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Finance Watch II, le retour

Je vous l'avais annoncé dans mon billet du 25 octobre (1), il y aurait une suite au webminaire du 18 octobre et les prescriptions y seraient abordées après le diagnostique. C'était le 5 novembre, Benoît Lallemand était encore une fois l'intervenant. Comme d'habitude, je n'ai pas la prétention de faire une restitution exhaustive.


Rémy Mahoudeaux
Rémy Mahoudeaux
Ce n'est pas la société est qui est aux commandes, c'est la finance (2). Aujourd'hui elle impose ses règles et détermine la hiérarchie des enjeux : de fait, elle va se placer en pole position par rapport aux défis de l'énergie, de l'éducation etc ... Pour y remédier, il faudrait que les citoyens et surtout les régulateurs (qui sont indirectement titulaire d'un mandat des premiers) abordent des problèmes complexes où les données sont opaques … et où les appétits des acteurs sont immenses ! Finance Watch propose de mesurer les « progrès » de l'assainissement de la finance par le biais de « tableaux de bord ». Sur le principe, je n'ai pas d'opposition, dans la mesure où l'on améliore que ce que l'on mesure, et qu'il nous faut une finance qui maîtrise les risque qu'elle prend et fait prendre à la collectivité, ainsi que les coûts et les bénéfices. J'ai juste une réticence si cela débouche sur de la seule auto-évaluation récurrente, comme dans le cas des contraintes de Bâle.

Les banques, des banques sont trop grosses. Too big to fail, too big too save (3), la chanson est connue. Avec les actifs des banques (dont 15 seulement se taillent la part du lion) qui représentent 350 % du PIB de l'Europe, il convient de ne plus s'interroger sur le réel pouvoir de ces établissements face aux États (4) qui, malgré cette asymétrie, les garantissent à cause du caractère essentiel, presque existentiel, de l'activité collecte des dépôts + distribution de crédit + gestion des paiements. Finance Watch le constate : les séparations entre cette finance basique, générique et celle plus spéculative n'est aujourd'hui pas assez ambitieuse. Déplorons l'absence de gouvernance a minima convergente entre les divers centres de la finance mondiale : même si partout des initiatives existent pour marteler que cette séparation est essentielle, elle se heurte aux lobbys bancaires qui brandissent rapidement l'argument fallacieux sur les avantages concurrentiels locaux qu'il faut protéger et pérenniser pour ne pas voir se délocaliser une activité.

Il y a trop de spéculation, suivant l'analyse de Finance Watch. Du fait de la subvention implicite que constitue la garantie régalienne dont bénéficient les banques, celles-ci disposent de capitaux dont le coût est très bas. Les investissements spéculatifs ne seraient sans doutes pas réalisés, faute d'une rentabilité suffisante, si le coût des capitaux empruntés qui y sont investis n'étaient pas artificiellement abaissés par cette subvention. Une réelle scission des banques (et pas un exercice cosmétique) pallierait à cet inconvénient.

Mon opinion est que si des intervenants veulent jouer entre eux à un jeu sophistiqué à somme nulle qui soit déconnecté de la vie réelle et du financement des personnes, des entreprises, des états et des collectivités, pourquoi pas ? Mais à condition d'établir au préalable des murailles assez infranchissables pour que leurs faillites n'affectent qu'eux et pas le reste du monde.

Les horizons de temps raccourcissent trop, c'est un constat évident : l'indicateur que je trouve le plus pertinent pour conforter ce constat est la durée moyenne de détention des titres qui a tant chuté (5). L'orientation des ressources financières vers des emplois aux échéances courtes, aux dénouements proches, se fait au détriment des investissements nécessaires dans de nouvelles infrastructures, dans la transition énergétique, dans plus d'éducation – toutes allocations de ressources dont la rentabilité est moins évidente, le pay-back plus lointain et moins certain. J'ai aussi commis un billet-boutade récemment sur Finyear Magazine à ce sujet (6).

Parmi les questions des participants, une qui reste sans réponse : faut-il repenser la place des banques privées dans la création monétaire. Finance Watch concède que c'est une question essentielle, mais qu'ils n'ont pas encore à ce sujet une position doctrinale officielle, ferme et définitive. Mais se poser la question ne doit pas être un tabou …

Je vous invite à visiter le site de Finance Watch où vous trouverez de quoi approfondir ce que mon propos ne fait qu'effleurer (7).

(1) www.finyear.com/De-la-porosite-des-boucliers_a27213.html
(2) La boutade du patron de Goldman Sachs, Llyod Blankfein, est éloquente « il fait le métier de Dieu ».
(3) Trop grosses pour faillir, trop grosses pour être sauvées.
(4) J'ai commis de multiples billets à ce sujet publiés ici http://www.finyear.com/Banque-pensee-unique_a25090.html ; www.finyear.com/LA-finance-de-Madoff-a-Yunus_a24908.html ; http://www.finyear.com/CDS-mais-que-fait-le-GIGN_a24526.html ou encore la série de mes billets sur les 20 propositions parus durant l'été 2012. ; http://www.finyear.com/CDS-mais-que-fait-le-GIGN_a24526.html ou encore la série de mes billets sur les 20 propositions parus durant l'été 2012.
(5) www.pauljorion.com/blog/?p=32877
(6) issuu.com/finyear/docs/finyear_26_de_juillet_2013/45?e=2842965/4435261
(7) www.finance-watch.org/fr


Vendredi 22 Novembre 2013




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