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Le coût de la finance a augmenté à partir de la dérèglementation financière des années 70

Une unité d’intermédiation financière coûte plus cher que dans les années 70. L’augmentation des prix depuis 1990 ne peut s’expliquer par des changements de taux d’intérêt nominaux. L’étude suggère l’existence d’un lien entre dérèglementation et titrisation.


Laurent Leloup
Laurent Leloup
Selon une étude (1) publiée aujourd’hui par l’Institut des politiques publiques, centre de recherche situé à Paris, l’intermédiation financière en Europe est devenue plus coûteuse au cours des dernières décennies. L’étude a été financée par Finance Watch, l’association qui défend l’intérêt général dans la réglementation financière.

La finance a pris une place de plus en plus conséquente dans les économies européennes, passant de 2,3 % à 8,2 % du PIB entre 1951 et 2007. Aujourd’hui, après la crise des subprimes, la place de la finance dans nos sociétés est profondément débattue. Un élément clé du débat est de savoir si les développements récents de ce secteur justifient son poids accru dans nos économies ou si, comme certains le suggèrent, une réglementation adaptée devrait viser à réduire le poids de la finance. Cette étude propose une mesure du coût unitaire de production de services financiers sur longue période en Europe, de manière à évaluer l’évolution de l’efficacité de la production de ces services financiers. Les résultats montrent que la finance est devenue plus « coûteuse » à partir des années 1970, au moment même où la déréglementation visait à la rendre plus performante. L’augmentation des coûts d’intermédiations durant les années 1970 et 1980 peut néanmoins s’expliquer par les conditions macroéconomiques et monétaires. Le coût unitaire élevé après 1990 coïncide avec le développement de la finance moderne donnant une plus grande place aux activités de marché.

L’étude montre que non seulement la part du secteur financier dans le PIB a triplé depuis 1951 en Europe, mais aussi que le coût unitaire des services financiers (c’est -à-dire le ratio entre les revenus du secteur financier et la quantité de services financiers produits) a augmenté depuis les années 1970.

L’augmentation de ce coût depuis 1990 ne peut être expliquée par des changements de taux d’intérêt nominaux. L’auteur du rapport souligne que cette hausse coïncide avec la période de déréglementation financière et apporte la preuve d’un lien entre augmentation des coûts et développement de la titrisation.

Benoît Lallemand, Secrétaire Général de Finance Watch par intérim, s’est exprimé :
« Cette étude vient s’ajouter au nombre grandissant de travaux sur les coûts de la déréglementation et de la financiarisation. Ces recherches nous disent que, contrairement à ce que l’on aurait pu espérer, le développement d’une finance moderne donnant une plus grande place aux activités de marché depuis les années 1990 n’a pas réduit le coût unitaire de l’intermédiation, mais l’a même augmenté. »

« Les résultats devraient intéresser les décideurs politiques qui cherchent à remettre la banque et la finance au service de l’économie.

« Des études précédentes ont montré que, passé un certain seuil, la financiarisation devient un frein à la croissance économique (2), et qu’une réglementation financière efficace confère un avantage net à la société (3). Cette nouvelle étude semble soutenir ces deux constatations.

« Finance Watch se réjouit d’avoir soutenu cette étude, qui s’appuie sur les travaux novateurs menés par Thomas Philippon aux Etats Unis (4) et les a appliqués au cas de l’Europe. »

Notes & références :

(1) L’étude est téléchargeable ci-dessous (PDF 5 pages en français)

Bazot (2014), “Financial Consumption and the Cost of Finance: Measuring Financial Efficiency in Europe (1950-2007),” PSE Working paper 2014 – 17
Une note résumant la recherche, ainsi qu’un document de travail et les fichiers de données sont disponibles à cette adresse :
www.ipp.eu/en/topics/competition-policy/what-evolution-for-unit-cost-of-financial-intermediation-in-europe/

(2) Un rapport de juin 2014 du European Systemic Risk Board (Comité européen de risque systémique) recense les travaux de recherche sur la financiarisation et conclut que :
« Au-delà d’un certain niveau critique de développement financier, il n’y a pas de corrélation –ou même une corrélation négative – entre le développement financier et la croissance économique. »
ESRB (June 2014), Reports of the Advisory Scientific Committee No. 4/June 2014 Is Europe Overbanked? www.esrb.europa.eu/pub/pdf/asc/Reports_ASC_4_1406.pdf

(3) Un rapport de la Commission européenne de mai 2014 évalue l’impact du programme de réformes financières en Europe et conclut que :
« Il est escompté que si le programme européen de réglementations financières est pleinement mis en œuvre, ses bénéfices seront supérieurs à ses coûts. »

Les auteurs ajoutent que :
« Bien des coûts des réformes sont des coûts privés touchant les intermédiaires financiers. Ces coûts sont issus d’une période de transition vers un système financier plus stable, et sont compensés par de plus larges retombées économiques et sociétales. »
European Commission (15 May 2014), Staff working Document, SWD(2014) 158 final, “Economic Review of the Financial Regulation Agenda” europa.eu/rapid/press-release_IP-14-564_en.htm

(4) Philippon, T. (2013): “Has the US Financial Industry Become Less Efficient? On the Theory and Measurement of Financial Intermediation,” WP.
Philippon, T. and A. Reshef (2012): “Wages and Human Capital in the US Financial Industry: 1906-2006,” Quarterly Journal of Economics, vol. 127(4).

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Jeudi 19 Juin 2014




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