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L’adieu au AAA

Voilà, la France a donc oficiellement perdu son AAA. En ce week end glacial de Janvier, je vous offre un florilège de certaines de mes analyses … en attendant celles à venir qui décortiqueront la nouvelle ère glaciaire européenne :

C’est ainsi que, le 20 Octobre dernier, dans « L’heure de vérité approche pour la France »


Michel Santi
Michel Santi
www.gestionsuisse.com/2011/l’heure-de-verite-approche-pour-la-france/

j’étais persuadé que « le volontarisme affiché ces derniers mois par le Président français est ainsi soudainement décrédibilisé par les agences de notation qui, s’intéressant de plus près aux perspectives budgétaires de la France, mettent en place une stratégie de communication visant à préparer les esprits à la perte – prochaine et inéluctable – de son AAA. En réalité, la France et ses dirigeants se retrouvent complètement coincés puisqu’ils se rendent (enfin) compte qu’ils seront perdants sur tous les tableaux et ce quelle que soit la tournure que prendra les affaires – et les affres – européennes. Les finances de la France sont donc sur le point de traverser une zone de fortes turbulences et la priorité donnée à grands renforts verbaux par le Président français et par ses adjoints pour sauvegarder le AAA risque donc fort de ne pas être tenue. La perte de cette notation prestigieuse par la France représentera ainsi tout à la fois un constat d’échec pour l’équipe dirigeante à la veille d’élections capitales ainsi qu’ une sérieuse remise en question des finances publiques de ce pays jusque là relativement épargné par la tempête européenne. «

Dans « Le coup de grâce viendra de France » du 12 Août

www.gestionsuisse.com/2011/2373/

j’écrivais :

“Fluctuat nec mergitur” est peut-être la devise de la ville de Paris mais elle ne s’appliquera plus très longtemps à la République Française sur le point de tanguer sévèrement. Depuis le climax de la crise financière survenu à l’automne 2008, nul n’avait pourtant remis sérieusement en question – ne disons pas la solvabilité – mais plutôt la fiabilité des finances françaises… Et pourtant, le prochain choc ne sera pas italien, il ne sera pas plus espagnol, il sera assurément français.

C’est en effet la notation de la dette publique française qui sera la prochaine à subir les affres de la dégradation. Comment pourrait-elle encore l’éviter car toute une série de facteurs adverses conspirent en ce sens : de l’endettement qui y atteint des sommets à la compétitivité en constant déclin et à l’aggravation très inquiétante des déficits commerciaux en passant par une croissance inexistante, tous les ingrédients se mettent inéluctablement en place pour une conflagration majeure dès la rentrée ou pour l’automne prochain au plus tard. La question n’étant pas tant de savoir si son AAA lui sera retiré que quand… ?

Du haut de son déficit de 7% par rapport à son P.I.B. et avec un endettement global de l’ordre de 90% de ce même P.I.B., les statistiques faisant état des passifs français restent certes relativement sous contrôle. Pour autant, l’escalade de ces endettements publics semble ne pas devoir s’arrêter là, la France étant même aujourd’hui parvenue au stade où elle les accumule à un rythme encore plus soutenu que l’Italie et que l’Espagne. Un autre phénomène encore plus inquiétant est la navrante perte de compétitivité du pays et notamment face à sa grande partenaire – et néanmoins concurrente – qu’est l’Allemagne.

Pourquoi, dans un tel contexte et après avoir dégradé la notation américaine, les agences de notation hésiterait-elles à croquer la France ? L’indigestion devrait du reste toucher sévèrement les marchés qui achèveront d’être sonnés par la prochaine perte du AAA français car, avec un endettement global de l’ordre de 1’150 milliards d’Euros, le papier valeur de l’Etat français est le quatrième le plus traité au monde. C’est bien simple : chaque banque et pratiquement tout investisseur à la surface de la Terre est propriétaire de la dette publique française. La dégradation de la notation française, loin d’affecter seulement ce pays, sera probablement le coup de grâce donné à une conjoncture financière et économique globale bien fragile.

Enfin, dès le mois de Juillet dernier, dans « Pas d’immunité pour la France ! »

www.gestionsuisse.com/2011/pas-d’immunite-pour-la-france/

je mettais en garde :

« L’activisme du Président français dans le cadre des tourmentes européennes périphériques est certes remarquable, il masque pourtant de plus en plus difficilement la marge de manœuvre en peau de chagrin de la France hélas appelée – du point de vue de la crise souveraine européenne – à voler la vedette à l’Italie et même à l’Espagne dans les mois à venir. Car la deuxième économie de l’Union, également second contributeur aux divers plans de sauvetage européens, compte aussi parmi les plus mauvais élèves de la zone Euro en terme de réduction de ses propres déficits… La dette publique française de 1’650 milliards d’Euros – supérieure à celle de l’Italie – n’est-elle pas (en termes relatifs) deux fois plus importante que celle de l’Allemagne ? N’est-il pas navrant de constater que, hormis les nations bénéficiant de l’assistance et de la charité européennes, seules l’Espagne et la Slovaquie font pire ?

En outre, la France – qui compte traditionnellement parmi les grands pays exportateurs – ne peut même plus miser sur cette planche de salut puisqu’elle se prépare à subir en 2011 un déficit commercial record ! Les entreprises nationales – automobiles, aéronautiques, agricoles et autres – ayant de plus en plus de difficultés à prospérer dans le cadre de la compétition internationale … ou simplement intra européenne : la part de la France dans les exportations européennes ayant ainsi fondu de près de 16% en 2000 à 12.5% aujourd’hui.

Offrant un contraste saisissant avec l’Allemagne dont les excédents commerciaux et bien-sûr les productions industrielles sont en constantes progressions, la France ne peut aujourd’hui se prévaloir d’avoir retrouvé les volumes à l’export préalables à la crise alors que l’Allemagne pulvérise annuellement tous ses records. La maladie de la France étant en effet celle d’une compétitivité ridiculement en retard par rapport à ses propres potentialités pourtant immenses et eu égard à ses concurrents internationaux mais aussi européens. Le cercle vicieux dans lequel s’embourbe le pays va pourtant de soi par son classicisme: Pas de croissance sans compétitivité et pas de redressement des comptes publics sans croissance… Comment espérer améliorer les déficits publics quand les entreprises nationales paient moins d’impôts à cause de leurs profits en berne ? Et comment persuader les prêteurs de ne pas exiger une rentabilité toujours supérieure sur les financements consentis à une France dont les perspectives de croissance semblent de moins en moins réjouissantes ?

Le dilemme est pourtant quasi inextricable : occupant (après l’Irlande) le peloton de tête européen de la dépense publique – de l’ordre de 56% de son P.I.B. en 2010 -, la France ne saurait et ne devrait pas chercher à compenser en augmentant sa fiscalité au risque de perdre encore plus d’emplois, de créations d’entreprise et de riches contribuables… Ces sujets seront à l’évidence brûlants en cette période électorale qui s’ouvre. Quelle qu’en soit l’issue, faute d’un retour très rapide de la croissance, la France ressentira prochainement l’effet de la gravité, celle-là même qui tire vers le bas et vers les abîmes d’autres nations européennes depuis 18 mois. »

J’avais pourtant reçu toutes sortes de messages dubitatifs, ironiques, voire dénigrants lorsque j’avais annoncé la perte du AAA français dès le début de l’été dernier…

Bonne Année 2012 et restez à l’écoute !

Economiste et Analyste Financier (indépendant)
www.gestionsuisse.com

Mercredi 18 Janvier 2012




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