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Chômage : inverser la courbe

Chômage : inverser la courbe - Bertrand Martinot - Manitoba / Les Belles Lettres - 185 pages


Si la France a assez bien amorti le choc de 2008 et a obtenu ces dernières années des résultats honorables en matière d’emploi, cet « instantané » prétendument lié aux vertus du modèle social français, ne doit pas brouiller une autre réalité qui est celle de notre pays : l’un des plus mauvais élève de la classe occidentale…….
Le chômage français se caractérise en effet au moins par trois lourdes spécificités structurelles :
En premier lieu l’exceptionnelle persistance d’un chômage de masse : de 1985 à nos jours, 9% en moyenne et toujours supérieur à 8% alors que d’autres pays occidentaux ont su en période de cycle favorable, approcher le plein emploi.
La seconde caractéristique est celle de la forte proportion de la longue durée du chômage (supérieur à 40% de la moyenne de l’OCDE), même en période d’embellie économique : les chômeurs s’enferment dans une trappe dont ils ne sortent majoritairement jamais…..
La dernière, et la plus douloureuse, est celle de la récurrence : avoir connu une période de chômage expose fortement à en connaître une nouvelle. Les chômeurs sont enfermés dans un cycle d’emploi précaire et de persistance du chômage.
Les causes de cette « préférence française pour le chômage »1 tiennent à une double pathologie : un travail surtaxé et un SMIC qui joue contre l’emploi :
L’impact de la taxation fiscalo-sociale du travail, sur le niveau du chômage structurel est l’un des faits les mieux établis par la littérature économique, de surcroît, son impact serait directement plus fort en France que dans les autres pays.
A cette taxation excessive, s’ajoutent les rigidités à l’adaptation au coût du travail induit par le SMIC comme l’a démontré Joseph STIGLITZ 2 . Le SMIC joue contre « le salaire d’équilibre » empêchant le plus grand nombre à retrouver un emploi à ce prix tandis que quelques rares chanceux rentrent sur le marché au prix du SMIC : « ….au nom d’une politique sociale généreuse, on a fabriqué une machine à exclure…. ».
Cette situation d’une extrême gravité à laquelle s’ajoute une proportion d’actifs peu ou pas qualifiés, relativement très importante en France, ne trouve pas de réponse dans la politique nationale de l’emploi qui reste un véritable Capharnaüm :
Au centre du dispositif, le géant « entravé » Pôle Emploi (50 000 agents) est maillé dans un millefeuille d’interventions et d’acteurs locaux, régionaux, partenaires sociaux (20 000 agents) qui engendre une complexité et un brouillage qui rendent impossible et mesurable une vue d’ensemble sur l’action publique (dépenses, résultats, efficacité).
Dans ce même paysage s’inscrit « la drogue dure » des contrats aidés non marchands dont l’efficacité est très faible, en particulier pour les jeunes. Quant à l’assurance chômage, plutôt généreuse en France, en montant et en durée, elle génère des effets pervers sur le retour à l’emploi, la surveillance et les « punitions » des dérives restant homéopathiques : misère de l’anticipation, pauvreté du reclassement, rigidité du code du travail, alimentent les échecs patents.
Comment, dans ces conditions, inverser la courbe du chômage durablement ?
L’auteur propose trois axes.
D’une part, sauvegarder ce qui marche, l’alternance pour les jeunes et faire aboutir complètement les promesses de l’accord de 2008, sur la modernisation du marché du travail, accord historique où les partenaires sociaux aboutissaient à un compromis mettant l’emploi au cœur de leurs objectifs.
Deuxièmement, réformer : l’assurance chômage (en mesurant mieux les conséquences des effets pervers), la politique de l’emploi par la simplification (en sachant que la fluidité ne saurait remplacer les réformes structurelles). En effet, contrairement à une idée reçue, la croissance, même forte, n’est pas susceptible de constituer un remède miracle quand le chômage est essentiellement structurel comme en France : elle n’est pas toujours équilibrée du point de vue de l’emploi et peut même accroître les inégalités pour les salariés les moins qualifiés.
Enfin, aucun système re distributif, aussi développé soit-il (comme en France) ne saurait compenser les inégalités (monétaire et de perte de chance) générées par un chômage de masse ayant les caractéristiques françaises.
Le retour au plein emploi est possible à l’horizon d’une décennie pour autant que toutes les conditions soient remplies et en étant conscient que les solutions ne se trouvent « ni à Berlin, ni à Bruxelles » mais dans la priorité que les acteurs économiques et politiques sauraient faire prévaloir par delà leurs discours…….
Inverser la courbe à court terme est sans doute une possibilité d’affichage par les artifices éphémères de l’emploi aidé non marchand.
Mais retrouver une vraie tendance vers le plein emploi est un autre combat qui nécessite courage et ténacité, qui ne sont ni l’apanage de la classe politique ni du dialogue social à la française dont le naufrage ne peut être masqué par l’accord prétendument historique de Juin 2013…..
La route est encore longue.

Une contribution exceptionnelle à la réflexion sur ce sujet majeur.

1) Denis Olivennes : La préférence française pour le chômage – Le débat – Gallimard 6 1994
2) Economiste et Prix Nobel d’économie


Lundi 9 Décembre 2013




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