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Blic et le Politiquement Correct

Dans les rares discussions politiques que je peux avoir avec mes amis – il y a longtemps que la politique n’intéresse plus personne en Suisse – revient souvent cette expression qu’on sert à toutes les sauces.


David Laufer
David Laufer
Cette expression, c’est « politiquement correct ». Il suffit de s’en déclarer l’ennemi et aussitôt on a l’air intelligent, ironique, bourré de bon sens et proche du peuple. Je voudrais, en ce dimanche glacial, prendre la défense du politiquement correct, au risque de paraître idiot, premier degré, peu pratique et hautain. Pour ce faire, j’appelle à la barre deux politiciens qui n’ont rien en commun.

D’un côté, j’invite Bernard Kouchner, ministre des Affaires Etrangères français, et de l’autre, Velimir Ilić, ex-ministre des Infrastructures de Serbie. Kouchner, c’est l’incarnation d’une certaine gauche mondialiste, pétrie de beaux sentiments et de grands mots. C’est aussi la personnification de l’expression de Pascal Bruckner, « le sanglot de l’homme blanc », un homme qui travaille une vie entière et en pleurant pour repayer une dette inextinguible envers tout ce que la Terre compte de pauvres et d’opprimés. Face à lui, Velimir Ilić, c’est le politicien couperosé et corrompu d’une petite ville de Serbie, nationaliste, alcoolique, brutal, ponctuant ses harangues de jurons racistes et/ou misogynes et/ou de coups de pied. C’est aussi le reflet de ce que la Serbie recèle de pire, une propension isolationniste à se moquer de tout et à se complaire dans une autodestruction haineuse.

Dans le livre de Pierre Péan, « Le monde selon K », on apprend que Kouchner facturait très cher ses services de consultant médical pour des chefs d’Etat africain (parmi lesquels le très recommandable Omar Bongo), et qu’il leur proposait, pour mettre ses conseils en pratique, les services d’une société dont il était également le patron. Comme si on allait chez Novartis pour se faire diagnostiquer un cancer. Kouchner, épaulé par son petit copain BHL, a le culot, sans rien nier au livre de Péan, de n’y opposer comme seule et unique défense que tout cela était légal. Ce qui est exactement la même défense qu’offrait Adolf Eichmann à son procès en Israël pour justifier ses crimes. Et voilà pour tous les anti-politiquement correct un combustible de choix : le tiers-mondiste en chef pris la main dans le sac du clientélisme. Le corollaire est évident : le politiquement correct n’est qu’une façade qui permet, par derrière, de se faire du fric en se faisant bien voir.

Dans le tabloïd de Belgrade Blic – du groupe Ringier – on apprend que Velimir Ilić en est à son énième coup. En plein Parlement, il a déclaré la semaine dernière que la signature du ministre Rasim Ljajić en bas de l’invitation officielle à la célébration de la Fête nationale était une insulte au peuple serbe, pour l’unique raison que Ljajić est musulman. Ne pensez pas pour autant qu’Ilić risque seulement une attaque en justice, un avertissement ou une sanction quelconques. La liste de ses insultes est aussi longue que son foie est jaune. La raison pour laquelle Ilić ne risque rien est simple : le politiquement correct n’existe pour ainsi dire pas en Serbie. Certains, surtout à l’étranger, s’en réjouissent bruyamment. Ah, voilà une terre où l’on peut s’exprimer librement sans crainte qu’un collectif antiraciste vous menace de poursuite devant la Cour des Droits de l’Homme.

En commun, ces deux coquins de Kouchner et d’Ilić ont un amour immodéré du pouvoir, de l’argent et d’eux-mêmes. Pourtant, Kouchner est malheureusement banal dans son vice, qui n’a en réalité rien à voir avec la notion de politiquement correct, même s’il s’est probablement servi de celle-ci pour parvenir à ses fins. Kouchner est, et a toujours été attiré par ce qui brille, et rien, dans les révélations faites par Péan, ne devrait nous étonner. En revanche, l’exemple d’Ilić devrait nous instruire sur les raisons même de l’existence du politiquement correct. C'est-à-dire sur cette muselière collective qui, gendarme invisible, nous oblige à tourner deux fois la langue dans notre bouche avant de faire des déclarations insultantes.

Dans cette région si proche des Balkans qui sort d’une atroce guerre civile, on trouve encore bien vifs les ferments de haine et de violence qui ont si souvent amené l’Europe entière à s’autodétruire. Car cette guerre-là, comme tant d’autres, est d’abord née dans la bouche d’hommes tels qu’Ilić, enflammés par leur propre rhétorique mais répugnants à toucher une arme, se réfugiant toujours derrière la liberté d’expression. Et ces hommes-là sont partout, même en Suisse, la bouche pleine de vipères à cornes mais bien sanglés dans des complets à rayures. C’est ainsi que le politiquement correct, pour contraignant et hypocrite qu’il soit parfois, semble un prix dérisoire à payer pour maintenir ce trop fragile équilibre qu’on appelle la paix.

David Laufer
Partenaire expert CFO-news

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Lundi 23 Février 2009




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