Corporate Finance, DeFi, Blockchain, Web3 News
Corporate Finance, DeFi, Blockchain News

La RSE avance-t-elle ?

Discussion tendue dans un cercle de responsables d'entreprises français : la RSE avance-t-elle ou non dans notre pays, au vu des événements d'actualité ?


Patrick d’Humières
Patrick d’Humières
D'un côté, on citera la procédure lancée contre HSBC France, société affirmant haut et fort son engagement dans la RSE et qui n'est pas moins poursuivie pour avoir organisée clairement et massivement l'évasion fiscale de ses grands clients privés... Ceci trouble forcément l'opinion et les détracteurs de la RSE qui trouvent là un argument sur l'ambiguïté, voire la duplicité de démarches d'entreprises, s'agissant d'enjeux au cœur du métier bancaire !
D'un autre côté, distributeurs et transformateurs de produits alimentaires viennent de signer un accord très sérieux sur leur « approvisionnement responsable », avec l'aide de la médiation inter-entreprises, organisation qui fait un travail pédagogique exceptionnel pour remédier au très grand déséquilibre des relations entre fournisseurs et donneurs d'ordre en France.

Comme quoi une bonne nouvelle peut rattraper une mauvaise et on pourrait citer ainsi autant de pratiques contestables que de pratiques de progrès qui caractérisent le contexte de la RSE. Pour ceux des medias ou des ONG qui puisent là un grand scepticisme sur le sérieux de la démarche, on répondra donc que seule la tendance est révélatrice. Si on observe les progrès de la transparence lisible dans le nombre de rapports qui s'accroît chaque année, sur la qualité des données et des pratiques qui touchent à la conception des modes de production, on ne peut que conclure positivement.

Si on s'attend à des comportements qui s'attaquent aux sujets difficiles, comme la corruption (en dépit des initiatives touchant les industries extractives et financières), la rémunération des dirigeants (en dépit de la progression du say on pay), les précautions sur la toxicité des produits (en dépit des contrôles croissants) ou sur les grands enjeux collectifs (climat, ressources rares, pratiques sociales dans les pays à faible gouvernance etc..), la situation est plus que déceptive ; elle devrait susciter des vrais réactions de la part des dirigeants qu'on n'entend pas assez sur ces questions cruciales.

De fait, la progression de la RSE est totalement corrélée au degré d'indignation ou d'acceptation des dirigeants vis-à-vis des problématiques du contexte mondial ; là est l'indicateur RSE qui gouverne les autres : est –ce que l'acceptation des atteintes aux droits et aux intérêts collectifs est plus au moins intégrée par les dirigeants ?
Depuis dix ans, nombre d'entre eux ont signé quantité d'engagements et de chartes, au premier rang desquels le Pacte Mondial. Mais combien s'interrogent sur l'implication de leur signature et s'accommodent de réponses pragmatiques quand elles ne sont pas cyniques, comme si « la real-économie » était le seul horizon légitime du capitalisme. Pourquoi signer, pourquoi s'engager dans ce cas ? La RSE risque de rentrer dans une spirale de décrédibilisation si on admet que les principes RSE n'engagent que ceux qui les croient... En revanche, si les démarches RSE s'appuient sur des mesures sérieuses, avec leurs réalités bonnes et moins bonnes, une capacité à traiter les échecs, les accidents et les controverses, à rendre compte de ce qu'on fait, comme on peut, mais de son mieux, la RSE progressera en tant que démarche de recherche sérieuse d'une relation constructive entre le business et la société. Il manque donc un indicateur fondamental à toutes nos mesures de résultats extra-financiers : la volonté des dirigeants de prendre en compte les enjeux collectifs, matériels et pertinents qui sont les leurs, au regard de l'impact de leur entreprise, et de se mobiliser pour concilier croissance et développement durable, à travers un contrat véridique avec la société civile.

Prenons l'exemple de la corruption, plaie du commerce de la démocratie qui est à l'agenda du G20 et à laquelle les Etats Unis sont en train de s'attaquer sérieusement : il ne s'agit pas d'être blanc ou noir, dans le contexte réel de l'économie mondiale... il s'agit de savoir si on fait ce qu'il faut pour la faire reculer, individuellement et collectivement, pas à pas, dans les faits et les déclarations. En tout état de cause, ce sujet grave qui constitue le cancer des relations commerciales, a des chances de remonter en haut de l'agenda RSE, avec la lutte contre le réchauffement climatique et les relations clients-fournisseurs. Disons- le : la RSE n'est finalement que l'expression d'une gouvernance et d'une direction d'entreprise à vouloir vraiment faire progresser les enjeux collectifs dont leur entreprise est solidaire, ce que l'OCDE dénomme très justement « la conduite responsable des affaires ». Et à le prouver.
Est-ce que cette implication avance, voilà ce qu'il nous faudrait mesurer pour départager communicants satisfaits d'un bord et militants indignés de l'autre....

Patrick d’Humières
www.institutrse.com

Les médias du groupe Finyear


Mardi 18 Novembre 2014




OFFRES D'EMPLOI


OFFRES DE STAGES


NOMINATIONS


DERNIERES ACTUALITES


POPULAIRES