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La « révolution compétitive » est-elle seulement une question économique ?

Dans un article de fond sur l'accomplissement des réformes fondamentales conduites en Allemagne dans la décennie 2000, sous l'impulsion du tandem Schroeder Hartz, l'éditorialiste des Echos, Jean Marc Vittori, pose le fait que la vraie responsabilité des entreprises est de conduire sur le terrain les changements structurels, sans trop se soucier du contexte public et en tout cas sans considérer qu'il faille attendre un cadre favorable.


Patrick d’Humières
Patrick d’Humières
La vraie responsabilité est d'adapter l'outil productif, sur le plan social et au-delà, dit-il, suggérant par là même de se concentrer à l'innovation sur le terrain et à ne pas perdre son temps dans le débat politique et les discussions sociétales attachées. Cette thèse est évidemment une grande question pour l'entrepreneur français : est- ce que j'avance seul, comme je le peux, avec ou sans partenaires, de façon forcée ou collaborative, ou est-ce que j'attends pour changer des appuis, des encouragements, un socle juridique général qui me permet de mettre mon entreprise en phase avec ses marchés mondiaux, ses nouveaux clients, ses technologies de rupture, ses comportements différents, pour lui donner un avenir dans dix ans ?

Poser la question ainsi peut laisser penser que les entreprises françaises ont assez reçu avec le Pacte de Responsabilité et que c'est maintenant leur affaire de procéder aux ajustements structurels, douloureux, pour créer des outils de production qui quittent les mauvaises habitudes, mais aussi les rentes et en tout cas les inadéquations de prix et d'offres qui nous éloignent trop encore des marchés émergents. C'est aussi laisser penser que les chefs d'entreprise ont « la main » sur le pilotage de leur structure et qu'ils peuvent modifier les conditions de production suffisamment, s'ils le veulent. Ces deux hypothèses renvoient à une troisième : qu'on arrête de parler de responsabilité sociale de l'entreprise et qu'on considère qu'il y a d'abord avant tout une responsabilité économique de l'entreprise, le reste venant par surcroît. Le raisonnement séduira évidemment les libéraux qui ne croient pas à l'intérêt de la collaboration public-privée et il énervera les interventionnistes qui veulent négocier ce mouvement, pour le ralentir souvent, à la manière dont on fait ridiculement du nombre de dimanches ouverts dans l'année le nouveau curseur politique...

Ce rappel à agir vraiment, localement, est un principe d'action. Il n'était pas inutile de le rappeler car le contexte ou les réussites existantes montrent que « l'impératif compétitif » est affaire de volontarisme. Pour autant, il a ses limites qui sont celles du contexte socio-politique qui fait les économies bien gouvernées et efficaces. Si on veut bien admettre que l'économie est le produit de la confiance et qu'il n'y a pas de dynamique individuelle durable hors une dynamique de régulation consensuelle, équilibrée et bien établie, ne croyons pas que la France fera sa « révolution compétitive » sans passer d'accord avec ses partenaires sociaux et sociétaux. « Il n'y a pas d'entreprise qui gagne dans un monde qui perd » a-t-on coutume de dire pour justifier des stratégies collaboratives. La Suisse, modèle de compétitivité est aussi un modèle de bonne gouvernance. Les pays scandinaves également. Aucune société moderne ne peut dissocier la réussite économique d'un état politique constructif fondé sur le contrat. C'est la force de la RSE que d'encourager l'économie contractuelle. La France devrait réfléchir en profondeur à cette vérité pour changer de logiciel et conjuguer responsabilité individuelle et collective.


Patrick d’Humières
www.institutrse.com

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Jeudi 8 Janvier 2015




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