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Le crime paie !

La justice – ou plutôt les déficiences de la justice – serait-elle sur le point de déstabiliser le système économique et financier ? N’avez-vous pas remarqué comment les responsables des petites entreprises sont impitoyablement poursuivis – parfois jusqu’au harcèlement – pendant que la justice pénale peine à trouver des justifications et des motifs légaux dès lors qu’elle doit traiter le cas des « too big to fail » ? Ce n’est pourtant pas les qualifications requises par nos juristes, analystes et autres experts qui font défaut. L’Autorité des marchés financiers et les spécialistes du Code monétaire et financier en France, comme le « United States Attorney’s Office » aux USA ont en effet souvent décortiqué, démêlé et enquêté avec succès nombre d’affaires complexes dès lors qu’il s’agissait de crucifier le « menu fretin ». Une certitude, un constat : nous ne sommes pas tous égaux face à la justice, et les pouvoirs publics ne nous traitent pas tous pareils.


Michel Santi
Michel Santi
De quoi décourager les futurs créateurs d’entreprises et autres petits investisseurs car un système juridique partial – voire arbitraire – nuit fondamentalement à l’économie. Ciment de notre société, l’égalité face à la loi représente pourtant le préalable indispensable à un contexte économique et financier sain et équilibré. Dès lors que la prison n’est réservée qu’aux petits poissons et qu’à ceux qui, ma foi, n’ont « pas eu de chance », dès lors que le lien de cause à effet entre crime et punition est rompu ou même affaibli, la malfaisance et le vice sont érigés au rang de normes. Pourquoi être honnête et pourquoi se prescrire aux règles du jeu si les chances d’être mis à l’écart s’amenuisent ? N’est-il pas compréhensible – ou tout bonnement humain – que celles et ceux qui sont tentés par le crime empruntent cette voie si la sanction n’est pas systématiquement au rendez-vous ? Avec des conséquences dévastatrices car ceux qui se prescrivent aux lois sont incontestablement désavantagés et affaiblis dans une économie où règne la compétition féroce.

Pourquoi s’étonner dans un tel contexte que les intervenants et acteurs du système modifient progressivement leurs comportements du fait du glissement de ce ratio « risque-récompense » ? Ce déséquilibre de la justice n’est-il pas une aubaine pour celles et ceux qui, violant les règles, sont néanmoins en mal de justification morale ? La société dans son ensemble doit dès lors s’adapter à ce nouveau paradigme qui enseigne qu’il est « acceptable » de transgresser la loi. Selon cette même logique imparable, les « too big to fail » sont considérés comme des « too big to jail », ou trop importants pour être emprisonnés… Ce constant très perturbant qui remet en cause la confiance en le système ne démontre-t-il pas aussi – en creux – que la protection de l’argent et des intérêts passe avant la protection des citoyens et de la société ? Véritable exhortation lancée en direction des établissements (financiers et autres) et de leurs directions pour former des cartels, manipuler les cours et les prix, escroquer et, ce, au mépris de la stabilité de nos économies. Même si cette clémence est souvent invoquée précisément au nom de cette stabilité économique et financière, tant nos responsables sont hantés par les conséquences que pourraient avoir la mise en faillite d’une banque, ou la comparution en justice d’un personnage (économique ou politique) éminent.

A quoi bon dès lors obéir aux lois et aux règlementations si seuls les plus faibles et les moins protégés passent en jugement ? Quand le crime est légitimé, c’est l’Etat qui perd naturellement toute légitimité. Et il devient impossible de reconstruire le système financier sur le seul fondement qui compte et sur lequel il puisse prospérer : la confiance.

Michel Santi
Economiste et Analyste Financier (indépendant)
www.gestionsuisse.com

Mercredi 17 Avril 2013




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