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Chute de l'euro et hausse du Cac 40 : jusqu'où et jusqu'à quand ?

Ne boudons pas notre plaisir : nous réclamions une « planche à billets » de la BCE et une baisse de l'euro. Nous l'avons. Nous souhaitions la remontée des marchés boursiers et l'évitement d'une forte déflation. Nous l'avons également. Seulement voilà, les marchés ne savent pas faire dans la délicatesse, mais préfèrent la brutalité des mouvements. Ainsi, alors qu'il y a encore quelques mois, nous étions parmi les très rares à anticiper une dépréciation significative de l'euro, aujourd'hui tous les prévisionnistes et les investisseurs se sont ralliés à cette anticipation. Mieux, ou plutôt pire, ceux qui annonçaient que l'euro allait remonter vers les 1,40 dollar, sans parler de ceux qui prédisaient un euro à 2 dollars il y a encore quelques années, prévoient aujourd'hui le passage imminent sous la barre du 1 dollar pour 1 euro.


Marc Touati
Marc Touati
De même, ceux qui estimaient que le Dow Jones et le Cac 40 devaient s'effondrer en 2012, puis en 2013, ou encore en 2014, se livrent aujourd'hui à un concours du mieux disant boursier : bientôt les 6 000 points, voire les 7 000, pour le Cac 40, ou encore les 19 000 pour le Dow Jones ! On a beau être habitué à ces volte-face à répétition et à ce manque de discernement, cela a tout de même de quoi agacer. Comment veut-on ensuite que cessent les sarcasmes à l'égard de trop nombreux économistes qui savent principalement prévoir le passé ? Qu'à cela ne tienne, l'important est désormais de savoir si la baisse de l'euro et la hausse des bourses internationales vont se poursuivre, jusqu'où et jusqu'à quand ?

En fait, nous nous retrouvons dans une situation analogue à celle qui prévalait lorsque le baril valait 150 dollars, lorsque l'euro coutait 1,60 dollar ou encore lorsque l'once d'or atteignait les 1 900 dollars. A l'époque, les marchés et le consensus des économistes annonçaient que ces niveaux étaient encore faibles et que la hausse allait se poursuivre. Un peu seuls contre tous, nous évoquions que ces mouvements allaient contre-nature c'est-à-dire qu'ils ne correspondaient à la réalité économique.

Aujourd'hui, nous vivons la réciproque de ces excès : si la baisse de l'euro et la hausse des marchés boursiers sont en partie justifiées, elles atteignent désormais des niveaux excessifs par rapport à la réalité économique. Il en est d'ailleurs de même de la faiblesse des taux d'intérêt des obligations des Etats européens ou du prix du baril. Dans tous ces cas, nous sommes donc tombés dans une bulle, c'est-à-dire un mouvement spéculatif auto-entretenu de déconnexion entre les grandeurs financières et la réalité économique.

Certes, le maintien d'une croissance mondiale durablement supérieure à 3,5 % justifie la bonne tenue des indices boursiers, qui bénéficient également d'un excès de liquidités exceptionnelle.

De même, la « planche à billets » de la BCE, associée à la perspective d'un resserrement monétaire américain au cours de l'été prochain, sans oublier la question grecque qui crée un climat de forte incertitude sur l'avenir de la zone euro sont autant d'arguments qui justifient la baisse de l'euro. C'est d'ailleurs pourquoi nous continuons d'anticiper un euro autour de 1,05 dollar en moyenne sur l'ensemble de l'année à venir.

Cette dépréciation sera évidemment salutaire pour la croissance eurolandaise, qui en a tant besoin. Mais, attention, une baisse trop forte de l'euro, c'est-à-dire sous la parité avec le dollar engendrerait un mouvement de défiance contre-productif qui pourrait nuire à l'investissement et donc à l'emploi dans l'UEM.

De plus, un dollar trop fort finira par pénaliser la croissance américaine et in fine pèsera négativement sur les marchés boursiers. Et ce d'autant que les crises potentielles mais jusqu'à présent obérées par les investisseurs sont nombreuses : Ukraine, Moyen-Orient, Mali, Lybie et, d'un point de vue économique et financier, Grèce.

Une fois encore, la crise grecque pourrait bien être la clé de l'année 2015 pour l'évolution de l'euro et des marchés boursiers. En effet, l'incertitude qui entoure son issue agit pour le moment comme un accélérateur de dépréciation pour la monnaie unique. Dès qu'une solution sera trouvée, ce mouvement devrait s'arrêter voire s'inverser. Si une solution amiable est trouvée (avec notamment l'effacement d'une partie de la dette grecque à la charge des Etats européens), les investisseurs seront temporairement rassurés et l'euro repartira en légère hausse… jusqu'à la prochaine crise.

Si le « Grexit » s'engage, l'euro s'enfoncera momentanément vers de de nouveaux plus bas (peut-être même 0,85 dollar), mais finira également par remonter. En effet, débarrassé du « boulet » grec et ayant ainsi montré au monde que le sérieux économique doit l'emporter, la zone euro sortira renforcée de la crise et gagnera en crédibilité, ce qui permettra à l'euro de retrouver les faveurs des investisseurs. Seul bémol de ces deux hypothèses, les taux longs repartiront à la hausse, suscitant un mini-krach obligataire, qui ne manquera évidemment pas d'affecter les marchés boursiers.

Au total, nous anticipons que dans la mesure où ils obéissent désormais à des mouvements spéculatifs, la baisse de l'euro et la hausse des marchés boursiers pourra temporairement se poursuivre de manière excessive. Un euro à 0,95 dollar et un Cac 40 à 5 500 points sont donc envisageables à court terme.

En revanche, la réalité économique et financière reprendra progressivement le dessus, permettant de stabiliser l'euro autour de 1,05 dollar et le Cac 40 autour de 4800 points à l'horizon du début 2016. D'ici là, à chaque fois que ces barrières seront franchies, il ne faudra pas tarder à prendre ses bénéfices et à jouer le mouvement inverse. Autrement dit, la volatilité et les montagnes russes resteront particulièrement actives au cours des prochains trimestres.


Marc Touati
Economiste.
Président du cabinet ACDEFI (premier cabinet de conseil économique et financier indépendant).

www.acdefi.com


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Lundi 16 Mars 2015




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