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L’Etat et la banque centrale : action conjointe ou autonomie déguisée

Les solutions adoptées par le G20 pour atténuer les effets négatifs de la crise financière et relancer de nouveau l’économie mondiale révèlent combien les chefs d’Etat sont les adeptes des traitements keynésiens.


Kamal EL-Oualy
Kamal EL-Oualy
En contrepartie, les banques centrales n’ont pas pu résister devant l’évolution des faits pour succomber au tutelle de l’Etat malgré leurs statuts d’indépendance en matière du choix de l’objectif à atteindre à savoir la maitrise de l’inflation. Ni règle ni discrétion, cette fois-ci c’est la logique de la crise qui l’a remporté. « Rien n’est plus grave pour la santé morale et l’avenir d’un pays que de se plier à une règle économique orthodoxe et de temporiser face à une crise humiliante sans agir dans l’immédiat ». Parfois, la jurisprudence s’avère indispensable devant la force de la loi lorsqu’il faut agir dans l’urgence pour garantir la stabilisation économique et le bien être social. La déclaration d’injecter environ 5000 milliards de dollars dans l’économie mondiale demeure une solution parmi d’autres en l’absence des voix d’autres pays exclus de la conférence de Londres.

En effet, les banques centrales, outre leurs actions de faire baisser leurs taux d’intérêt à un niveau minimum, n’ont pas cessé de recourir à la planche à billet pour monétiser la dette publique notamment à travers le rachat des bons du Trésor et des titres adossés à certains crédits. Dans ce cadre, des milliards de dollars et d'euros ont été imprimés en 2008 et le seront également en 2009 pour lutter contre la déflation et relancer la demande globale. Or, il faut noter que toute création monétaire ex-nihilo engendre en retour une accentuation des tensions inflationnistes. Pour les décideurs politiques, le recours à une politique monétaire laxiste permet à l’Etat d’accéder à des sources de financement faciles sans se soucier d’augmenter les taux d’intérêt à long terme, car toute hausse de ces derniers aura un effet d’éviction sur l’investissement privé et partant des effets pervers sur l'ensemble de l’économie.

Ceci étant, qu’en est-il de la position des banques centrales, du moins celles des pays qui pratiquent le ciblage d’inflation dont les statuts leurs interdisent le recours au seigneuriage qu’il soit direct ou indirect. Qu’en est-il également de la position du FMI sur cette question ? Sachant que ce dernier est le défenseur numéro 1 des politiques de cibles d’inflation. Bien plus, B.Bernanke n’est il pas un théoricien de renommé en matière de ciblage d’inflation et pourtant la Réserve fédérale américaine (Fed) n’hésite pas à financer l’économie en recourant au seigneuriage. Une monnaie créée sans contrepartie des richesses, et à défaut des réserves monétaires solides, va, certes, impulser une demande conjoncturelle mais demeure sans impact immédiat sur la croissance si l’embauche n’est pas au rendez vous. A travers ce comportement dupant, il s’avère que les chefs d’Etat misent plus sur la taxe inflationniste pour régler le fardeau de leur dette publique ?

De ce fait, l’inflation n’est elle pas le fléau de l'économie selon l’expression des théories monétaires conventionnelles dans la mesure où elle sape le pouvoir d'achat des ménages et pénalise les épargnants à revenus fixes. A ce niveau, les analystes des marchés commencent déjà à anticiper un rebond de l'inflation dans un horizon qui n’est pas loin. D’ailleurs, il ne faut pas omettre l’exemple japonais d'une déflation dévastatrice pendant un peu moins de deux décennies. Ceci constitue une raison de plus pour les pays en récession d’opter pour une politique inflationniste. Le retour de l'inflation sonne t-il le glas de la déflation ?

En somme, il parait que l’autonomie attribué aux banques centrales n’a pas atteint encore son stade «de facto». Il s’agit plutôt d’une indépendance « de jure » où les banques centrales sont asservis par les Chefs d’Etat qui n’hésitent pas à faire sortir J.M.Keynes de sa tombe chaque fois que l’économie tend vers la dépression. En outre, après avoir baissé leur taux d'intérêt à maintes reprises les banques centrales semblent n'avoir d'autre issue que de suppléer à la défaillance des systèmes bancaires et de se transformer en bailleur de fonds du premier plan au secours de l’économie, dans un contexte où le concept d’autonomie ne vaut pas grand-chose face à une économie qui s’enfonce dans la récession.. Sauf que ce recours massif aux politiques monétaires non conventionnelles pour contrecarrer la déflation porte en lui les germes d’une inflation inéluctable.

Par Dr. Kamal El-Oualy
Economiste chercheur

Kamal.eloualy@yahoo.fr

Lundi 18 Mai 2009




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