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Le capital immatériel comme vecteur de stabilisation des marchés ?

L’actualité est riche en événements boursiers : entre la crise grecque, la chute du cours de l’euro et la nervosité générale des investisseurs, il ne se passe pas un jour sans que l’on ne fasse référence à l’information financière.


Le système fonctionne « anormalement », selon l’expression de Jean-Claude Trichet et les marchés semblent traverser une crise de confiance. Confiance perdue envers les états, mais confiance aveugle envers les agences de notation. La guerre de l’information fait rage : le moindre renseignement peut donner lieu à une euphorie suivie rapidement d’un scepticisme voire d’une dépression des marchés. La faute entre autres à une fébrilité des investisseurs, lassés des effets d’annonce à répétition opérés par les états. Ces derniers communiquent beaucoup pour redevenir le phare de l’économie mondiale, mais le lien de confiance a été brisé par un manque de transparence caractérisé.

Dans ce contexte, comment peut-on pérenniser la valeur des entreprises ? Comment stabiliser les cours autour de leur « valeur durable » ? La valorisation du capital immatériel semble toute désignée pour y parvenir. Comme l’indique Michel Aglietta : « Les engagements sociaux des grands investisseurs et les interventions des États dans les processus de capitalisation sont des forces qui vont en sens contraire de la « marchéisation » généralisée des risques. Elles peuvent contribuer à stabiliser la finance de marché et à réconcilier la logique financière avec une économie réelle où les actifs immatériels (en particulier le capital humain) voient leur importance croître en tant que sources de croissance. »

Le capital immatériel regroupe l’ensemble des actifs intangibles contribuant à la création de valeur d’une entreprise ou d’une organisation. On peut citer à titre d’exemple les marques, le capital humain, le capital client, etc. Même si les marques ou les brevets peuvent, depuis les dernières normes IAS-IFRS, être comptabilisés sous certaines conditions, une grande part des actifs immatériels est hors-bilan. Ils sont pourtant responsables de plus des deux tiers de la rentabilité des sociétés françaises. Pris individuellement, chacun de ces actifs est vulnérable : la marque peut perdre de sa valeur suite à un scandale, le capital actionnaire et le capital organisationnel peuvent être significativement impactés suite à une restructuration ou une OPA, et un baromètre social bas peut profondément impacter le capital humain. Mais pris dans leur totalité, cette fragilité est mitigée et renforce durablement la valeur de l’entreprise.

En effet, le capital immatériel - s’il est mesuré - peut stabiliser le cours de l’action d’une entreprise cotée. En communiquant dessus, une société envoie un signal fort de transparence envers ses investisseurs. Ainsi, d’après une étude de Baruch Lev, une entreprise pharmaceutique qui annonce un plan de R&D voit son cours en bourse monter de 0,5% si aucune information n’est diffusée, 1,1% lorsque l’annonce est accompagnée d’informations qualitatives et 2% lorsque des informations quantitatives sont fournies. Pour autant, le projet reste fondamentalement le même : il ne s’agit que de confiance.
Un des autres bénéfices de la mesure du capital immatériel est qu’elle permet d’inscrire l’entreprise dans une démarche complémentaire d’amélioration continue. Il ne suffit pas de rendre compte pour créer de la valeur. En l’absence de démarche d’amélioration, de plan d’actions correctives, une entreprise (ou un état !) reste dans le domaine de la communication creuse, de l’effet d’annonce. Or si des actions sont entreprises, la valeur d’une société ne peut que croître au à défaut, se maintenir, en suivant un cercle vertueux.

En somme, l’économie de l’immatériel est peut-être un des enjeux les plus importants à relever pour sortir d’un système grippé, faire évoluer le capitalisme et retrouver la croissance.

Vincent BARAT - Consultant Associé d'Akoya Consulting
vincent.barat@akoyaconsulting.fr
www.akoyaconsulting.fr

Mardi 8 Juin 2010




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