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Europe : une mort par suffocation ?

La croissance européenne s’est figée en cette fin d’année. Cette déprime, résultante d’une perte de confiance généralisée provoquée par les restrictions budgétaires et par les incertitudes – voire les angoisses – financières, se reflète mécaniquement sur l’effondrement des exportations chinoises et dans une moindre mesure américaines en direction du continent européen.


Michel Santi
Michel Santi
Les tourmentes européennes s’apprêtent ainsi à faire des ravages sur la Chine dont l’Union est le premier client mais également sur les Etats-Unis et sur la finance globale puisque l’Europe représente plus de 40% des revenus des sociétés cotées au S&P 500, selon une étude récente de l’UBS. Les déboires souverains européens se traduiront en outre immanquablement par un resserrement, voire par un assèchement, du robinet du crédit dans toutes les nations aux économies intégrées et ce à la faveur de la globalisation et de l’interdépendance des marchés financiers. Déjà les établissements financiers européens bien-sûr, suisses, américains, britanniques et japonais ont-ils procédé à une révision drastique à la baisse d’octrois de crédits sachant que les conditions d’accès aux liquidités en vigueur au sein des pays émergents seront très prochainement restreintes à leur tour. Le crédit a pourtant constitué la colonne vertébrale de l’essor de ces nations nouvelles, elles-mêmes à l’origine de la croissance globale de ces dernières années. Voilà donc l’infection occidentale qui menace très sérieusement de toucher aujourd’hui des régions entières jusque là épargnées depuis 2007…

Et pour cause : la situation – intenable moralement et pécuniairement pour les citoyens européens et américains – devient explosive ! Les austérités généralisées conjuguées aux croissances quasi nulles rendent inhumaines les conditions d’accès aux financements de nations comme l’Italie ou comme l’Espagne. La France elle-même est en ligne de mire, elle qui doit actuellement emprunter à 3.2%, soit à plus de trois fois plus cher qu’il y a seulement une année ! Ses banques ne sont-elles pas les plus exposées du continent à une possible implosion italienne qui mettrait l’Europe à feu et à sang ? La dette publique italienne représente en effet près du quart de la dette souveraine de l’Union. Les 2’000 milliards d’Euros empruntés par l’Italie, montant cinq fois supérieur à la Grèce, sont simplement impossibles à assumer au-delà d’un taux d’intérêt de 5.5% et dans une conjoncture de croissance annuelle de cette nation qui se situe en moyenne à 0.6% depuis 1999. En fait, ce pays – qui ne parviendra à faire régresser ses déficits qu’à partir d’une croissance deux fois plus importante que celle qu’il affiche depuis douze ans – se retrouve aujourd’hui totalement acculé car toute la panoplie des économies et de la rigueur budgétaires tout récemment adoptée se soldera par une aggravation supplémentaire de ces dettes.

La stabilité et la cohésion sociale de notre continent se retrouveront donc remises en question si l’Union ne règle pas intelligemment le dilemme auquel elle est confrontée. De fait, ses projections de déficits budgétaires pour cette année et pour 2012 sont d’ores et déjà dépassées du fait du très fort ralentissement économique. Nos dirigeants réagiront-ils de manière pavlovienne en nous imposant des restrictions supplémentaires et en nous infligeant de nouveaux rounds d’austérité qui, à leur tour, nous tireront davantage vers le bas ? Il est temps pour eux de choisir : entre l’orthodoxie fiscale et la reprise de la croissance.

Economiste et Analyste Financier (indépendant)
www.gestionsuisse.com

Mercredi 23 Novembre 2011




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