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Apprendre à entreprendre ?

Susciter plus de vocations entrepreneuriales. Telle est l’idée que semble enfin intégrer le système éducatif français. Plusieurs écoles de commerce et universités ont en effet investi ce créneau récemment, proposant divers évènements et formations en ce sens.


Pascal Houillon
Pascal Houillon
Si l’offre de formation est soudain si foisonnante, c’est sans doute, en bonne logique économique, parce que la demande est forte.
Des aspirations nouvelles que l’on peut expliquer en premier lieu par une conjoncture difficile et des perspectives d’embauche réduites. Jouent également les mesures récemment prises par les pouvoirs publics, notamment la création du statut d’auto-entrepreneur, l’action de divers relais d’influence visant à valoriser l’esprit d’entrepreneuriat et la mise en avant récente dans les médias de très jeunes entrepreneurs devenus les mascottes du Medef et du Ministère du Travail. Enfin, la perspective d’être son propre patron, indissociable de l’idée de liberté, en fait assurément rêver plus d’un…
Bien entendu, je salue ces évolutions. Promouvoir l’esprit d’entreprendre auprès de jeunes étudiants est un enjeu majeur pour notre pays.

Toutefois, je m’interroge sur les motivations profondes de ces entrepreneurs en herbe.
Lorsque certains jeunes annoncent leur intention d’entreprendre, je crains qu’ils n’expriment en réalité leur défiance vis-à-vis de l’entreprise. L’intention entrepreneuriale est en effet pour le moins étonnante lorsqu’elle émane de jeunes qui n’ont pour certains jamais connu le monde du travail… Un phénomène qui témoigne de l’image dégradée des entreprises dans l’esprit de certains jeunes ?

Je m’interroge sur un autre point : peut-on vraiment apprendre à entreprendre ?
Certains chercheurs ont cru bon de déclarer qu’il était obsolète de se poser la question…Certes, on peut enseigner les fondamentaux du marketing et la théorie du management, transmettre les savoirs juridiques et économiques de base (encore qu’en matière d’économie l’absence de formation aux mécanismes généraux avant le bac et, par la suite, dans la grande majorité des filières, est à regretter). Les écoles peuvent aussi, et c’est sans doute la meilleure méthode pédagogique, proposer un accompagnement à des étudiants porteurs de projet, en favorisant la création de différents dispositifs et structures entrepreneuriales de type « Junior Entreprise ».
Mais un entrepreneur, ce n’est pas forcément une agrégation de savoirs théoriques. C’est avant tout une personnalité. Entreprendre, c’est une inclinaison naturelle, une tournure d’esprit, un tempérament, une force créatrice, une ambition. Et cela, il me semble que la seule école ne peut l’inculquer.

Tournons-nous vers les Etats-Unis et voyons la belle réussite des jeunes Mark Zuckerberg (Facebook), Larry Page et Serguei Brin (Google), et avant eux, des Bill Gates et Steve Jobs. Aucun n’a appris à entreprendre. Tous avaient en revanche des idées et tous ont bénéficié, plutôt que de cours d’entrepreneuriat, d’un écosystème proprement américain qui leur a permis de développer leur activité avec le succès que l’on sait.
Cet écosystème s’entend surtout du mécénat des jeunes entreprises innovantes, en particulier celles issues du système académique ou celles installées dans des technopôles, et de la souplesse du système éducatif, qui permet des contacts réguliers entre les étudiants des filières business et ceux des filières scientifiques. Il se complète d’un environnement culturel et professionnel qui encourage sans cesse la créativité et incite à prendre des risques.
En Europe, la carrière confortable promise, et souvent offerte, aux jeunes diplômés d’écoles de commerce est susceptible de tuer dans l’œuf toute velléité entrepreneuriale. « Restez fous, restez affamés » avait lancé Steve Jobs aux étudiants de Stanford.

Qu’attend l’Europe, et en particulier la France, pour imiter ce modèle et faire éclore de jeunes entrepreneurs capables de conquérir le monde?

Pascal Houillon
Pascal Houillon tient un blog sur l’entrepreneuriat et la reprise d’entreprise : www.pascal-houillon.com
Il a fondé le 23 septembre 2008 l’Institut Sage afin de contribuer au développement des PME en France : www.institut-sage.com

Lundi 11 Octobre 2010




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