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Derrière les Bleus, la grisaille continue…

Hasard ou coïncidence, et comme cela s'était d'ailleurs observé en 2010, les résultats du Mondial de football reflètent plus ou moins bien les performances économiques des pays engagés. Ainsi, de la même façon que les pays du Sud de la zone euro sont les lanternes rouges de la croissance mondiale depuis 2008, ils ont également été éliminés dès le premier tour de la compétition. A commencer par l'Italie qui, pour la deuxième fois consécutive, n'atteindra pas les 8ème de finale. Comme quoi, Mattéo Renzi et Mario Draghi ne peuvent pas tout…


Marc Touati
Marc Touati
Même punition pour le Portugal et l'Espagne. Avec néanmoins un espoir pour cette dernière : comme l'Espagne a tout gagné depuis 2008 et n'a cessé simultanément de s'enfoncer dans la crise économique, peut-être qu'avec la défaite sportive, elle va aussi retrouver le chemin de la croissance. L'espoir fait vivre…

Seule exception à la « malédiction » des pays du Sud de l'Europe : la Grèce, qui, à l'instar de son sauvetage in extremis par l'annulation d'une grande partie de sa dette, a réussi à se qualifier à la dernière minute de son match contre la Côte d'Ivoire.

Parallèlement et conformément à son rôle de locomotive de la zone euro, l'Allemagne a continué sur le chemin de la rigueur et, par là même, de la victoire. Il en a été de même de ses « satellites » économiques, en l'occurrence des Pays-Bas et de la Belgique, qui, malgré une croissance toujours fragile, ont su mettre en place une stratégie gagnante.

En fait, la seule grande différence avec 2010 et surtout avec le contexte économique ambiant réside dans le comportement de la France. En effet, alors que sa croissance ne décolle pas, que son chômage enregistre chaque mois de nouveaux records historiques et que sa politique économique accumule les échecs, les Bleus ont surpris par leur dynamisme et leur réussite.

Certains, notamment à l'Elysée et à Matignon, se mettent alors à rêver au retour de la baraka non seulement pour son équipe de foot, mais aussi pour l'ensemble de l'économie française. Malheureusement, si nous aimerions y croire, il nous faut aussi regarder la réalité en face. Et, celle-ci est loin d'être bleue.

Ainsi, au-delà de l'abaissement de la prévision de croissance de l'INSEE et de son alignement sur la nôtre (en l'occurrence 0,7 % pour l'année 2014), tous les derniers indicateurs avancés de l'économie française sont au rouge. Citons notamment le recul des indices PMI des directeurs d'achat en juin : 47,8 dans l'industrie et 48,2 dans les services. Cela fait donc deux mois consécutifs que ces indices se situent sous la barre des 50, indiquant par là même un recul de l'activité. Autrement dit, après la croissance zéro du premier trimestre, une baisse du PIB est bien en train de se profiler pour le deuxième trimestre, voire le troisième.

C'est d'ailleurs également ce qui ressort des enquêtes INSEE auprès des chefs d'entreprise en juin. Tous les indicateurs du climat des affaires baissent et/ou sont en berne. Celui reflétant l'ensemble de l'économie a même perdu deux points en juin, atteignant un niveau de 92, soit 8 points de moins que sa moyenne de longue période et un plus bas depuis août 2013. Pis, l'indicateur de « retournement conjoncturel » atteint un niveau de -1, signifiant que l'activité est en très forte décélération. Le retournement tant annoncé par François Hollande aura donc bien lieu, mais pas dans le bon sens…

Certes, le gouvernement français n'en est pas à une contradiction près. Il est par exemple amusant de voir M. « Montebourde » se féliciter du rachat de la branche énergie d'Alstom par General Electric alors que c'est lui-même qui avait demandé à Siemens de faire une contre-proposition pour « faire barrage aux Américains »… Que dire alors de l'amende promise à GE si elle ne tient pas ses promesses d'embauches… Toujours est-il que ce nouvel épisode abracadabrantesque ne va pas arranger la crédibilité économique de l'Etat français, ce qui ne manquera pas de réduire encore un peu plus la confiance, l'investissement et l'emploi dans l'Hexagone.

Conséquence logique de ces tristes perspectives, les entreprises ont d'ores et déjà continué de réduire la voilure en matière d'emploi et le chômage a atteint un nouveau record historique en mai. En l'occurrence, 3 388 900 chômeurs en France métropolitaine (+ 0,7 % sur un mois, soit + 24 800 personnes). Sur un an, le nombre de demandeurs d'emploi enregistre une augmentation de 4,1 %. Quant au nombre total de chômeurs (catégorie A, B, C et sur l'ensemble du territoire, y compris les Dom), il atteint le niveau impressionnant de 5,320 millions de personnes. A l'évidence, nous sommes très loin de la stabilisation et a fortiori de l'inversion de tendance…

Dans ce contexte, il ne faut pas s'étonner que seulement deux jours après leur commencement, les soldes d'été s'annoncent déjà très mitigées. L'économie française reste donc bien engoncée dans le cercle pernicieux « croissance zéro - chômage élevé - confiance en berne - consommation et investissement moribonds - atonie économique… ». Et, malheureusement, même si les Bleus gagnent la coupe du monde de football, cette triste réalité ne va pas s'inverser de sitôt. A la rigueur, cette victoire permettrait simplement d'apaiser les souffrances de certains Français.

A l'inverse, si les Bleus échouent en huitième ou en quart, il n'y aura pas de confiture pour faire passer les pilules de la stagnation et du chômage, ce qui aggravera les ressentiments de nombreux citoyens et pourra attiser les tensions sociales dès la rentrée de septembre.


Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).

www.acdefi.com


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Lundi 30 Juin 2014




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