti, tout le monde est responsable : dirigeants d’entreprises, régulateurs publics, agences de notation (les régulateurs privés), superviseurs des institutions financières, enfin les hommes politiques par myopie ou par incompétence, à l’exception de quelques hauts fonctionnaires et de membres du Sénat français ; nous rendons hommage à leur lucidité et à leur courage.
En effet, durant cette période euphorique, le culte de « l’argent roi » était la seule règle des comportements individuels ou collectifs d’un petit nombre d’initiés de plus en plus influents. L’opéra de Gounod, reprenant le Faust de Goethe, le décrit si justement dans son acte II scène 3 « la ronde du veau d’or - Méphistophélès : … le veau d’or toujours debout, on encense sa puissance d’un bout du monde à l’autre…, - pour fêter l’infâme idole Rois et peuples confondus, au bruit sombre des écus, dansent une ronde folle autour de son piédestal ; - et Satan conduit le bal… ».
Aujourd’hui, nous prétendons que cette période est révolue. Comme nous l’avons déclaré dans une interview le 5 mai à EasyBourse et dans notre précédent éditorial, nous sortirons de cette crise économique, sociale et culturelle pour entrer dans un monde meilleur.

Nous ne verrons évidemment pas dès cette année les changements, notamment dans les rapports annuels soumis à l’approbation des actionnaires. Lors de ces assemblées générales 2009, leur attention sera focalisée sur les rémunérations des mandataires sociaux décorellées des performances de l’entreprise, plutôt que sur le contenu de ces rapports concernant le contrôle interne, la maîtrise des risques, les ajustements vis-à-vis des normes IFRS et les placements hasardeux de trésorerie, notamment en produits dérivés, au cours de l’année 2008. Mais l’exercice comptable 2009 sera plus difficile ; car les régulateurs publics, les actionnaires institutionnels prenant très au sérieux leur nouveau rôle de régulateur privé (par défaut des agences de notation discréditées), ainsi que les parties prenantes précarisées par la crise, tous se montreront très vigilants et ils exigeront des sanctions. Les fonds souverains ne manqueront pas à leur tour de demander des comptes et d’exiger réparation des préjudices subis.
Le risque de réputation, lié à la responsabilité sociétale, sera pour les entreprises en 2010 un défi majeur et un risque supplémentaire à maîtriser dans un climat de suspicion et procédurier (« litigations » et « securities class action »).

Comme nous l’avons écrit à plusieurs reprises (revue « Décideurs »), la réputation associée à la confiance des actionnaires et des parties prenantes est l’actif immatériel dont les entreprises mesureront en 2009 et 2010 la volatilité et la valeur irremplaçable.
Ainsi faire croire que la confiance dans les banques serait rétablie par un coup de baguette magique est non seulement un mensonge de plus, mais surtout un péché mortel qui pourrait précipiter leur disparition. Restons cependant optimistes et faisons confiance au bon sens de nos concitoyens, qui se sont tenus à l’écart du culte du veau d’or, et qui par leur courage et leur capacité d’innover vont faire cette révolution culturelle pour construire un monde meilleur.

Jean-Aymon MASSIE
Président de l'AFGE
Association Française de Gouvernement d'Entreprise
8 rue Henri Regnault - La Défense 6
92400 COURBEVOIE
www.afge-asso.org

Mercredi 1 Juillet 2009




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