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Faut-il réguler la finance ou laisser faire les marchés ?

Beaucoup d'investisseurs, d'actionnaires, d'épargnants et aussi de retraités se posent la question :


Jean-Aymon Massié
Jean-Aymon Massié
«Faut-il réguler les marchés financiers, superviser les institutions financières, imposer une réglementation pour compenser les carences de l'éducation et de l'éthique, mais aussi l'absence de responsabilité fiduciaire… ?

Ou bien faut-il laisser faire les marchés financiers des transactions de gré à gré (OTC) et les bourses nationales, faut-il laisser les acteurs de ces marchés s'autoréguler au nom de la libre entreprise et de la démocratie ?».

Cette année, on a entendu cette affirmation dans les propos des banquiers et des assureurs « trop de régulation tue la régulation !» et d'ajouter « faisons confiance à la sagesse, au bon sens et à la bonne éducation des acteurs des marchés : les traders et les « prime-brookers », les spécialistes des « stress-tests », les agences de notation, les « monolines » rehausseurs de crédit contrôlés par les grandes banques européennes, les régulateurs nationaux débordés par l'ingéniosité financière et l'IOSCO (International Organization of Securities Commissions) paralysé par les conflits d'intérêts et les groupes de pression. Les autorités de supervision, en effet, n'ont pu de manière efficace exercer leur surveillance, dans un contexte d'innovation financière permanente et d'évolution rapide du modèle commercial des établissements financiers. Le « Rapport de Larosière » énumère les défaillances et Jacques de la Rosière précise : « La cause du désastre, c'est le laxisme des autorités financières » (Interview Enjeux Les Echos de septembre 2010).

Aujourd'hui faire confiance à la sagesse, au bon sens et à la bonne éducation des acteurs des marchés, permettez-moi d'en douter et d'exprimer ma défiance. La confiance, perdue durablement, est une clé des comportements humains (Robert Shiller prix Nobel d'économie 2001 « Les Esprits animaux ») ; indispensable pour maîtriser la crise actuelle, « la confiance est un facteur de production au même titre que le travail et le capital » (G.Akerlof et R.Shiller).

Pour mesurer le degré de perte de confiance des investisseurs et de la plupart des retraités, il vous suffit d'interroger les responsables des caisses de retraite canadiennes, des fonds de pension américains ou européens, les dépositaires de fonds d'épargne ou d'assurance vie dans les pays industrialisés ; vous serez édifiés. Les gestionnaires de la finance islamique ne disent-ils pas avec ironie : « La crise financière, économique et sociale actuelle est une crise des pays occidentaux ». Les pays qui ont adopté les principes de la finance islamique et qui respectent les préceptes de la charia n'ont pas été pollués par les produits toxiques, ils ne sont pas menacés par l'effet systémique lié aux produits dérivés (CDS), que la charia leur interdit d'émettre. Je fais allusion au risque systémique potentiel du fait de la défiance croissante à l'égard des CDS associés aux dettes souveraines dépréciées, et de l'absence de chambres de compensation malgré les recommandations du G20.

Pour rétablir naturellement les principes fondamentaux de la finance moteur de l'économie réelle et de la croissance (l'éducation, l'éthique, la gestion prudentielle avec un horizon de long terme et la responsabilité fiduciaire), il faudra qu'une génération passe.

C'est trop long. Les Etats n'ont plus le temps ! Ils doivent agir vite pour réguler la finance, pour réformer la gouvernance d'entreprise dans les établissements financiers et pour imposer le respect d'un nouveau code de responsabilité fiduciaire.

Je suis convaincu aujourd'hui plus particulièrement que, sans une régulation renforcée et une supervision efficace, la récession, le désinvestissement, les destructions d'emplois qualifiés, le chômage structurel se poursuivront. Les conséquences à redouter seraient des tensions sociales explosives, la révolte des jeunes diplômés endettés ne parvenant pas à trouver leur premier emploi qui pourrait s'étendre à toute l'Europe par capillarité et par la mobilisation de réseaux sociaux incontrôlables. Ce séisme social imminent aurait à son tour pour conséquence une instabilité institutionnelle et politique, la reproduction par exemple de la récente situation du parlement britannique « suspendu » dans plusieurs pays européens.

Malheureusement les esprits ne sont pas prêts à accepter cette discipline salutaire. Nos concitoyens sont partis en vacances persuadés qu'à leur retour la France sera sortie de la crise, puisque nos gouvernants ne parlent plus de crise, mais préparent la sortie de crise avec conviction. Quelle déception à leur retour ! Pourquoi leur dire la vérité, quand on peut leur mentir en toute impunité, au détriment du retour de la confiance ! Or la confiance ne se décrète pas, elle se mérite et elle s'entretient.

Jean-Aymon MASSIE
Président de l'AFGE
Association Française de Gouvernement d'Entreprise
8 rue Henri Regnault - La Défense 6
92400 COURBEVOIE
www.afge-asso.org

Dimanche 3 Octobre 2010




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