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Capital immatériel : un enjeu majeur pour les entreprises

A l'occasion du Symposium international sur la mesure extra financière et financière des actifs immatériels organisé par l’Observatoire de l’immatériel et l’ESDES et qui se déroule les 6 & 7 octobre au Ministère de l'Economie et des Finances à Bercy, il me semblait opportun et important de rappeler quelques définitions et réflexions liées à cette notion de capital immatériel.


Laurent Leloup
Laurent Leloup
Qu'est-ce que le capital immatériel (anciennement baptisé capital intellectuel) ?

Voici une première définition fournie par Vernimmen : "Ensemble des compétences, des techniques ou des pratiques possédées par une entreprise qui lui permettent d'obtenir une rentabilité supérieure à la rentabilité minimale exigée par ses pourvoyeurs de fonds. Ce capital immatériel n'a souvent aucune valeur comptable et le goodwill a souvent été utilisé pour l'évaluer et corriger ainsi la valeur patrimoniale d'une entreprise très rentable."

En voici une seconde écrite récemment par Alan Fustec, co-créateur de l'Observatoire de l'immatériel : "Le capital immatériel d’une entreprise, c’est toute sa richesse cachée qui permettra de générer de la rentabilité future et qu’on ne lit pas dans les comptes".

Pour résumer la valeur nette comptable d'une entreprise (celle calculée à partir du bilan) n'est pas l'exact reflet de sa valeur réelle. Loin s'en faut.
En effet une entreprise peut se vendre X fois sa valeur comptable et cette différence entre la valeur nette et la valeur comptable se nomme le goodwill ou écart d'acquisition.

Que pensez de la valeur attribuée à Facebook ou à Twitter qui non seulement ne réalisent que très peu de CA mais en plus génèrent des pertes ?
Dans ces cas précis c'est plus de la valeur immatérielle, de la valeur future, de la capacité à croître, que l'on achète ou calcule et moins de la valeur comptable.
Ce qui revient à dire que pour évaluer une entreprise, dans le cadre d’une transmission ou d’une reprise, il devient indispensable d’associer aux critères financiers, la valeur de ses actifs immatériels.

De quoi se compose le capital immatériel ?

Le capital immatériel mis en avant dans les travaux de l’observatoire de l’immatériel est structuré autour de 10 actifs immatériels principaux :
- capital client
- capital naturel
- capital marque
- capital fournisseur / partenaire
- capital organisationnel
- capital technologique
- capital systèmes d'information
- capital humain
- capital sociétal
- capital actionnaires

Les analystes de marché valorisent-ils correctement les entreprises ?

L'observatoire nous dit : "Les économies occidentales sont devenues en une décennie massivement immatérielles. Selon une étude de la Banque mondiale, l’économie française est immatérielle à 86 %. Sur les grandes places financières, l’évolution est de même nature. Ainsi, la valeur immatérielle des entreprises cotées est devenue nettement supérieure à leur valeur comptable..."

Donc les analystes de marché ont raison : ils valorisent correctement les entreprises ?...oui et non.
Oui car ils appréhendent bien une valeur immatérielle : une marque, un produit, une technilogie, un positionnement, etc...
Non car, à mon humble avis, ils se placent dans le subjectif, l'à-peu-près, l'estimation et pas dans le réel calcul de la valeur immatérielle d'une entreprise.

Éric Galiègue, le président de Valquant Recherche, analyste financier confirmé et membre de la SFAF depuis 1988, a distingué deux pratiques de l’analyse financière. Celle des analystes de marché et celle des analystes d’entreprise, deux métiers très différents.
Il précise : « ...nous sommes face à une crise systémique dont l’issue passe par une révision des normes comptables et une meilleure prise en compte de l’immatériel afin de répondre à la question fondamentale de l’analyste d’entreprise qui est d’estimer le potentiel de croissance à long terme. »
Voilà un argument qui nous rappelle que nous devons retourner aux sources, aux fondamentaux, revenir les pieds sur terre...en un mot revenir à la REALITE.
N'allez pas penser ou conclure que je veuille opposer marchés et réalité. Quoique...

Pourquoi et comment calculer ce capital immatériel ?

Argument comptable : les normes IAS-IFRS accompagnent ce mouvement de calcul du capital immatériel en reconnaissant un nombre important d’actifs incorporels et la nécessité de les mesurer précisément.

Alan Fustec nous dit : "Pour le dirigeant, le capital immatériel offre un nouveau tableau de bord stratégique qui permet de surveiller des points clé de la santé de l’entreprise : solidité des fournisseurs, adéquation des compétences et des besoins…"
Ce capital immatériel devient un outil indispensable pour convaincre son banquier, un investisseur, un futur partenaire, etc...

Afin de faire "avancer" cette notion de capital immatériel et de proposer des outils & méthodes de son calcul, l'observatoire de l'immatériel, à travers ses membres, a reçu mandat du Ministère de l'Economie & des Finances pour :
- Mettre au point un référentiel de mesure de la valeur extra-financière et financière du capital immatériel des entreprises
- Produire un rapport d'étude sur les enjeux de la protection intellectuelle, de la gestion des marques et des idées originales
- Produire un rapport d'étude sur les enjeux comptables, financiers et fiscaux du capital immatériel et de l'innovation

Dans le droit fil de cette problématique de calcul du capital immatériel, Éric Galiègue, président de Valquant Recherche, a lancé l'association E.V.A (European Valuation Association). Pour lui "Il s’agit d’établir et de diffuser en continu, la valeur des entreprises. Cette valeur n’a pas vocation à se substituer au prix de marché, mais d’en être un complément permanent, et une alternative pour les entreprises non cotées."

Cette alternative est fondée sur la méthode suivante :
1. synthétiser, sous forme d’une valeur numérique, toute l’information financière et extra financière disponible en continu sur l’entreprise et son environnement, qu’elle soit publiée ou sollicitée, et qui a pour source directement ou indirectement l’entreprise, et non le marché ;
2. utiliser, à cette fin, un modèle public, transparent et évolutif, reflétant une vision globale de l’entreprise, et dont le dépositaire est l’association EVA, qui regroupe en collèges les émetteurs, les investisseurs, les autorités et des personnes qualifiées ;
3. confier à un tiers la mise en oeuvre opérationnelle du modèle, la société Asset Valuation Services, qui est notamment responsable de l’établissement de ces valeurs en continu, de leur publication continue, et le de la promotion de leur utilisation.

Il ajoute : "Les entreprises sont insatisfaites des services apportés par le marché financier, qui peut soudainement les priver de l’accès à la liquidité, et créer une contraction de l’activité réelle (épisode de la fin 2008). La confusion entre prix et valeur est une des causes de la crise financière. Les entreprises souhaitent que les informations qu’elles diffusent et dont elles sont responsables, soit synthétisées dans une valeur indépendante des marchés financiers et de ses acteurs. Ces informations reflètent notamment l’état de leur capital immatériel".

En ces temps "perturbés" je crois que ce projet sonne juste et que cette valorisation est un enjeu majeur pour les entreprises : un tableau de bord stratégique et un formidable outil financier au service du développement durable.

Laurent Leloup

Mercredi 5 Octobre 2011




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