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Le Restructuring, nouvel Eldorado ?

On nous a sans doute annoncé la fin de la crise trop tôt. Les exemples d’Anovo et Mory, les deux plus gros dépôts de bilan survenus en France depuis les AOM / Air Liberté et Moulinex / Brandt de la décennie précédente, sont là pour nous ramener à la réalité : le Restructuring est de retour, et cette fois pour de bon !


La crise des années 2008-2009 n’a été qu’un coup de semonce, apparemment peu entendu. Les entreprises ont réussi à surmonter leurs difficultés, tout du moins de façon temporaire, sans traiter les problèmes de fond qui les ont menées au bord du précipice : les industriels ont bénéficié d’aides de l’Etat, principalement sous forme de reports d’échéances sociales et fiscales ; les LBO ont vu le remboursement de leurs dettes repoussé in fine, créant ainsi un mur de la dette à horizon 2013-2014. Et des mesures de réduction de coûts, comme l’arrêt de l’intérim et la baisse - qui ne peut être que transitoire - de la maintenance et des investissements, ont été mis en place.

Les choses sérieuses vont maintenant commencer. La conjoncture pèse sur le moral des ménages et, par voie de conséquence, sur la consommation et toute l’activité économique en général, entrainant des pertes d’exploitation qu’il faudra bien financer. Mais, contrairement à la période précédente, les banques et les Etats sont dorénavant eux aussi en crise : les banques, affaiblies par la défaillance de pays comme la Grèce et peut-être bientôt l’Espagne, l’Italie, …, restreignent l’accès au crédit et l’Etat, qui doit lui-même faire preuve d’austérité pour rassurer les marchés financiers, n’a plus les moyens de venir au secours des entreprises en difficultés. Celles-ci vont donc devoir gérer la récession qui s’annonce et se restructurer en profondeur, tant au niveau financier qu’au niveau opérationnel : éteindre les foyers de perte, rationaliser les moyens de production, assainir leur structure bilantielle, améliorer la gestion de leur BFR, … tout en restant vigilantes sur la gestion quotidienne de la trésorerie pour éviter de se retrouver dans une impasse.

Il ne faut cependant pas croire à la fatalité : ceux qui sauront réagir et prendre les bonnes décisions n’en sortiront que plus forts. Ainsi, tout n’est qu’une question de points de vue, de verre à moitié vide ou à moitié plein. A l’image d’un plan social, où l’on « sacrifie » certains pour en sauver d’autres, la crise actuelle va certes entrainer des défaillances mais également créer des opportunités pour ceux qui sauront se remettre en cause ou prendre le risque d’investir dans une entreprise en difficultés. Ainsi, telle entreprise qui aura adapté sa structure de coûts gagnera en compétitivité, telle autre qui aura assaini son bilan pourra racheter un concurrent moins clairvoyant, …

D’ailleurs, les fonds de retournement, comme Butler Capital Partners qui vient de reprendre Anovo ou Caravelle qui a racheté Mory, reviennent en force. Il y aura ainsi des opportunités à saisir … mais également de l’huile de coude à produire : reprendre à bas prix une entreprise certes mais encore avec une vraie stratégie, qui passe dans un premier temps par une réduction de voilure avant de pouvoir se redéployer dans un second temps, et nécessite de disposer des moyens de financer, sans un effet de levier incohérent avec la capacité de remboursement, les pertes intercalaires et les mesures de restructuration.

Alors, le Restructuring, un nouvel Eldorado ? Sans doute … mais pas n’importe comment : le retournement d’entreprise requiert l’intervention d’experts pour éviter les pièges et toute prise de risque inconsidérée ou comportement irrationnel se paieront cash ; d’ailleurs ne dit-on pas dans le milieu du Restructuring que « cash is king » !

Guillaume Masseron, Managing Director chez Duff & Phelps

Mardi 7 Février 2012




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