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Grèce et France : mêmes combats, mêmes mensonges...

Si, pour l'instant, la situation de la Grèce et celle de la France demeurent apparemment différentes, elles sont en fait très proches. En effet, dans les deux cas, les dirigeants du pays essaient de gagner du temps en masquant la réalité économique et financière à leurs concitoyens et, par la même occasion, au reste du monde. Le pire c'est que, pour le moment, ça marche...


Marc Touati
Marc Touati
Certes, les dirigeants grecs sont au firmament du mensonge et de la manipulation. Ainsi, en plus d'essayer de nous faire croire qu'ils vont faire de vraies réformes économiques structurelles et réussir enfin à collecter l'impôt, tout en réduisant leurs déficits publics (cela ne fait que quinze ans qu'ils le promettent avec les résultats que l'on connaît), ils ont désormais décidé de pousser le bouchon un peu plus loin.

En effet, plutôt que de s'excuser de leurs erreurs et d'avouer qu'ils ne rembourseront pas leurs dettes, ils n'hésitent plus désormais à jeter l'opprobre sur leurs partenaires espagnols et portugais, qui, à juste titre, ne comprennent pas la multitude des cadeaux consentis à la Grèce qui, vis-à-vis des efforts douloureux réalisés en Espagne et au Portugal, apparaissent particulièrement injustes. Autrement dit, plutôt que de se faire tout petits, les Grecs n'hésitent pas à donner des leçons à des peuples bien plus vertueux qu'eux et menacent encore davantage la stabilité, voire l'existence, de la zone euro.

Nous retrouvons là le syndrome de la cigale et de la fourmi, régulièrement observé entre la France et l'Allemagne, lorsque la première critique ouvertement la seconde alors qu'elle n'a pas mené un dixième des réformes engagées outre-Rhin. A l'évidence, France-Grèce, même combat...

Mais aussi, mêmes mensonges. Car, de la même façon que les dirigeants grecs promettent qu'ils vont réformer leur économie et augmenter les recettes fiscales en vain, ceux de la France continuent de faire preuve d'ingéniosité pour annoncer que la reprise va finir par s'imposer dans l'Hexagone.

Ainsi, après « la crise est finie », « le chômage va baisser » et « la reprise est là » la Président Hollande a sorti un nouveau tube: « l'économie française repart ». Jean-Jacques Goldman et son très controversé « Toute la vie » n'ont qu'à bien se tenir, DJ François est dans la place et il compte bien faire danser les Français au moins jusqu'en 2017.

Seulement voilà, on veut bien plaisanter un peu (la situation économique française est tellement triste depuis sept ans que cela ne peut pas faire de mal), mais la blague de « la crise est finie, le Président l'a dit » ne fait plus rire grand monde, si ce n'est ce dernier.

Le problème est bien là : tout le monde, votre serviteur le premier, aimerait crier haut et fort que « la reprise est là », que l'investissement des entreprises va flamber, que les créations d'emplois vont exploser, bref que la crise est vraiment terminée. Pour autant, si nous avons tous un devoir d'optimisme, nous avons avant tout un devoir de réalisme et d'honnêteté intellectuelle. Autrement dit, pour avancer que la croissance va fortement redémarrer il faut des arguments. Or, quels sont ceux avancés par DJ François ? Les voici (attention les yeux) : en février, l'indice Markit des directeurs d'achat dans les services a atteint un plus haut depuis décembre 2012 ; en janvier, la consommation des ménages a progressé de 0,6 % ; et, enfin, selon l'INSEE et la Banque de France, le PIB pourrait augmenter de 0,2 % au premier trimestre 2015.

C'est tout ?! Oui. A l'évidence, c'est un peu léger pour annoncer la reprise avec tambours et trompettes. Soyons raisonnables : pour pouvoir parler de reprise, il faudrait que la croissance du PIB soit d'au moins 2 %. Or, nous en sommes très loin. Et pour cause : selon les enquêtes Markit, l'industrie française reste en récession ; l'indice INSEE du climat des affaires dans tous les secteurs d'activité est en phase avec une croissance d'au mieux 0,7 % cette année, le taux de chômage continue d'augmenter, le secteur de l'immobilier connaît une chute majeure et la déflation s'installe dangereusement dans l'Hexagone.

Bref, il serait difficile de faire pire. Certes, la dépréciation de l'euro, la baisse du cours des matières premières et la « planche à billets » de la BCE apportent une aide considérable à l'économie française. Cependant, elles ne sont que des conditions nécessaires, mais loin d'être suffisantes pour permettre le retour d'une croissance forte et durable dans notre douce France.

Pour y parvenir, il faudrait avant tout baisser les impôts pour tous, réduire le coût du travail, fluidifier le marché de l'emploi, optimiser les dépenses publiques (notamment en baissant les dépenses de fonctionnement) et favoriser l'investissement. Malheureusement, aucune de ces mesures n'a été décidée et le gouvernement pense que les réformettes de la loi Macron vont changer la donne de l'économie française. Encore des mensonges et des faux-semblants.

Alors, s'il vous plaît, Mesdames et Messieurs les dirigeants grecs et français, arrêtez de chercher à nous endormir avec des formules marketing pour tenter de masquer la réalité. Car, lorsque cette dernière jaillira au grand jour, la déception des peuples sera tellement forte qu'il sera trop tard et une crise sociétale sans précédent deviendra inévitable.

Ne l'oublions jamais : plus on tarde à affronter les problèmes, plus ces derniers sont difficiles à résoudre. Dans quelques mois, la vérité ne pourra donc plus être cachée : les Grecs ne rembourseront pas leurs dettes et les Français retrouveront le triste chemin de la récession. Dommage.

Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).

www.acdefi.com


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Lundi 9 Mars 2015




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