Lors de la révision de la GRI G4, Marie d’Huart, Directrice associée, (CAP conseil Belgique), François Sibille, Consultant senior en Responsabilité sociétale,( AFNOR ) et moi-même, avions tenu à ce que le terme « Materiality » soit traduit par pertinence qui nous semblait plus approprié.

Deux ans après la sortie de la GRI G4, force est de constater que la pertinence a cédé le pas à la matérialité, terme largement employé par le monde de la finance, les directeurs financiers et par là-même les CAC, qui interviennent très majoritairement en tant qu’OTI sur les vérifications des rapports de gestion des entreprises visées par le Décret n° 2012-557 du 24 avril 2012 relatif aux obligations de transparence des entreprises en matière sociale et environnementale.

Rapport extra-financier, rapport préfinancier ou rapport cofinancier ?

A priori, cette terminologie a été choisie en son temps pour signifier clairement que les informations et données que ces rapports contenaient n’avaient rien à voir avec le financier. Extra ayant plutôt était entendu dans son acception latine, tout du moins c’est mon point de vue, exprimant ainsi l'extériorité (extraterrestre). Maintenant il y a bien le sens français du terme, du français extraordinaire, donnant à un adjectif une valeur superlative ou intensive (extrafin, extralucide) selon le Larousse. J’aurais aimé y croire, mais reconnaissons que cette acceptation vertueuse n’est partagée que par une minorité de directrices et directeurs développement durable ou RSE et de consultantes et consultants RSE.

Quid des directeurs financiers ?

Cependant, à l’heure de l’émergence du rapport intégré, on voit que le lien unissant financier et non financier se fait plus ferme, on corrèle capital matériel et capital immatériel (et pourtant très pertinent…vous me suivez) pour mieux évaluer la performance de l’entreprise. Mon attention a été attirée par une publication de PWC parue en juillet, intitulée « Implementing Integrated Reporting ». Dans son « executive summary », j’ai lu la phrase suivante : «There is mounting evidence to suggest a positive link between the reporting and management of pre-financial factors (such as environmental, social and governance issues) and operational/financial performance. » Pre-financial et non extra-financial. Le préfixe pre a le même sens en anglais que pré en français à savoir, avant. Je n’ai pas encore vu d’autres exploitations de ce nouveau terme au demeurant très intéressant. Restons en veille.

Mais finalement, ne faudrait-il pas mieux s’orienter vers une nouvelle appellation comme rapport cofinancier, dans la mesure où le préfixe co exprime selon le Larousse l’association, la participation, la simultanéité comme dans coauteur, coexister. Un rapport cofinancier induirait - de fait - la prise en compte de la matérialité des enjeux et permettrait ainsi de faire clairement le lien entre les résultats financiers de l’entreprise et de tout ce qui y a contribué, en satisfaisant au passage les besoins des investisseurs comme ceux des autres parties prenantes priorisées en raison de la réciprocité de leur impact.

Attendons donc et espérons qu’un choix puisse se faire afin de ne plus dissocier deux notions dont les complémentarités sont désormais admises par une majorité d’observateurs, praticiens et théoriciens.

Bertrand DESMIER
Directeur Conseil RSE
www.tennaxia.com

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